1 et 2 Samuel en 10 minutes
Le livre des Juges se termine avec une histoire sordide et la fameuse phrase « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon. » (Juges 21.25)
1 Samuel nous présente une transition entre la période des Juges et celle de la royauté en Israël. Il est raisonnable de penser que Samuel a écrit la majeure partie du premier livre. On y découvre la naissance et le ministère de Samuel, la royauté de Saül et l’onction de David qui a été choisi comme roi, mais qui a vécu en fuite jusqu’à la mort de Saül. C’est 2 Samuel qui survole le règne de David. On parle d’une période d’environ 150 ans allant de 1120 à 971 avant Jésus-Christ approximativement.
Samuel était reconnu comme étant un prophète. Son appel a d’ailleurs commencé à un jeune âge avec un message du Seigneur annonçant la mort des fils rebelles d’Éli le sacrificateur (3.11-14). La première mention de son rôle de prophète est très révélatrice :
« Samuel grandissait. L’Eternel était avec lui, et il ne laissa tomber à terre aucune de ses paroles. Tout Israël, depuis Dan jusqu’à Beer-Schéba, reconnut que Samuel était établi prophète de l’Eternel. L’Eternel continuait à apparaître dans Silo; car l’Eternel se révélait à Samuel, dans Silo, par la parole de l’Eternel. » (1 Samuel 3.19-21)
Samuel agissait aussi comme juge et comme sacrificateur. Il était juge dans le sens de leader et de libérateur à la manière du livre des Juges (1 Samuel 7.15-16). Il agissait aussi comme sacrificateur en offrant des sacrifices, en conduisant le peuple dans les voies de Dieu et en priant pour lui. Nous le voyons ici jouer ces deux rôles :
« Samuel dit: Assemblez tout Israël à Mitspa, et je prierai l’Eternel pour vous. […] ils jeûnèrent ce jour-là, en disant: Nous avons péché contre l’Eternel! Samuel jugea les enfants d’Israël à Mitspa. Les Philistins apprirent que les enfants d’Israël s’étaient assemblés à Mitspa, et les princes des Philistins montèrent contre Israël. A cette nouvelle, les enfants d’Israël eurent peur des Philistins, et ils dirent à Samuel: Ne cesse point de crier pour nous à l’Eternel, notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins. Samuel prit un agneau de lait, et l’offrit tout entier en holocauste à l’Eternel. Il cria à l’Eternel pour Israël, et l’Eternel l’exauça. Pendant que Samuel offrait l’holocauste, les Philistins s’approchèrent pour attaquer Israël. L’Eternel fit retentir en ce jour son tonnerre sur les Philistins, et les mit en déroute. » (1 Samuel 7.5-10)
Nous voyons le peuple de Dieu demander à Samuel de lui donner un roi pour être « comme toutes les nations » (8.19). Dieu, qui avait prédit cette demande (Deutéronome 18), savait que c’était un rejet de sa propre royauté :
« L’Eternel dit à Samuel: Ecoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira; car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux. » (1 Samuel 8.7)
Alors nous voyons Dieu offrir à son peuple un roi comme ceux des autres nations. C’est sans doute une bonne manière de décrire Saül. Extérieurement, impressionnant :
« Il avait un fils du nom de Saül, jeune et beau, plus beau qu’aucun des enfants d’Israël, et les dépassant tous de la tête. » (1 Samuel 9.2)
Côté franchise, courage, stabilité et humilité, Saül n’était pas un superbe leader. On voit dans son caractère le meilleur et le pire. C’est son deuxième acte de désobéissance flagrant qui disqualifie Saül de façon définitive :
« Mais Saül et le peuple épargnèrent Agag, et les meilleures brebis, les meilleurs bœufs, les meilleures bêtes de la seconde portée, les agneaux gras, et tout ce qu’il y avait de bon; ils ne voulurent pas le dévouer par interdit, et ils dévouèrent seulement tout ce qui était méprisable et chétif.
L’Eternel adressa la parole à Samuel, et lui dit: Je me repens d’avoir établi Saül pour roi, car il se détourne de moi et il n’observe point mes paroles. Samuel fut irrité, et il cria à l’Eternel toute la nuit. » (1 Samuel 15.9-11)
Saül a poursuivi son règne, mais Dieu a demandé à Samuel d’aller oindre David, le jeune berger, comme roi. Cela a permis à Dieu de révéler un principe essentiel à travers toute la Bible :
« L’Eternel ne considère pas ce que l’homme considère; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur. » (1 Samuel 16.7b)
Le jeune David a prouvé son courage et, surtout, sa foi en Dieu en allant affronter Goliath, le géant que Saül n’osait pas affronter:
« David dit encore: L’Eternel, qui m’a délivré de la griffe du lion et de la patte de l’ours, me délivrera aussi de la main de ce Philistin. » (1 Samuel 17.37)
C’est effectivement ce que l’Éternel a fait ! Les succès de David ont été un irritant majeur pour Saül qui a consacré plusieurs années de son règne à pourchasser David. C’est ce que la deuxième moitié du premier livre raconte. David, qui aurait pu chercher à faire subir à Saül le sort de Goliath, a encore réagi avec foi en Dieu. À plusieurs reprises, il a exprimé le principe suivant :
« Que l’Eternel me garde de commettre contre mon seigneur, l’oint de l’Eternel, une action telle que de porter ma main sur lui! car il est l’oint de l’Eternel. » (1 Samuel 24.7)
1 Samuel se termine avec la mort de Saül et celle de son fils Jonathan, l’improbable meilleur ami de David.
2 Samuel nous présente un survol de la vie et du règne du roi David. Nous voyons en David, « l’homme selon le cœur de Dieu », un homme sensible, tourné vers les autres, dans une relation de dépendance envers son Dieu. Cependant, sa relation avec Bath-Schéba et le meurtre de son mari cristallisent pour plusieurs le fait qu’il était aussi un pécheur ayant besoin de la grâce de Dieu. L’auteur a d’ailleurs choisi de nous montrer que la famille de David – et de ses nombreuses épouses – était dysfonctionnelle.
Qu’est-ce que 1 et 2 Samuel nous disent sur Dieu, Christ et l’Évangile ?
1. Dieu fait grâce. Il se plait à aimer et à utiliser des humains imparfaits. Il aurait eu plusieurs occasions de rejeter David, mais il ne l’a pas fait. C’est toujours vrai puisque, plus tard, l’apôtre Paul va écrire au sujet de lui-même qu’il est le premier des pécheurs (1 Timothée 1.15) et aussi que « […] Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. » (Romains 5.8)
2. Dieu choisit. Dieu a choisi Saül selon les désirs du peuple. Il leur a ensuite donné un homme selon ses désirs à lui. Nous voyons Dieu faire des choix sur une base qui nous échappe. Nous comprenons que « l’Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16.7), c’est une grande vérité, mais David est imparfait et inégal dans son amour pour Dieu et ses comportements, comme nous. Le choix de Dieu est totalement souverain, comme au temps de Moïse, au temps de Paul et au nôtre : « Je ferai miséricorde à qui je fais miséricorde et j’aurai compassion de qui j’ai compassion. » (Romains 9.15)
3. L’obéissance. On retrouve dans 1 Samuel comme à bien des endroits dans les Écritures qu’on ne peut pas gagner la faveur de Dieu simplement en faisant des bonnes actions (Psaumes 50.8ss ; Ésaïe 58 ; Matthieu 21.28ss ; Éphésiens 2.9 ; etc.) :
« Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de sa parole vaut mieux que la graisse des béliers. » (1 Samuel 15.22)
4. Dieu a des plans éternels. Alors que David exprime le désir d’honorer Dieu en lui construisant un temple, c’est Dieu qui lui annonce qu’il va l’honorer en lui donnant un règne éternel. 1 Chroniques 17 est plus précis dans l’annonce : il est question d’un de ses descendants qui règnera pour toujours. C’est le Messie que les Juifs attendaient, le « Fils de David ». À la lumière du Nouveau Testament, on comprend qu’il s’agit de Christ. Pour l’instant, dans 2 Samuel, l’annonce est rapportée en ces mots :
« Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi. » (2 Samuel 7.16)
5. Nous avons besoin les uns des autres. La relation qui unit Jonathan et David, dans ce contexte particulier a illustré plusieurs écrits sur l’importance de l’amitié. Ce n’est pas un thème central, mais un thème secondaire important qui n’est pas sans rappeler les nombreux « les uns les autres » du Nouveau Testament et l’importance de la vie communautaire en Église.
Bonus !
Il faudrait écrire des pages pour faire justice à ces deux livres… Voici quelques idées supplémentaires :
« L’oint de l’Éternel ». Cette expression revient souvent dans ces deux livres. C’est d’elle que vient le mot « Messie » et, en grec, « Christos » : Christ. La prière d’Anne suite à sa grossesse miraculeuse fait référence un roi qui sera oint de Dieu. Marie, la mère de Jésus, dont la grossesse était encore plus miraculeuse, a repris les mots d’Anne (1 Samuel 2.1-10 ; Luc 1.46-55).
Le Roi des rois. « 1 et 2 Samuel ont justement pour objectif particulier de montrer comment cette souveraineté a été déléguée à la nation d’Israël, et singulièrement à la lignée davidique des rois choisis par Dieu. David et sa dynastie sont la démonstration vivante de ce que signifie une gouvernance soumise à Dieu. De plus, la maison royale de David a été le canal choisi pour rendre possible l’incarnation de son plus grand Fils, Jésus-Christ. Le Christ a exercé sans faille la fonction de roi pendant sa vie, et sa mort tout comme sa résurrection sont les fondements qui permettent à tous les croyants de régner avec lui et par lui (2S 7.12-16 ; Ps 89.37, 38 ; Es 9.6). » (Commentaire Biblique du Chercheur, Ancien Testament, p.578)