Avez-vous peur de ne pas persévérer ? (John Piper)
La crainte que nous ne persévérions pas à chérir Christ et à aimer notre prochain constitue l’un des grands obstacles à une fin de vie qui glorifie Christ, car nous n’y arriverons tout simplement pas. Nous serons incapables d’affirmer, tout comme Paul : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. Désormais, la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux qui auront aimé son avènement » (2 Ti 4.7,8). Ceux qui auront aimé son avènement, c’est-à-dire ceux qui le chérissent au plus haut point et qui désirent sa présence, recevront la récompense de la justice finale. Faire de Christ son trésor doit donc être inclus et faire partie du combat, de la course et de la foi. La foi comprend l’affection pour Christ et son avènement. Vous n’avez pas la foi si vous ne voulez pas de Jésus.
Ainsi, la crainte que nous ne puissions pas maintenir cette affection pour Christ est l’un des grands obstacles à l’achèvement de notre vie pour la gloire de Christ. Et ainsi nous craignons de ne pas pouvoir porter le fruit de l’amour qui découle de la foi (Ga 5.6 ; 1 Ti 1.5). Nous craignons de ne pas y arriver. Cette peur de ne pas persévérer dans la foi et dans l’amour représente un obstacle majeur à une fin de vie qui glorifie Christ, et ce, principalement parce que les deux moyens les plus courants pour la surmonter sont mortels.
Deux façons mortelles de surmonter cette peur
Il y a deux façons opposées de gâcher votre vie en essayant de surmonter cette peur. L’une d’elles est de supposer que la persévérance dans la foi et l’amour n’est pas nécessaire pour le salut final. L’autre consiste à supposer que la persévérance est nécessaire, puis à compter sur nos efforts, dans une certaine mesure, pour satisfaire à cette nécessité et s’assurer d’obtenir la faveur de Dieu. Permettez-moi de démontrer deux choses. D’abord, pourquoi ces deux approches sont-elles dévastatrices, erronées et mortelles ? Puis, quelle est la manière biblique de terminer sa vie à la gloire du Christ ?
« La persévérance n’est pas nécessaire »
C’est une erreur de penser que la persévérance dans la foi et l’amour n’est pas nécessaire pour obtenir le salut final. Une erreur mortelle. Jésus a dit dans Marc 13.13 : « Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom, mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. » Hébreux 12.14 dit : « Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. » Dans Galates 6.8, Paul affirme : « Celui qui sème pour sa chair moissonnera de la chair la corruption ; mais celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle. » Remarquez donc que les deux récoltes sont la corruption d’une part et la vie éternelle d’autre part. Ensuite, il ajoute au verset 9 : « Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons [la vie éternelle] au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. »
Ainsi, il est évident que persévérer dans les sillons de la foi en semant par l’Esprit et en portant son fruit d’amour est nécessaire pour le salut final. Dans 2 Thessaloniciens 2.13, Paul dit : « Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité. » Être sauvé « par la sanctification » signifie que la sanctification – le chemin de l’amour – est le chemin par lequel les pécheurs sauvés vont au ciel. Et c’est le seul chemin qui mène au ciel.
C’est donc une erreur tragique et mortelle que d’essayer de surmonter la peur de ne pas persévérer dans la vieillesse en disant que vous n’avez pas à persévérer.
« En persévérant, on obtient la faveur de Dieu »
L’autre façon erronée de surmonter la peur de ne pas persévérer est tout aussi dangereuse. C’est la voie qui dit : « Oui, la persévérance dans la foi et l’amour est nécessaire, et cela signifie que je dois continuer jusqu’au dernier jour afin que Dieu soit pour moi à 100 %, et que je dois dépendre de mes efforts pour obtenir la pleine faveur de Dieu. Dieu peut me faire démarrer dans la vie chrétienne par la foi en lui seul, mais la persévérance se produit autrement. La faveur permanente de Dieu dépend de mes efforts. » Je le déclare, cette voie est mortelle et elle conduit soit au désespoir, soit à l’orgueil. Et certainement pas à la persévérance.
Qu’y a-t-il de mal à ce raisonnement ? Vous pouvez voir ce qui ne va pas si vous posez cette question : quand Dieu devient-il totalement et irrévocablement pour nous – pas à 99 %, mais à 100 % pour nous ? Est-ce à la fin des temps, au dernier jour, lorsqu’il aura vu toute notre vie et l’aura mesurée pour voir si elle est digne de son approbation ? Ce n’est pas ce que la Bible enseigne.
