5 sources du vrai changement (David Powlison)
1. Dieu lui-même vous change
Le premier facteur, qui est à la base de tous les autres, se résume ainsi : Dieu lui-même nous transforme. « C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Ph 2.13).
Il intervient dans notre vie et, de la volonté suicidaire qui nous anime, nous fait passer au royaume de la vie. Nous sommes morts dans nos offenses et nos péchés et il nous relève en Christ ; nous sommes sourds et il restaure notre ouïe (sinon nous ne pourrions l’entendre) ; nous sommes aveugles et il nous donne la vue (sinon nous ne pourrions le voir). Il est présent, immédiatement et personnellement. Il nous soutient par sa voix créatrice et nous donne la force par sa main forte.
Tout bon fruit, dans notre vie, est généré par l’action du Saint-Esprit qui habite en nous. Jésus a déclaré qu’il valait mieux qu’il s’en aille, parce que le Saint-Esprit allait venir (Jn 16.7). Le Saint-Esprit poursuit l’œuvre de Jésus. C’est à cause de lui que nous avons tous ces nouveaux témoignages. Les histoires que je vous ai racontées ne concernent pas seulement ce qui m’est arrivé et ce que j’ai fait. Elles parlent aussi de ce que Jésus-Christ fait en œuvrant à mon salut et à ma sanctification tous les jours de ma vie.
2. La Parole de vérité nous transforme
« Le témoignage de l’Éternel est véritable, il rend sage l’ignorant » (Ps 19.8).
Dieu nous envoie des messages, de nombreux messages. Les Écritures nous parlent avec une voix authentique dans la cacophonie des fausses voix de ce monde. Elles nous révèlent d’innombrables traits de la personne de Dieu, de ses desseins, de sa volonté, de ses promesses, de ses actions, et éclairent chaque facette de l’expérience humaine. Je découvre la réalité de ce que je suis en vivant sous le regard de Celui seul dont l’opinion compte. Ce n’est pas un hasard si les Écritures sont présentes dans chacune des histoires que j’ai racontées.
Dans les Écritures, Dieu apparaît en personne. Nous participons en écoutant et en répondant.
Bien sûr, les Écritures et Dieu agissent en harmonie. En réalité, les cinq dimensions dont nous parlons sont complémentaires et, ultimement, dépendent de Dieu. L’interaction entre la Parole de Dieu et le Dieu de la Parole est magnifiquement exprimée dans Romains 15. Paul nous fait d’abord remarquer comment les Écritures nous transforment : « Or, tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance » (Ro 15.4).
Quelques versets plus loin, Paul demande à Dieu en personne de nous transformer et de nous donner les choses qu’il exige de nous et suscite lui-même : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit ! » (Ro 15.13.) Dans les Écritures, Dieu vient en personne. Nous sommes en communion avec lui en entendant et en répondant à sa Parole[1].
3. Les gens sages nous transforment
« Celui qui fréquente les sages devient sage » (Pr 13.20).
La croissance dans la piété est très souvent véhiculée par les dons et grâces qu’ont reçus les frères et sœurs en Christ. Au niveau ecclésial le plus basique, vous ne pouvez faire appel à Dieu que si vous croyez en lui ; vous ne pouvez croire en lui qu’après en avoir entendu parler ; vous ne pouvez en entendre parler que si quelqu’un le prêche (Ro 10.14). Un culte de bonne qualité, la prédication, l’enseignement, la prière et les sacrements exercent un rayonnement et portent du fruit.
L’honnêteté et l’affabilité, l’humilité et la transparence, le bon sens et les convictions des autres ont également un effet rayonnant et porteur de fruit (Ja 3.17,18). Les bons modèles jouent un rôle déterminant (2 Ti 3.10,11). Quelle miséricorde que d’autres répondent avec douceur à notre ignorance et à notre caractère difficile, parce qu’ils connaissent leur propre faiblesse et leur péché, ainsi que la miséricorde de Christ ! (Hé 5.2,3.) Quelle différence cela fait lorsque d’autres personnes peuvent nous consoler dans nos afflictions parce que Dieu les console elles-mêmes dans leurs afflictions[2] ! (2 Co 1.4.)
4. Les souffrances, les luttes et les ennuis nous changent.
« Il a appris, bien qu’il soit Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes » (Hé 5.8).
Dieu travaille en nous lorsque nous sommes dans l’épreuve, parce que l’épreuve sollicite notre attention. Les difficultés nous poussent à avoir besoin de lui. Il est nécessaire que la foi étende ses racines à mesure que notre profession de chrétien s’engage plus avant dans les réalités concrètes. Martin Luther nommait tentatio les afflictions, épreuves, difficultés, luttes ; lesquelles, disait-il, constituent la « pierre angulaire » de l’expérience chrétienne. Il affirmait que les épreuves étaient son plus grand maître parce qu’elles insufflent la vie aux Écritures et à la prière.
