7 liens entre l’inerrance et la prédication exégétique
Cet article est tiré du livre : La prédication de John MacArthur
Permettez-moi d’étayer ces propositions en répondant à une série de questions. Elles guideront notre réflexion depuis l’origine de la révélation divine jusqu’à sa destination prévue.
1. Pourquoi prêcher ?
Tout simplement parce que Dieu l’a ordonné (2 Ti 4.2) et que les apôtres ont obéi (Ac 6.4).
2. Que devons-nous prêcher ?
La Parole de Dieu, c’est-à-dire Scriptura sola et Scriptura tota, « l’Écriture, rien que l’Écriture et toute l’Écriture » (1 Ti 4.13 ; 2 Ti 4.2).
3. Qui prêche ?
Les saints hommes de Dieu (Lu 1.70 ; Ac 3.21 ; Ép 3.5 ; 2 Pi 1.21 ; Ap 18.20 ; 22.6). Ésaïe n’a été autorisé à prêcher qu’après que Dieu lui a purifié les lèvres (És 6.60-13).
4. Quelle est la responsabilité du prédicateur ?
Tout d’abord, le prédicateur doit comprendre que la Parole de Dieu n’est pas sa propre parole. Au contraire :
- Il est un messager, non un créateur (euaggelizō)
- Il est le semeur, non la source (Mt 13.3,19).
- Il est un héraut, non une autorité (kēyssōl).
- Il est l’intendant, non le propriétaire (Col 1.25).
- Il est le guide, non l’auteur (Ac 8.31).
- Il est le serveur du restaurant spirituel, non le chef cuisinier (Jn 21.15,17).
Deuxièmement, le prédicateur doit reconnaître que l’Écriture est ho logos tou theou (« la Parole de Dieu »). Lorsqu’il s’engage à assumer cette vérité et cette responsabilité impressionnante, son objectif sera de se placer sous l’autorité de l’Écriture, et non au-dessus d’elle. Il cherchera à laisser la Parole s’exprimer à travers lui, en quelque sorte, délivrant ainsi, non son propre message, mais celui de l’Écriture. C’est ainsi que nous devrions toujours prêcher. Dans sa nécrologie du grand chef d’orchestre allemand Otto Klemperer, Neville Cardus évoquait la façon dont Klemperer « mettait la musique en mouvement ». Il veillait à maintenir tout au long de son interprétation, un style anonyme et effacé afin que les notes puissent s’exprimer dans leur propre intégrité à travers lui. Il doit en être de même pour la prédication. L’Écriture elle-même doit parler, la tâche du prédicateur consistant simplement à « mettre la Bible en mouvement ».
Une analyse approfondie de l’expressionlogos theou (« Parole de Dieu ») révèle plus de quarante occurrences dans le Nouveau Testament. Elle est associée à l’Ancien Testament (Mc 7.13). C’est le contenu de la prédication de Jésus (Lu 5.1). C’est le message que les apôtres enseignent (Ac 4.31 ; 6.2). C’est cette parole que les Samaritains reçoivent (8.14), telle que transmise par les apôtres (v. 25). C’est le message que les païens reçoivent aussi, prêché par Pierre (Ac 11.1). C’est la parole que Paul prêche lors de son premier voyage missionnaire (Ac 13.5,7,44,48,49 ; 15.35,36). C’est le message lors du deuxième voyage missionnaire de Paul (Ac 16.32 ; 17.13 ; 18.11). Et lors de son troisième voyage (Ac 19.10). Dans le livre des Actes, c’est le point central de Luc, qui cherche à montrer comment elle se répand rapidement et largement (6.7 ; 12.24 ; 19.20). Paul prend soin de dire aux Corinthiens qu’il transmet la Parole telle qu’elle a été donnée par Dieu, qu’elle n’est pas falsifiée et qu’elle est une manifestation de la vérité (2 Co 2.17 ; 4.2). Paul reconnaît qu’elle est à l’origine de sa prédication (Col 1.25 ; 1 Th 2.13).
À l’instar de Christ et des apôtres, les prédicateurs d’aujourd’hui doivent transmettre l’Écriture de manière à pouvoir affirmer : « Ainsi parle le Seigneur ». Leur responsabilité est de la délivrer telle qu’elle a été donnée et voulue à l’origine.
5. D’où vient le message du prédicateur ?
Il provient à l’origine d’une parole authentique de Dieu, donnée comme vérité pure, car le but de Dieu est de transmettre la vérité. Dieu l’a ordonnée en tant que vérité et il l’a délivrée par son Esprit en coopération avec des hommes saints. Ces derniers l’ont reçue exactement comme Dieu le voulait, sans l’altérer (2 Pi 1.20,21). Les prophètes et les apôtres l’ont reçue en tant que Scriptura inerrantis, c’est-à-dire sans s’écarter de l’intention divine.
L’inerrance, c’est donc la qualité avec laquelle les auteurs de notre canon ont reçu le texte que l’on appelle Écriture.
