À quel point les chrétiens devraient-ils se préoccuper du consumérisme ? (John Piper)

Bon retour sur le podcast. Nous espérons que votre Noël a été charmant et digne de Christ. Je suppose que les vacances ne se sont pas écoulées sans que vous en ressentiez aussi le coût. Selon les rapports, les adultes américains ont dépensé plus de 900 $ en cadeaux de Noël, chacun, soit un total de plus d’un billion de dollars en électronique, jeux vidéo, vêtements, livres, bijoux, musique, jouets et – l’un des cadeaux les plus aimés de tous – les cartes-cadeaux. Les portefeuilles sont maintenant remplis de cartes-cadeaux, comment pouvons-nous vivre heureux dans cette culture de consommation surabondante ? La question n’est pas seulement dans l’esprit des Américains. En fait, la question d’aujourd’hui nous vient du sud du Pays de Galles, d’une auditrice du podcast nommée Lauren.

« Bonjour Pasteur John ! Merci pour votre ministère ! Ma question concerne le consumérisme éthique. En tant que chrétienne, je veux vivre une vie sans exploitation qui honore Christ. Dans cette optique, je me suis récemment efforcée de prendre des décisions de style de vie plus éthiques, par exemple passer à de la viande qui ne provient pas d’un traitement inhumain ou cruel et acheter des vêtements de sources où les travailleurs ont reçu un traitement équitable. Cependant, ayant commencé dans cette voie, je vois qu’elle pourrait devenir dévorante, consumant tout : utiliser des récipients réutilisables, transporter ma propre tasse partout, etc. Et je crains aussi que cela n’ait qu’un impact assez négligeable puisque je ne suis qu’une personne. Mais comment naviguer dans une vie où les biens consommables sont si abondants ? »

Le consumérisme consume

Je pense que Lauren met le doigt sur une question clef, même une réponse à sa propre question sur un sujet clef, avec les mots, « le consumérisme éthique pourrait devenir dévorant, consumant tout ». Je ne sais même pas si elle voulait faire un intelligent jeu de mots ou pas. Le consumérisme consume. Ce serait une grande ironie, n’est-ce pas : être consumé par le consumérisme éthique ? Ce qui en ferait plus qu’une ironie, c’est-à-dire une tragédie, c’est si le fait d’être consumé n’était pas seulement une préoccupation, mais une réalité. Est-ce possible ? Comment pourrions-nous éviter cela ? Parce qu’elle soulève le spectre qu’elle pourrait, nous pourrions, être consumés par le consumérisme éthique.

Discernement et consommation

Maintenant, en principe, je ne vois pas pourquoi l’un d’entre nous devrait s’opposer à ce que l’on fasse preuve de plus de discernement sur ce que l’on consomme : discernement sur son origine, juste ou injuste ; discernement sur ses effets, nocifs ou sains ; discernement sur son processus de livraison, honnête ou marché noir. Ainsi, former des jugements sur ces choses en se basant sur la vérité est une bonne chose à faire. Il est bon d’être un consommateur qui discerne, plutôt qu’un consommateur qui ne discerne pas. Les origines justes sont meilleures que les origines injustes. Les effets sains sont meilleurs que les effets nocifs. Une livraison honnête est meilleure que le marché noir.

Mais ce que Lauren précise, c’est que le discernement tient compte d’autres réalités, outre les origines des produits, les effets des produits et la livraison des produits. Elle souligne que l’attention et l’effort de la vie qui est nécessaire pour discerner les origines et les effets et la livraison de douzaines et de douzaines de produits pourraient devenir si dévorants qu’ils seraient totalement disproportionnés par rapport à la quantité de bien qui est fait et pourraient faire des dégâts ailleurs. En d’autres termes, il faut discerner plus de choses qu’il n’y paraît au premier abord.

Elle demande : « Comment pouvons-nous naviguer de telles questions ? » Maintenant, il me semble qu’elle a déjà bien saisi la réponse principale à cette question, à savoir : ne laissez pas l’effort de discernement sur les origines, les effets et la livraison de biens obscurcir votre discernement sur la façon d’être un bon intendant de votre vie limitée et de votre effort de vie. Faites preuve de discernement à ce sujet également.

