Certains saints seront-ils plus heureux au paradis ?

Dans l’éternité, certains saints du ciel seront-ils plus heureux que d’autres ? C’est une question de Ken, qui écrit pour demander :

Pasteur John, croyez-vous, comme Jonathan Edwards, que les chrétiens entreront dans l’éternité à différents degrés de bonheur en fonction de la profondeur et de la mesure de notre développement spirituel pendant notre vie terrestre ? Ou bien croyez-vous, comme de nombreux chrétiens, que tous les chrétiens entrent au paradis sur un pied d’égalité au pied de la croix, avec le même degré de sainteté et de bonheur pour toute l’éternité ? En d’autres termes, croyez-vous en une hiérarchie du bonheur au paradis ?

Eh bien, la réponse courte est que je suis d’accord avec Edwards, mais certaines des alternatives qui peuvent être proposées ne sont peut-être pas exactement les bonnes. Laissez-moi donc essayer de creuser un peu pour tenter d’expliquer ce que moi et Edwards voulons dire. Permettez-moi de le replacer dans un contexte plus large.

Trois façons dont l’obéissance est liée à l’âge à venir

Le Nouveau Testament décrit la relation entre notre obéissance et notre condition – notre bonheur dans le siècle à venir – de trois manières.

1. L’obéissance n’est jamais le fondement de notre acceptation auprès de Dieu.

C’est la description la plus fondamentale. La description la plus fondamentale de la relation entre notre obéissance maintenant est qu’elle n’est pas le fondement de notre acceptation avec Dieu maintenant ou dans le siècle à venir ; elle n’est pas le fondement ou la base ou la fondation de notre position justifiée en sa présence.

Paul dit, négativement : « Personne ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi. » (Romains 3.20) Et positivement, il dit : « Nous estimons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi. » (Romains 3.28) Ainsi, aucune de nos œuvres, aucune de nos obéissances, n’est le fondement de notre justification. Cela ne pourrait jamais l’être. Elles ne sont jamais assez bonnes. Elles sont toujours contaminées. Elles ne sont jamais assez complètes. Nous devons avoir Christ.

Nous nous tenons donc devant Dieu, dans l’éternité, acceptés, aimés, pardonnés, justifiés sur la base de Christ seul. Romains 5.19 dit : « Par la désobéissance d’un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs, beaucoup seront rendus justes par l’obéissance d’un seul. » C’est donc la première et la plus fondamentale des choses à dire sur la relation entre l’obéissance maintenant et le bonheur dans l’âge à venir.

2. L’obéissance confirme que nous avons la foi qui sauve.

Le Nouveau Testament enseigne également que notre obéissance maintenant confirme que nous sommes choisis par Dieu, appelés par Dieu, nés de nouveau, que nous avons la foi qui sauve. Ainsi, bien que l’obéissance ne soit pas le fondement du fait que Dieu est pour nous, elle est la confirmation que Dieu est à cent pour cent pour nous.

Par exemple, 2 Pierre 1.10 dit : « Appliquez-vous d’autant plus à affermir l’appel et le choix dont vous avez été l’objet, car si vous faites cela, vous ne trébucherez jamais. » Hébreux 12.14 dit, « Recherchez . . . la sainteté : sans elle, personne ne verra le Seigneur. » Romains 8.13 dit : « Si par l’Esprit vous faites mourir les manières d’agir du corps, vous vivrez. »

L’obéissance est donc nécessaire pour la vie éternelle – non pas comme fondement, mais comme confirmation.

3. L’obéissance aboutit à des degrés de récompense.

Voici maintenant la troisième, et c’est celle qui est la plus importante pour la question. Le Nouveau Testament enseigne que notre obéissance entraîne des récompenses dans le siècle à venir qui diffèrent les unes des autres selon la mesure de notre obéissance.

Tous pleins à différents niveaux

La question posée était donc la suivante : y aura-t-il des degrés différents de sainteté et de bonheur ? Ou entrerons-nous tous au paradis sur un pied d’égalité en matière de sainteté et de bonheur pour toute l’éternité ? Croyez-vous qu’il y aura une hiérarchie au paradis ? Voici mon point de vue ; je pense qu’il est identique à celui d’Edwards. Il m’a beaucoup aidé sur ce point. Nous serons récompensés différemment dans l’âge à venir, mais tout le monde sera pleinement heureux. Il n’y aura aucun écart entre la capacité de bonheur de quiconque, d’une part, et la plénitude du bonheur de quiconque, d’autre part. Il n’y aura aucune frustration liée à ces différences.

Et les récompenses, dans leur essence (et nous aurions à en parler beaucoup plus, peut-être) mais les récompenses, dans leur essence, sont des capacités différentes de bonheur en Dieu. Ce n’est pas comme une Cadillac et une Chevrolet. C’est très peu pertinent. Si vous allez jusqu’à l’essence de ce qui serait une bonne récompense au paradis, c’est le fait de connaître et de goûter et d’avoir une capacité pour de plus grands plaisirs en Dieu et la conscience de Dieu et la jouissance de Dieu. Et je pense que c’est ce que veut dire Edwards quand il dit qu’il y a différents degrés de sainteté et de gloire, puisque l’essence de la sainteté et l’essence de la gloire sont le fait que le cœur chérit et estime Dieu par-dessus tout.