6. Comment maintenir le message de Dieu pur et intact ?
Si le message de Dieu a commencé vrai et s’il doit être délivré tel qu’il a été reçu, quels processus d’interprétation, rendus nécessaires par les changements de langue, de culture et d’époque, assureront sa pureté lorsqu’il est prêché aujourd’hui ? La réponse est simple : seule une approche exégétique rigoureuse peut garantir une explication fidèle.
Ayant établi l’importance cruciale de l’exégèse, la question logique qui suit est : « Quel lien existe-t-il entre l’interprétation ou l’exégèse d’une part et la prédication d’autre part ? »
Packer a répondu à cette question mieux que personne :
La Bible étant ce qu’elle est, toute véritable interprétation doit forcément prendre la forme d’une prédication. À cela s’ajoute une réciproque tout aussi importante : la prédication étant ce qu’elle est, toute véritable prédication doit forcément prendre la forme d’une interprétation biblique.
7. Maintenant, si l’on rassemble nos réflexions d’une manière pratique, quelle est l’étape finale qui permet de passer de l’inerrance à la prédication ?
Tout d’abord, il faut utiliser le vrai texte, fruit du travail minutieux des meilleurs érudits en matière de critique textuelle. Leurs travaux permettent de retrouver le texte original de l’Écriture dans la jungle des copies manuscrites, souvent truffées de variantes. C’est la base de tout. Sans le texte tel que Dieu l’a donné, le prédicateur serait impuissant à le transmettre tel que Dieu l’a désiré.
Ensuite, une fois que l’on possède le texte authentique, nous devons l’interpréter avec précision. C’est là que la science de l’herméneutique entre en jeu.
En tant que discipline théologique, l’herméneutique est la science de l’interprétation correcte de la Bible. Il s’agit d’une branche particulière de la science plus générale de la linguistique et du sens. Elle cherche à établir des règles spécifiques aux facteurs spéciaux liés à la Bible. […] L’herméneutique est à la fois une science et un art. C’est une science parce qu’elle peut déterminer des principes permettant de décrypter un document. Ces principes ne sont pas une simple liste de règles, mais forment un tout cohérent. L’herméneutique est aussi un art parce que les principes ou les règles ne peuvent jamais être appliqués mécaniquement. Ils demandent un certain talent (technê) de la part de l’interprète11.
Troisièmement, notre exégèse doit découler d’une herméneutique appropriée. Bernard Ramm l’a bien dit :
[L’herméneutique], ce sont les règles et l’exégèse, c’est le jeu. Les règles fournissent la théorie, l’analyse et l’expérience. Le jeu, c’est la mise en pratique concrète de ces règles. Les règles ne font pas le jeu, mais sans elles, le jeu n’a aucun sens. L’herméneutique n’est pas de l’exégèse, mais l’exégèse, c’est l’herméneutique en action.
Nous avons désormais notre définition de l’exégèse : c’est l’art d’appliquer des principes herméneutiques solides au texte original, en vue de comprendre et de transmettre l’intention de l’auteur, à la fois à son époque et pour la suite des temps. L’herméneutique et l’exégèse sont le duo gagnant pour déterminer ce que le texte biblique disait et signifiait à l’origine13. Ainsi, l’exégèse, dans son sens le plus large, comprend les diverses disciplines de la critique littéraire, des études historiques, de l’exégèse grammaticale, de la théologie historique, de la théologie biblique et de la théologie systématique. Une bonne exégèse enseigne ce que le texte dit, ce qu’il veut dire, et comment l’appliquer de manière adéquate dans sa vie.
L’interprétation des Écritures est la pierre angulaire non seulement de toute la préparation de la prédication, mais aussi de toute la vie du prédicateur. Un fidèle étudiant de l’Écriture cherchera à s’assurer au maximum que son interprétation est bibliquement juste.
Quatrièmement, nous voilà prêts pour une véritable explication. Sur la base du raisonnement ci-dessus, je soutiens que la prédication par exposition n’est pas le nom d’un format de prédication parmi d’autres, mais c’est l’exégèse pure et simple du texte. Comme Merrill Unger l’a noté à juste titre :
Ce n’est pas de la longueur du passage qui compte, que ce soit un verset ou une section plus longue, mais la manière dont on le traite. Peu importe sa longueur, si on l’explique de manière à en révéler sa signification véritable et essentielle, à la lumière du contexte général de l’Écriture, et qu’on l’applique aux besoins actuels des auditeurs, on peut dire qu’on prêche par exposition15.
Grâce à ce processus exégétique, qui part de l’adhésion à l’inerrance, le prédicateur dispose d’un message, d’une intention et d’une application tous authentiques. Cette démarche donne à sa prédication une perspective historique, théologique, contextuelle, littéraire, synoptique et culturelle. Son message est celui que Dieu voulait transmettre.
Tout cela semble évident, n’est-ce pas ? Alors, comment l’Église a-t-elle bien pu perdre de vue le lien entre l’inerrance et la prédication ? Permettez-moi de suggérer que c’est principalement à cause de « l’héritage du libéralisme ».