Avoir un doute de l’amour de Christ (Octavius Winslow)
Qu’est-ce qui peut avoir une plus grande tendance à affaiblir et faire décliner cette précieuse et rare grâce de l’Esprit que d’entretenir des doutes sur l’amour, la sagesse et la fidélité de Dieu, sur la perfection de l’œuvre de Christ, et sur l’activité de l’Esprit dans le cœur? Chaque fois que l’âme ploie sous la pression d’un doute quant à sa relation avec Christ, il en résulte un affaiblissement de sa vision de la gloire et de la perfection de l’œuvre rédemptrice du Sauveur.
Et le croyant en proie à de tels doutes ne réalise pas très bien quel déshonneur chacune de ses craintes incrédules inflige à Christ, et quelle lumière trouble son attitude jette sur sa grande œuvre de salut. Il s’agit d’une blessure secrète portée à Jésus, quel que soit le recul que le croyant éprouve devant une telle pensée. Ses doutes et ses craintes abaissent la valeur de l’obéissance et de la mort de Christ. Pourtant, le Père lui-même a déclaré qu’il mettait tout son plaisir en son Fils, et la justice divine a manifesté, par la résurrection de Christ, sa complète satisfaction en son œuvre.
Celle-ci est le grand fondement sur lequel tout pauvre pécheur convaincu de son péché reçoit le salut. Elle est la raison pour laquelle d’innombrables multitudes d’esprits rachetés et glorifiés entourent aujourd’hui le trône divin et se prosternent devant la majesté divine. Tout doute et crainte, abrités ou exprimés ouvertement par un enfant de Dieu, déshonorent et dévaluent cette œuvre merveilleuse. Dès l’instant où le croyant voit davantage son indignité que la justice de Christ, il en déduit que Jésus n’a pas assez de mérite pour suppléer devant Dieu sa propre absence de tout mérite. Cet homme place ainsi sa propre indignité et son péché au-dessus de la valeur, de la plénitude et de la perfection infinies de l’expiation et de la justice de Christ.
Une fausse humilité
Une grande part de fausse humilité s’infiltre ici chez beaucoup des enfants bien-aimés de Dieu. Certains pensent que le fait de douter continuellement du pardon et de l’acceptation de Dieu est une preuve d’un esprit humble. Nous osons dire qu’il s’agit en fait de l’opposé d’un tel esprit. L’humilité authentique reçoit le témoignage de Dieu. Elle croit parce qu’il a parlé. Elle se repose sur le sang, la justice et la perfection de Jésus-Christ, parce que Dieu a déclaré que «quiconque croit en lui sera sauvé».
Nous voyons en cela cette authentique foi qui est le fruit béni de l’œuvre du Saint-Esprit. Il s’agit d’aller à Jésus tel que l’on est, un pauvre pécheur perdu, impuissant et sans aucune préparation. Il s’agit pour moi d’aller à lui, en m’appuyant sur ma propre faiblesse, mon incapacité et ma pauvreté, afin que la grâce souveraine et libre, la satisfaction et le mérite infinis de Christ se manifestent en mon plein pardon, en ma justification et en ma gloire éternelle.
Le refus de pleinement accueillir le salut accompli par Jésus renferme davantage d’orgueil et de justice de soi que l’on ne soupçonne. C’est une résurgence de ce principe qui cherche à mettre Dieu en dette de sa création. Une simple avance vers Christ dans la foi par celui qui se sait pécheur, en prenant le Sauveur pour seule justice, pardon et gloire, renferme davantage d’humilité, réelle et profonde, qu’aucun esprit mortel ne peut sonder. Le doute est toujours la progéniture de l’orgueil, alors que l’humilité est continuellement au service de la foi.
Cet article est tiré du livre : Le déclin spirituel et son réveil de Octavius Winslow.