Notre bonheur basé sur le fait de chérir Dieu est notre sainteté et notre gloire. C’est pourquoi Edwards parle de différents degrés de sainteté, de différents degrés de gloire – non pas qu’il y ait des gens impies au ciel, ou des gens non glorieux au ciel, ou des gens malheureux au ciel, mais que les capacités de chacun seront pleines, mais les capacités sont différentes.

Et avec ces différences, il n’y aura pas d’envie chez ceux qui ont de plus petites capacités. Et il n’y aura pas de vantardise chez ceux qui ont de plus grandes capacités. La bienveillance de ceux qui sont plus grands, et l’humilité seront parfaites dans les deux, de sorte qu’elles n’impliqueront aucun péché, quel qu’il soit – aucun ressentiment, aucune jalousie, aucune envie, aucune arrogance, aucun rabaissement de quiconque. Et dans ce sens, nous sommes tous égaux. Nous sommes tous sans péché. Nous nous tenons tous sur un terrain commun au pied de la croix, totalement dépendants de la grâce pour obtenir chaque mesure de bonheur et chaque mesure de sainteté.

Voici une autre clarification. Toute obéissance chrétienne, maintenant et pour toujours, se fait par la grâce de Dieu. 1 Corinthiens 15.10 dit : « Mais par la grâce de Dieu je suis ce que je suis . . . j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu [qui est] avec moi. » Ainsi, ce que Dieu récompense est le fruit de sa propre grâce dans nos vies. Il n’est donc pas question de penser que les récompenses sont méritées au sens où l’on donne à Dieu quelque chose qu’il doit ensuite rétribuer parce qu’il ne l’avait pas déjà.

Bonnes actions et récompenses divines

Alors si vous vous demandez : D’où vient tout cela dans la Bible, voici quelques textes. (Et il y en a d’autres.) 2 Corinthiens 5.10 dit : « En effet, il nous faudra tous comparaître devant le tribunal de Christ afin que chacun reçoive le salaire de ce qu’il aura fait, bien ou mal, alors qu’il était dans son corps. » C’est étonnant. Il y a donc des conséquences négatives et positives pour le croyant au paradis.

Que veut-il bien dire par conséquences négatives, comme le bien ou le mal ? Le texte le plus proche, je pense, qui nous éclaire sur cette question est 1 Corinthiens 3.14-15, et il se lit comme suit : « Si l’œuvre que quelqu’un a construite sur le fondement [du Christ] subsiste, il recevra une récompense. Si son œuvre brûle, il perdra sa récompense ; lui-même sera sauvé, mais comme au travers d’un feu. » Il y a donc une certaine perte de ce qui aurait pu être parce que nous avons construit avec du bois, du foin et du chaume au lieu d’argent, d’or et de pierres précieuses.

De même, dans Éphésiens 6.8, Paul souligne la corrélation entre les bonnes actions et les récompenses divines. Voici ce qu’il dit aux esclaves pour qu’ils servent le Seigneur : « sachant que chacun, esclave ou homme libre, recevra du Seigneur le bien qu’il aura lui-même fait. » Le bien qu’il aura fait – c’est incroyable. Chaque petite bouffée de bonté que Dieu nous permet de faire va avoir sa récompense appropriée dans le ciel. Et cela signifie que les bonnes actions sont notées et récompensées. Et je pense (il y a une petite controverse à ce sujet, je suppose) que cette déclaration n’aurait aucun sens si tout le monde recevait le même niveau de récompense.

La hiérarchie de l’humilité

Alors juste un dernier mot sur cette question de la hiérarchie. Il semble que la question de Ken ait vu cela comme un point négatif – du genre : « Ouf, la hiérarchie au paradis serait une mauvaise chose. » Et ce que je voudrais juste encourager Ken et tous ceux qui nous écoutent à faire, c’est de lire Edwards à ce sujet. Laissez-moi vous donner un avant-goût de ce qu’il dit. C’est Edwards qui parle de nous dans l’âge à venir, au ciel :

Bien que tous soient parfaitement exempts d’orgueil, cependant, comme certains auront de plus grands degrés de connaissance divine que d’autres, et auront de plus grandes capacités pour voir davantage des perfections divines, ils verront davantage leur propre petitesse et leur néant comparatifs, et seront donc les plus bas abaissés dans l’humilité.

Alors, quand vous lisez une phrase comme celle-là, vous vous dites : « Eh bien, cela va être une sorte de hiérarchie qui n’a jamais existé auparavant. »


Cet article est une traduction de l’article anglais « Will Some Saints Be Happier in Heaven? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.

Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts