Aimer ne signifie pas rendre les autres heureux
Cet article est tiré du livre : Les coulisses de la relation de couple de Winston T. Smith
Réfléchissez un instant : Jésus aimait les gens, mais la plupart du temps, ils étaient déçus ou même furieux contre lui. Jésus est venu chez les siens avec la Bonne Nouvelle de l’Évangile et son autorité prouvait ses affirmations. Il a chassé des esprits mauvais, guéri des lépreux et des boiteux. Quelle a été leur réaction? Les chefs religieux l’ont accusé d’être de connivence avec Satan et d’être possédé d’un démon (Matthieu 12.24; Marc 3.22; Luc 11.15). Sa mère et ses frères ont voulu le ramener à la maison, car ils estimaient qu’il avait perdu la raison (Marc 3.21). Jésus ne s’est pas seulement senti mal aimé à ces occasions, mais il a été totalement rejeté.
C’est pourquoi la réaction de Jésus étonne davantage : il a continué à les aimer. Il n’a pas reculé devant ceux qu’il aimait, mais il a persévéré de façon héroïque. Votre amour survivrait-il à un rejet aussi brutal et
catégorique? Comme vous avez pu le constater, le mien n’a pas survécu. Si je n’obtiens pas une approbation adéquate, je me replie sur moi-même, je boude ou je panique. Imaginez ce qui se produit quand on me rejette!
Dans son Évangile, Jean relate un récit de l’amour déconcertant de Jésus. Jésus reçoit un message urgent de la part de ses amies Marie et Marthe : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade » (Jean 11.3). Leur frère, Lazare, est gravement malade et le message est clair : elles demandent à Jésus de se rendre auprès d’eux et de guérir leur frère. Ne croyez-vous pas que celui qui a le pouvoir de guérir aurait dû partir immédiatement pour sauver un ami? La réaction de Jésus est étonnante : « Or Jésus aimait Marthe et sa soeur et Lazare. Quand il eut appris que celui-ci était malade, il resta encore deux jours à l’endroit où il était » (Jean 11.5-6, italiques ajoutés). Jésus aime Lazare et ses soeurs et pourtant, il attend deux jours de plus, sachant que ce retard entraînera la mort de Lazare (Jean 11.11-13).
Jésus arrive sur les lieux d’une scène déchirante. Lazare est dans le tombeau depuis quatre jours. Les deux soeurs vont à sa rencontre et la même question leur brûle les lèvres. Ayant rejoint Jésus à l’extérieur du village, Marie tombe à ses pieds en pleurant et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11.32b). Comment Jésus pouvait-il la regarder en face? Imaginez Marie, le coeur brisé et affligé. Elle lève les yeux vers Jésus et souhaite comprendre la raison pour laquelle il n’a pas sauvé son frère. Comment le comportement de Jésus peut-il correspondre à une définition de l’amour, quelle qu’elle soit?
La satisfaction des gens ou de leurs attentes, aussi raisonnables soient-elles, ne définit pas l’amour
de Jésus. Voici les principales raisons qui l’ont incité à laisser mourir Lazare : « Cette maladie n’est pas pour la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (Jean 11.4). Avant d’atteindre le village de Marie et Marthe, Jésus a dit à ses disciples : « Lazare est mort. Et, pour vous, je me réjouis de n’avoir pas été là, afin que vous croyiez » (Jean 11.14b-15).
Les intentions de Jésus dépassent toute attente. Il souhaite que ses amis et ses disciples reconnaissent la plénitude qui habite en lui. En qualité de Fils de Dieu et de Rédempteur, il triomphe de la mort physique et spirituelle. Jésus répond donc ainsi à la déception de Marthe : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11.25-26). Jésus va au-delà des sentiments passagers qu’éprouvent Marie et Marthe à son égard et choisit de les laisser vivre ce terrible drame. Lazare est mort et ses soeurs ont le coeur brisé. Elles se demandent comment Jésus a pu négliger de venir sauver la vie de leur frère.
Vous connaissez sans doute la conclusion spectaculaire de l’histoire. En dépit des protestations voulant que le corps sente déjà, Jésus demande que la pierre qui scelle le tombeau soit ôtée. Fixant son attention sur les objectifs supérieurs de l’amour de Dieu, Jésus rappelle cette vérité : « Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? » (Jean 11.40). Il prie, puis ordonne au mort : « Lazare, sors! » Aucune odeur nauséabonde, aucun zombie, mais un homme vivant, enveloppé de bandelettes, sort de sa tombe en pleine clarté. Ce jour-là, les personnes présentes ont reçu plus d’amour qu’elles n’en avaient demandé. Elles ont vu plus qu’un enseignant et un guérisseur à l’oeuvre, elles ont vu « le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde » (Jean 11.27).
En proie à mes craintes de décevoir les autres, j’ai beaucoup réfléchi aux histoires semblables à celle de Lazare. Je ressentais une grande admiration pour Jésus. Il avait eu le courage d’aimer avec hardiesse, sans reculer devant la déception et le rejet des autres. J’aspirais à la liberté d’aimer avec une telle puissance. J’ai donc entrepris d’en parler à Jésus et de le rechercher avec un nouveau zèle. J’ai finalement compris que mon anxiété était causée par mon ignorance de la véritable nature de l’amour.
J’avais commencé à fréquenter Kim, ma future femme, juste avant ma première crise d’angoisse. Plus nous nous rapprochions, plus je devenais anxieux et cette anxiété me laissait perplexe. J’aimais beaucoup Kim et nous paraissions être faits l’un pour l’autre, mais les doutes m’assaillaient. Après avoir découvert l’amour de Jésus, tout est devenu plus clair. J’étais terrifié à l’idée de me tromper, de la laisser tomber, de parler au mauvais moment et d’avoir à me rétracter. Si je la blessais ou la décevais, ce serait terrible. Mais une réalité nouvelle cheminait dans mon esprit. Serait-il tragique de commettre une erreur? Pas du tout. J’ai le devoir de l’aimer et non d’être parfait. Ma façon de lui témoigner mon amour pourrait même, à l’occasion, la décevoir. Ma mauvaise compréhension de l’amour m’avait placé dans une situation impossible : comment était-il possible que je ne déçoive jamais personne?
La souffrance au sein de nos relations conjugales est parfois occasionnée par une mauvaise compréhension de l’amour. Cette compréhension est fondée sur nos désirs et nos craintes. Il est faux de croire que nous prouvons notre amour aux autres en les rendant toujours heureux. La douceur, la patience, la gentillesse et la générosité contribuent sans aucun doute au bonheur de votre conjoint. Toutefois, nous avons marié une personne comme nous, capable d’être insensée, égoïste et aveuglée par les idoles de son coeur. Aimer un autre pécheur selon la vérité et comme Jésus nous a aimés donnera lieu à des conversations difficiles, des désaccords et même à l’abandon de certains comportements pécheurs et malsains. Si nous aimons véritablement notre mari ou notre femme comme Jésus nous a aimés, nous récolterons parfois les mêmes réactions que Jésus a subies : le conflit et le rejet.