Ce que l’enfer révèle à propos de Dieu
La vérité que beaucoup ne supportent pas d’entendre
Quand nous sommes enfants, nous aimons les histoires. Nous nous couchons dans notre lit, ou nous nous pelotonnons sur les genoux de nos parents, tandis que la voix de notre mère ou de notre père nous entraîne dans des mondes fictifs. Nous explorons l’univers de Max et les Maximonstres. Nous tirons notre chapeau avec Babar, et nous apprenons des leçons de vie dans La toile de Charlotte.
Puis nous vieillissons. Mais, espérons-le, pas trop vieux pour traverser les armoires et entrer dans Narnia, ou creuser nos trous de cinq par cinq avec Stanley Yelnats (dans Le passage), ou vivre dedans avec Le Hobbit. Nous pourrions nous imaginer voir des couleurs pour la première fois avec Le passeur ou nous envoler sur un Nimbus 2000 avec le garçon portant une cicatrice en forme de foudre. Nous, les humains, sommes des créatures d’histoires.
En tant que tels, nous sommes nés avec une compétence unique : la capacité de détecter les fausses notes dans un récit. Comme la mauvaise clef frappée sur un piano. Les petits disent à leur père : « Ce n’est pas comme ça que ça doit se passer ! » Mais malheureusement, beaucoup entendent l’histoire de Dieu, et émettent la même protestation à la lecture de ce chapitre qui couvre l’éternité.
La vérité que certains cœurs ne peuvent pas supporter
Alors que beaucoup se débattent avec l’existence de l’enfer – ou que nous nous débattons nous-mêmes avec elle – ce sentiment inné refait surface. Beaucoup lisent : « Et ils iront à la peine éternelle » – pour être tourmentés dans le feu et le soufre, jour et nuit, sans répit ni repos, pour toujours (Matthieu 25.46 ; Apocalypse 14.9-11) – et disent par réflexe : « Ce n’est pas comme ça que ça doit se passer. » Ils secouent la tête : « Comment cela peut-il être une bonne histoire ? » De telles personnes essaient de nous sauver de l’orthodoxie avec Rob Bell, qui écrit,
Raconter l’histoire d’un Dieu qui inflige une punition implacable aux gens parce qu’ils n’ont pas fait ou dit ou cru les bonnes choses dans une brève fenêtre de temps appelée vie n’est pas une très bonne histoire. (Love Wins, 110 ; trad. L’amour est vainqueur)
Pour Bell et compagnie, l’absence d’un « et ils vécurent heureux » pour tous – ou même pour la plupart – n’a rien de réjouissant. Même l’anéantissement, à leurs yeux, semble être une meilleure fin. Un Dieu qui punirait les humains pour l’éternité est dévastateur, écrasant, insupportable, traumatisant, terrifiant, cruel, mauvais, insoutenable, inacceptable, affreux, inaimable. Écoutez Bell, ce Dieu est un être qu’aucune quantité de bonne musique ou de café ne peut couvrir.
Le défi n’est donc pas de simplement prouver l’existence de l’enfer à partir de son exégèse, mais de montrer pourquoi l’histoire de Dieu est meilleure que celle que nous aurions écrite – car c’est le cas. Nous devons essayer de raisonner avec le cœur, car Jésus nous a enseigné une vérité extraordinaire lorsqu’il a exposé que l’esprit comprendra mal ce que le cœur déteste : « Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez pas écouter ma parole. » (Jean 8.43) Il en est de même pour beaucoup aujourd’hui lorsqu’il s’agit de l’enfer.
Quatre vérités sur l’enfer
Nous ne devons pas aborder ce sujet à la légère. Nous parlons d’un véritable enfer pour de vraies personnes et pour une véritable éternité. Un endroit où il aurait été préférable de ne jamais naître que d’y entrer. Un lieu de feu. De punition. De bannissement. Les ténèbres extérieures. La malédiction. La destruction. L’angoisse. La seconde mort. Un endroit où les vers festoient, les hommes forts pleurent et les dents grincent. Ces cinq lettres décrivent un châtiment sans fin pour ceux que nous avons, pour un bref moment, connus.