Ce que la Bible enseigne
Ce que la Bible enseigne, c’est que Dieu devient à 100 % pour nous de façon irrévocable au moment de la justification, c’est-à-dire au moment où nous voyons le Christ comme un magnifique Sauveur et que nous le recevons comme notre châtiment de substitution et notre perfection de substitution. Toute la colère de Dieu, toute la condamnation que nous méritons, a été déversée sur Jésus. Toutes les exigences de Dieu en matière de justice parfaite ont été satisfaites par Christ. Au moment où nous voyons (par grâce !) ce Trésor et le recevons de cette manière, sa mort compte comme notre mort, sa condamnation comme notre condamnation et sa justice comme notre justice, et Dieu devient pour nous à 100 %, irrévocablement et pour toujours, et ce, à l’instant même.
« Car nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi » (Ro 3.28). « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Ro 5.1). « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (Ro 8.1). Ainsi, dans le Christ Jésus – en union avec lui par la seule foi, en recevant tout ce qu’il est pour nous – Dieu est pour nous totalement, à 100 % et irrévocablement. Les implications de cette réalité sont expliquées dans Romains 8.31-35 :
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? Qui accusera les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ! Qui les condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! Qui nous séparera de l’amour de Christ ?
La réponse à cette question est : Rien ! Ce qui signifie que tous ceux qui appartiennent à Christ vont persévérer. Ils le doivent, et ils le feront. C’est certain. Pourquoi ? Parce que Dieu est déjà maintenant, en Christ, à 100 % pour nous. La persévérance n’est pas le moyen par lequel nous obtenons que Dieu soit pour nous ; elle découle du fait que Dieu est déjà pour nous. Vous ne pourrez jamais faire en sorte que Dieu soit pour vous à cause de vos bonnes œuvres, car les vraies bonnes œuvres chrétiennes sont le fruit du fait que Dieu est déjà pour vous.
« Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été vaine ; loin de là, j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Co 15.10). Mon dur labeur n’est pas la cause, mais le résultat de la grâce payée par le sang. Le passage de Philippiens 2.12,13 nous exhorte ainsi : « [Mettez] en œuvre votre salut avec crainte et tremblement […], car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » L’accomplissement de votre salut n’est pas la cause, mais le résultat de l’œuvre de Dieu en nous – Dieu étant pour nous à 100 %. « Car je n’oserais pas mentionner une chose si Christ ne l’avait pas faite par moi » (Ro 15.18). Si nous sommes capables de faire quoi que ce soit en matière d’obéissance, c’est parce que le Christ est déjà pour nous à 100 %.
Dieu est à 100% pour vous
Si chaque effort que vous faites dans la discipline de la persévérance est une œuvre de Dieu, alors ces efforts ne font pas en sorte que Dieu devienne pour vous à 100 %. Ils sont le résultat du fait qu’il est déjà pour vous à 100 %. Il est pour vous parce que vous êtes en Christ. Et vous ne pouvez pas améliorer la perfection ou le sacrifice de Christ. Si vous êtes en Christ par la foi, Dieu est autant pour vous en Christ qu’il ne le sera jamais ou ne pourrait jamais l’être. Vous ne persévérez pas pour l’obtenir. Mais pour cette raison, vous allez persévérer.
Ainsi, lorsque la peur de ne pas persévérer s’empare de vous, n’essayez pas de la surmonter en disant : « Ah, il n’y a pas de danger, il n’est pas nécessaire de persévérer. » Vous devez le faire. Il n’y aura pas de salut à la fin pour ceux qui ne combattent pas le bon combat, ne finissent pas la course, ne gardent pas la foi et ne désirent pas l’avènement de Christ. Ainsi, n’essayez pas de surmonter la peur de ne pas persévérer en essayant de gagner la faveur de Dieu par vos efforts de piété. La faveur de Dieu vient par la grâce seulement, sur la base de Christ seulement, en union avec Christ seulement, par la foi seulement, pour la gloire de Dieu seulement. Il est totalement et irrévocablement pour nous à cause de l’œuvre de Christ, si nous sommes en lui. Et nous sommes en Christ non pas par nos efforts, mais en le recevant comme notre sacrifice, notre perfection et notre trésor.
Cet article est tiré du livre : « Repenser la retraite » de John Piper