Les difficultés que nous rencontrons rendent nécessaire la grâce, car elles suscitent en nous un réel sentiment de faiblesse et de besoin. C’est alors que l’Esprit est à l’œuvre. On change parce que quelque chose ne va pas, non parce que tout va bien. Quelque chose – y compris moi-même – ne va pas. Le ministère s’exerce lorsqu’il y a des épreuves, parce que Christ entre en elles, les traverse et ne les craint pas. Il parle et agit à l’intérieur de celles-ci. Nos luttes nous poussent à avoir besoin de Dieu, et nous ne pouvons apprendre à aimer à la manière dont Christ aime qu’en vivant nous-mêmes les choses difficiles qu’il a vécues par amour pour nous[3].
Deux grands maux sèment le trouble tout au long de notre vie et prennent racine dans l’aspect ténébreux de la condition humaine. Il s’agit, d’une part, d’un mélange complexe de corruptions morales venant de l’intérieur de nous et, d’autre part, de maux liés aux situations diverses avec lesquelles nous sommes aux prises. Quelque chose en nous ne va pas. La Bible utilise le mot « mal » pour décrire à la fois le péché et la souffrance, ainsi que nous le faisons en français. On peut croire, penser, ressentir, vouloir et faire de mauvaises choses. Bien évidemment, les atrocités que l’on voit se commettre sont des maux de nature morale. Cependant, la fausseté, les illusions que nous nous faisons sur nous-mêmes, le fait que nous vivions sans Dieu dans notre vie « normale » et la difformité de nos désirs « normaux » sont aussi, aux yeux de Dieu, des maux de nature morale.
Nous sommes « à côté de la plaque » à la fois par rapport à Dieu et par rapport aux autres. Et, à l’extérieur de nous, les choses ne sont pas ce qu’elles devraient être. De mauvaises choses nous arrivent : les autres nous trahissent, nous subissons des pertes, des maladies, la mort ; nous nageons dans les faussetés de notre milieu socioculturel. Un Menteur, un Meurtrier est à l’œuvre pour nous tromper et nous tuer. Bref, nous nous heurtons (à l’extérieur) à des problèmes, nous sommes nous-mêmes une source de problèmes (sur le plan interpersonnel) et nous avons nos propres problèmes (intérieurs). Nous luttons à la fois avec ce qui nous menace de l’extérieur et avec l’individu que nous sommes.
5. Nous sommes nous-mêmes les acteurs de notre changement.
« Vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai » (1 Th 1.9).
Nous nous tournons des ténèbres vers la lumière, des faux dieux vers le seul vrai Dieu, de la mort vers la vie, de l’incrédulité vers la foi. Nous demandons de l’aide parce que nous en avons besoin. Nous nous repentons. Nous croyons, faisons confiance, cherchons, trouvons refuge. Nous sommes honnêtes. Nous nous souvenons et nous réjouissons. Nous écoutons, obéissons, craignons, espérons, aimons, remercions, pleurons, confessons, louons, marchons… Remarquez tous ces verbes à la forme active.
Nous agissons de tout notre cœur et de tout notre être. Ce sont les fécondes caractéristiques d’une vie qui porte du fruit. Personne ne le fait à notre place. Nous ne sommes pas passifs comme des marionnettes ou des robots ; nous sommes entièrement responsables, et pourtant nous dépendons entièrement d’une aide extérieure. Il n’y a pas d’autre façon de le dire sans nous rendre, soit bien trop indépendants, soit bien trop passifs. Notez également qu’aucun de ces verbes actifs n’implique que tout est acquis d’emblée et définitivement. Ces verbes constituent une manière de vivre.
Notes :
[1] De même, les sacrements représentent l’interaction dynamique qui existe entre Dieu lui-même, les mots et les éléments (pain, vin et eau) qui sont porteurs de sa promesse, de sa présence et de sa force. Nous participons en recevant et en répondant.
[2] Il est également vrai que des non-chrétiens peuvent avoir sur nous une bonne et profonde influence, et cela en raison de la grâce commune de Dieu. J’ai moi-même beaucoup appris de la part de non-chrétiens, que ce soit en matière d’hospitalité, de travail acharné, de beauté, de patience, de langage, de courage ou d’intégrité intellectuelle.
[3] C’est un thème moins développé dans les Écritures, mais les bénédictions et les circonstances heureuses peuvent également nous changer en bien. C’est ce qui se passe lorsque nous y voyons la main de Dieu et que nous en éprouvons de la reconnaissance.
Cet article est adapté du livre : « Qu’est-ce que la sanctification » de David Powlison