La façon dont Paul a considéré la perte de ses proches et dont Jésus a déploré l’incrédulité d’Israël nous enseigne que nous ne devons pas mettre de côté notre amour pour les perdus lorsque nous discutons de la perte éternelle qui est une punition appropriée pour leur péché. Considérez quatre vérités.
1. Qui sera en enfer ?
La première considération est de clarifier quelle sorte de créature sera sous la colère de Dieu pour toujours. La petite vieille qui s’est révélée être une voisine désintéressée, douce, patiente, indulgente et aimable peut avoir des funérailles charmantes. Mais la personne dont on fait l’éloge n’est pas celle qu’elle était vraiment ni celle qu’elle se révélera être dans l’éternité à venir. Dieu nous l’a cachée. À la mort, Dieu reprend possession de toute la vertu qu’elle a empruntée, et le torrent entier de son cœur méchant se déchaîne. Elle sera entièrement livrée à son péché (Romains 1.24, 26, 28).
La haine de Dieu, l’impatience, les désirs impurs, la cupidité, la calomnie, la méchanceté, tout se précipitera. Le mal qui s’est manifesté en germe sur la terre grandira pour devenir des forêts. La lumière de la grâce commune s’éteindra d’elle, et elle sera livrée aux ténèbres qu’elle a tant aimées (Jean 3.19). Sa pleine dépravation, maintenant exposée, fera frémir les saints qui se sont le plus occupés d’elle sur terre. Le péché, pleinement intronisé, déshumanise.
Nous pouvons voir l’impiété mûrir au cours de notre propre vie. Le petit Adolf, endormi dans son berceau, devient Hitler. Jézabel jette ses poupées pour tuer les prophètes. Mais cela n’est pas comparable au changement que l’on peut observer lorsque les cœurs s’endurcissent complètement et qu’ils sont confrontés au Maître qu’ils détestent. Dieu a réduit notre durée de vie pour empêcher un tel mûrissement (Genèse 6.3). Si les citoyens du ciel sont à leur plus haut degré de chute sur terre, les citoyens de l’enfer sont à leur plus haut degré d’humanité.
Jean jette un rayon de lumière sur les tourmentés dans le livre de l’Apocalypse. Ces créatures continueront à haïr Dieu, à maudire le nom de notre Seigneur, à blasphémer le Saint-Esprit qui habite éternellement en nous – même dans la douleur du jugement.
Le quatrième ange versa sa coupe sur le soleil et il lui fut donné de brûler les hommes par son feu. Les hommes furent brûlés par une grande chaleur et ils blasphémèrent le nom du Dieu qui a autorité sur ces fléaux, ils ne changèrent pas d’attitude pour lui rendre gloire.
Le cinquième ange versa sa coupe sur le trône de la bête et son royaume fut plongé dans les ténèbres. Les hommes se mordaient la langue de douleur, et ils blasphémèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs ulcères, ils ne se repentirent pas de leurs actes.
Bien qu’ils se mordent la langue de douleur, ils la remuent encore pour maudire notre Dieu. « Des horreurs immortelles », les a justement appelées C.S. Lewis. Préférant être brûlés que sauvés, ils partageront le sort de leur père, le diable. Quelle amitié les enfants de la lumière partageront-ils avec ces créatures lorsque les uns et les autres seront vus tels qu’ils seront vraiment ?
2. Ce que l’enfer révèle à propos de Dieu
Certains, comme Bell, croient que Dieu ne peut être glorifié en enfer. « La croyance que des masses incalculables de gens souffrent pour toujours n’apporte pas de gloire à Dieu. La restauration apporte de la gloire à Dieu ; le tourment éternel n’en apporte pas. La réconciliation apporte de la gloire à Dieu ; l’angoisse sans fin n’en apporte pas. Le renouveau et le retour font briller la grandeur de Dieu à travers l’univers ; la punition sans fin ne le permet pas » (Love Wins, 108 ; trad. L’amour est vainqueur).
Voyez la sagesse de l’homme. Ce à quoi l’apôtre Paul répond :
Que dire si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère tout prêts pour la perdition ? Et que dire s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de compassion qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? Ainsi il nous a appelés non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les non-Juifs. (Romains 9.22-24).
L’enfer, comme toute la création, raconte la gloire de Dieu. Bell dit que ce n’est pas le cas ; Dieu dit que c’est très certainement le cas. Le Tout-Puissant n’en est pas gêné. La juste vengeance de Dieu contre ceux qui ont échangé sa gloire et l’ont rejeté pendant toute une vie ne sera pas menée en cachette. Il montre sa colère et fait connaître sa puissance. Pourquoi ? Afin de communiquer à ses enfants la pleine richesse de sa gloire.
Contrairement à la façon dont nous pourrions écrire l’histoire de la rédemption, l’étang de feu nous réchauffe en nous rappelant que notre Dieu est puissant, justement sévère, et abondamment miséricordieux envers les siens. Le paradis ne sera pas le paradis, dans le plan parfait de Dieu, sans le rappel de la juste condamnation de Dieu – même au-delà, exposant éternellement les cicatrices de Christ. Nous serons dégrisés. Nous serons stupéfaits. Nous serons reconnaissants de la miséricorde de Dieu à notre égard.
Les non rachetés détestent cela. Ils commencent déjà à grincer des dents. Partant de l’homme comme fin de toutes choses, ils ne laisseront pas à Dieu le droit de sa déité : « J’aurai pitié de qui j’ai pitié, et j’aurai compassion de qui j’ai compassion. » (Romains 9.15) Ils montrent combien la créature peut être présomptueuse lorsqu’elle dit à Dieu qu’il doit sauver tous les hommes ; lorsqu’ils sont choqués – non pas que Dieu ait pitié de quelqu’un, mais qu’il ne fasse pas preuve de miséricorde par son sang pour tous.
3. Ce que l’enfer dit de Christ
Dans toutes les discussions sur l’enfer, nous devons nous rappeler que Dieu le Fils le connaît mieux que quiconque ne le pourra jamais – y compris tous ceux qui y sont plongés pour toujours. Mille vies plus tard, pas plus près de la fin que lorsqu’elles ont commencé, elles ne seront pas plus près de prononcer ces mots que nous trouvons sur les lèvres du Sauveur dans les Évangiles : « Tout est accompli ! » (Jean 19.30). Avec tous les tourments qu’ils éprouvent, ils ne sont que près de la surface de ce lac brûlant dans lequel Christ, par amour pour son peuple, a plongé jusqu’au fond.
Lorsque Paul, l’apôtre qui a éprouvé une angoisse incessante pour ses semblables non sauvés (Romains 9.1-3) et qui a œuvré pour leur salut (Romains 10.1-4), a considéré le refus de la créature à l’amour de son Seigneur qui assume l’enfer, il a dit : « Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur [Jésus-Christ], qu’il soit maudit ! Maranatha ! » (1 Corinthiens 16.22) En d’autres termes, lorsqu’il a considéré la proposition refusée de Jésus Christ – qui ne s’est pas contenté de s’agenouiller pour demander, mais s’est abaissé jusqu’à la tombe – il a dit qu’il convenait qu’un tel individu soit maudit.
Le Roi de gloire a-t-il voyagé du trône céleste à une étable pour animaux jusqu’à la fosse à ordures qu’est la croix pour s’immerger sous le feu de la colère de Dieu – pour être rejeté par des fourmis qui lui préfèrent leurs désirs impurs, leurs appétits et leur moi ? Quel doit être le résultat quand un monde fait défiler le Roi de gloire pour des vies de pornographie et de programmes sportifs ? L’enfer. Dieu appelle les anges : « Ciel, sois-en consterné, sois-en horrifié, atterré ! . . . Ils m’ont abandonné, moi [et maintenant mon Fils aussi] qui suis une source d’eau vive, pour se creuser des citernes, des citernes fissurées qui ne retiennent pas l’eau. » (Jérémie 2.12-13) L’Hadès témoigne que préférer quoi que ce soit à Christ – pas l’enfer lui-même – est une horreur éternelle.
4. Ce que nous apprennent les contes de fées
Nous devrions peut-être prêter plus d’attention aux histoires de nos enfants. Le schéma est familier : le royaume immaculé tombe, la terre est maudite, le mal prend le dessus. Cela permet au héros de défier la malédiction et, au prix d’un grand sacrifice, de vaincre le dragon et d’accéder à l’état ultime qui surpasse le premier – la lumière qui brille le mieux pour ceux qui ont vu les ténèbres.
Pourtant, rappelez-vous comment ces histoires se terminent : la sorcière, le monstre, le mauvais roi et ses sbires sont vaincus et bannis du royaume. Avez-vous déjà vu un enfant pleurer pour eux ? Aucun enfant que j’ai connu ne proteste contre la disparition de Scar, de Voldemort ou du roi-sorcier d’Angmar. Bien que l’analogie ne tienne pas la route de façon absolue, comme c’est inévitablement le cas pour toutes les analogies, nous devrions tout de même nous demander pourquoi il en est ainsi. Parce que nous savons qu’il est juste que les méchants soient punis. Mais nous n’aimons pas le fait que nous – et ceux que nous aimons – soyons par nature les méchants du récit.
Les auteurs de l’Ancien et du Nouveau Testament exaltent quelque chose de particulier à nos oreilles modernes : Dieu, l’homme de guerre, massacrant ses ennemis. L’homme moderne, fait davantage à l’image de l’humanisme séculaire que du Saint d’Israël, se demande, en chantant la noyade par Dieu de l’armée de Pharaon dans la mer – comment est-ce possible ? (Exode 15). Nos ancêtres spirituels ont célébré la sainteté de Dieu, sa puissance et son amour pour sauver son peuple de ses ennemis – alors que les Égyptiens le jugeaient peu aimable.
Mais est-ce cruel ? Insensible ? Ne pourrons-nous pas profiter du paradis alors que des personnes que nous connaissions sont en enfer ? Le Livre de Dieu, ainsi que les contes de fées et les grandes épopées, nous enseignent que la mort des méchants se trouve dans les romances et les comédies, et non dans les tragédies. Un jour, le lac de feu sera rempli, le chef de guerre maléfique et tous ses sbires seront vaincus, et nous célébrerons la victoire de notre Roi sur ceux qui ont maudit le nom de son Fils et dévoré son peuple.
Lorsque nous considérons l’histoire de l’éternité, nous devons faire taire cette protestation charnelle qui jette Dieu sur le banc des accusés pour qu’il se défende devant nos sensibilités émotives. Il est le potier, nous sommes l’argile. Il est parfaitement sage ; nous sommes tous fous, sans lui. Il est le Juge du monde ; il fera sûrement ce qui est juste. Et ce qui est juste, c’est aussi l’enfer, c’est-à-dire l’expulsion de Sauron et de ses orcs dans les ténèbres du Mont Destin. Ce faisant, il communique à son peuple toute l’étendue de sa puissance et de sa gloire, toute la beauté de son Fils, et l’harmonie parfaite de son dessein et de son plan – dont les rachetés ne détecteront pas une seule fausse note.
Cet article est une traduction de l’article anglais «What Does Hell Say About God?» du ministère Desiring God par Timothée Davi.