Ce que le Christ a lu concernant sa souffrance (Mark Jones)

La souffrance volontaire de Jésus protège la gloire de l’Évangile, alors que sa souffrance consciente magnifie la beauté de l’Évangile. Il a vécu avec une connaissance profonde de ses souffrances futures. Aucun médecin au monde n’aurait pu le préparer à ses souffrances physiques et mentales aussi bien que l’a fait la Parole de Dieu. Thomas Goodwin le dit si bien :

Il serait extrêmement pénible pour nous de connaître d’avance ce que nous subirions dans ce monde. Cette connaissance nous ferait mal ; l’anxiété nous troublerait et il est donc préférable de ne pas le savoir. Mais Christ possédait cette force en lui ; il connaissait ses souffrances futures et cependant, il a gardé un esprit calme et tranquille, et ce, jusqu’au bout. Et il était important qu’il sache ce qu’il allait souffrir, puisqu’il l’a souffert dans le cadre d’une alliance avec son Père, ce qui rend ses souffrances très différentes des nôtres.

Jésus a pris connaissance de son destin spécifique en lisant les Écritures. Quelques exemples de l’Ancien Testament nous aideront à mieux comprendre ce qu’il a pu ressentir en lisant les Écritures le concernant.

La première promesse liée à l’Évangile dans l’histoire de la rédemption (souvent appelée protoévangile) parle directement de la souffrance et de la gloire de Christ : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon » (Ge 3.15). En lisant ces paroles, Jésus savait qu’il écraserait le serpent, mais au prix d’un talon blessé.

Mais les Psaumes, plus que toute autre section de la Bible, parlent des souffrances et de la gloire de Christ. Alors qu’il les lisait, les mémorisait, et, certainement, les méditait, ces Psaumes ont dû être un baume pour son âme pendant son ministère marqué par la souffrance. Certains Psaumes soulignent explicitement ses souffrances (voir Ps 22). D’autres toutefois existent comme des témoignages indirects, mais appropriés, de son humiliation. Il les a certainement pris à coeur, en considérant tout ce que les Psaumes disent à son sujet.

Une lecture du Psaume 90 du point de vue de Jésus souligne son humiliation. La plupart des théologiens voient, à juste titre, le Christ au verset 2 : « Avant que les montagnes soient nées, et que tu aies créé la terre et le monde, d’éternité en éternité tu es Dieu. » Or, il y a d’autres versets que Jésus pouvait appliquer à sa vie et son ministère terrestres. Au verset 12, par exemple, Dieu nous exhorte à « bien compter nos jours » afin d’appliquer « notre coeur à la sagesse ». Jésus l’a fait. Il a compté ses jours en contemplant la brièveté de sa vie terrestre, et il a fait en sorte que chaque moment compte. Plus encore, c’était la colère de Dieu qui a mis fin à ses jours, et il a vécu sa mort avec un coeur troublé (90.7 ; voir aussi Mt 27.46). Il a fini sa vie dans « un murmure » (90.9 [SEM] ; voir aussi Lu 23.46). Or, il savait que l’oeuvre de ses mains serait affermie, puisque la grâce de l’Éternel était sur lui (90.17).

Le Psaume 22 ne parle pas seulement des souffrances de Christ pendant sa vie terrestre, mais aussi de celles qu’il a subies à sa crucifixion. Les auteurs du Nouveau Testament utilisent ce Psaume pour décrire la mort de Jésus. Dans Matthieu 27.35, par exemple : « Après l’avoir crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort… » Ou encore Matthieu 27.43 : « Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant… » De toute évidence, ces passages nous font penser au Psaume 22.9 : « Recommande-toi à l’Éternel ! L’Éternel le sauvera, il le délivrera, puisqu’il l’aime ! » De plus, ses mains et ses pieds percés, décrits dans Luc 24.39,40, rappellent le Psaume 22.17 : « Car des chiens m’environnent, une bande de scélérats rôdent autour de moi, ils ont percé mes mains et mes pieds. » Et encore, Matthieu 27.46 : « Jésus s’écria d’une voix forte : “Eli, Eli, lama sabachthani ?” C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » qui cite directement Psaume 22.2 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

En lisant ce portrait de Jésus à la lumière du Psaume 22, nous nous attendons à une sorte de justification, surtout en ce qui concerne les versets 23-32. Et nous ne sommes pas déçus quand nous tombons sur le récit de la résurrection. Hébreux 2.12 cite Psaume 22.23 qui sort tout droit de ce passage triomphal, pour montrer que Jésus partage l’humanité de son peuple, puisqu’il les appelle ses « frères ». L’auteur de l’épitre aux Hébreux doit lui aussi voir Jésus comme l’être humain idéal, ce qui signifie qu’il utilise ce psaume de la même manière que les auteurs des Évangiles.

Grâce à sa lecture attentive de l’Ancien Testament, Jésus a bien compris ce que seraient ses souffrances. Par conséquent, il a pu les vivre avec une parfaite fermeté et une pleine conscience de ce qu’il faisait. Pour illustrer cette réalité, il suffit de comparer la trahison que David a subie de la main d’Achitophel et celle de Jésus par la main de Judas. David et Jésus ont tous deux traversé le Cédron (2 S 15.23 ; Jn 18.1). Achitophel et Judas ont tous deux prévu d’exécuter leur sale besogne la nuit (2 S 17.1 ; Jn 13.30), puis ils se sont tous les deux pendus (2 S 17.23 ; Mt 27.5). David et Jésus ont tous deux demandé que Dieu les délivre sur le mont des Oliviers (2 S 15.30 ; Lu 22.39-46). Il est également intéressant de noter que la mort de David, comme celle de Jésus, amènerait la paix à leur peuple (2 S 17.3 ; Jn 11.50).

Cet article est un extrait du livre «Connaître Christ» de Mark Jones