Ce qui préoccupe le plus les chrétiens

Donc, ce que je pourrais peut-être faire, c’est fournir un peu plus de nourriture pour nourrir ce plus grand discernement. Voici quelques saveurs que j’ai à l’esprit.

J’ai souvent dit que les chrétiens se soucient de toute souffrance, surtout de la souffrance éternelle. Les chrétiens sont des gens qui voient que Dieu a mis en garde contre la souffrance éternelle destinée aux pécheurs coupables, et ils ont vu qu’il a fourni l’unique moyen de s’échapper, à savoir la mort et la résurrection de son Fils, Jésus-Christ, qui a pris la place des pécheurs qui lui font confiance. Cette perspective du monde change tout. Nous nous soucions de toutes les souffrances, mais surtout des souffrances éternelles. Alors, reformulons cela de trois façons qui rendent cela plus évidemment pertinent pour le consumérisme éthique ou la consommation éthique.

1. Un souci pour la foi

Les chrétiens se soucient de toutes les bonnes actions, en particulier des bonnes actions qui sont l’effet de la foi salvatrice et le fruit de l’Esprit Saint. En d’autres termes, les chrétiens sont heureux lorsque les non-croyants agissent avec justice et font ce qui mène à la santé, mais nous sommes plus heureux lorsque la justice et la santé croissent dans le sol de la foi salvatrice, par la puissance de l’Esprit de Dieu. Ce sont les seules bonnes actions qui survivront au jugement.

2. Un souci pour l’être humain

Les chrétiens se soucient de tous les dommages environnementaux qui blessent les êtres humains, particulièrement l’embrasement final de la terre qui ne laisse que les fidèles et les œuvres faites dans la foi.

2 Pierre 3.10 : « Le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée [ou “les œuvres seront exposées ou découvertes”]. »

En d’autres termes, il importe de savoir ce qui arrive aux êtres humains suite à ce qui arrive à la planète. Les chrétiens savent que ce qui va arriver à la planète est qu’elle sera purgée comme par le feu de tout ce qui est non-croyant, impie et injuste. Ils se soucient de cela, plus qu’ils ne se soucient de ce qui arrive à la terre et des dommages qu’elle cause aux êtres humains. Non pas qu’ils ne s’en soucient pas, mais plus. C’est une question de proportion.

3. Un souci pour l’éternité

Les chrétiens se soucient de tout travail honnête et qu’il soit correctement récompensé partout dans le monde, mais nous nous soucions surtout du décompte final, quand tout le monde est récompensé par une justice parfaite selon nos actes. 1 Pierre 1.17 dit :

Dieu « juge selon l’œuvre de chacun, sans favoritisme, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre. »

Nous voulons que les gens reçoivent maintenant de l’homme ce qui résultera en une vie de santé et de longévité. Mais, oh, combien plus nous voulons que les gens reçoivent de Dieu ce qui aura comme conséquence la santé parfaite et la longévité éternelle à la fin des siècles.

Pensez au-delà de ce monde

Alors, voilà ce que je veux dire : oui, nous devons faire preuve de discernement quant à la justice de l’origine des biens de consommation. Et oui, nous devons discerner la santé de l’effet des biens consommables. Et oui, nous devons faire preuve de discernement quant à l’honnêteté et à la façon dont les biens sont livrés.

Mais les chrétiens sont des gens qui voient de telles choses dans un contexte beaucoup, beaucoup, beaucoup plus grand que celui dans lequel ce monde les voit, et que celui dans lequel ce monde est. Nous devons donc aussi discerner la proportion de l’attention et de l’effort de la vie qui est allouée à de telles préoccupations. Je suggère qu’une des clefs pour naviguer parmi ces préoccupations est de connaître les plus grands problèmes et d’être encore plus passionné par eux que nous le sommes par les plus petits.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts