Chapitre 10: La prédestination – Confession de foi des Églises Réformées de Suisse
Élection gratuite.
Dieu, par des raisons tirées de sa sagesse, a prédestiné ou élu, de toute éternité, librement, de sa pure grâce et sans aucun égard à l’apparence des personnes, les Saints, qu’il veut sauver par Jésus-Christ. Dieu, dit l’Apôtre Saint Paul, nous a élus en lui, avant la fondation du monde (Eph. I. 4; Deut. VII. 6-8; Jér. XXXI. 3; Rom. IX. 10 et suiv.).
Il nous a sauvés et nous a appelés par une vocation sainte, non selon nos œuvres, mais suivant son propre dessein et selon la grâce qu’il nous a accordée en Jésus-Christ, avant le temps des Siècles; grâce qui a été manifestée présentement par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ (2 Tim. I. 9-10.).
Ainsi Dieu nous a élus non sans raison et sans aucun moyen, mais sans aucun mérite de notre part: Il nous a élus en Jésus-Christ et à cause de Jésus-Christ, en sorte que: Ceux qui sont unis au sauveur par la foi, sont ces mêmes élus de Dieu. Ceux au contraire qui ne sont points unis à ce Jésus, sont les réprouvés. C’est dans cette idée que Saint Paul disait, examinez-vous vous-mêmes: N’êtes-vous pas dans la foi? Éprouvez-vous vous-mêmes: Ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous? Si ce n’est peut-être qu’en quelque sorte vous soyez réprouvés (2 Corinth. XIII. 5.).
Pour les bonnes oeuvres.
Remarquons encore, que les Fidèles ont été élus de Dieu en Jésus-Christ pour une certaine fin que l’Apôtre nous fait connaître, quand il dit, il nous a élus en Jésus-Christ, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui, par la charité, nous ayant prédestiné pour nous adopter par Jésus-Christ, à la louange de sa grâce (Eph. I. 4-6; Lév. XX. 26.).
On doit espérer de tous.
Quoique Dieu seul connaisse ceux qui sont siens (Jean X. 14; XIII. 18; 2 Tim. II. 19.), et qu’il dise dans l’écriture, qu’il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus (Matth. XX. 16; XXII. 14.), cependant on doit bien espérer de chacun de ne pas mettre témérairement qui que ce soit dans le nombre des réprouvés.
Saint Paul disait aux Philippiens, en parlant de tous les membres de l’église: Je rends grâces à Dieu, de ce que vous avez communion à l’évangile, persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre, la consommera aussi jusqu’à la journée de Jésus; comme il est raisonnable que j’aie ce sentiment de vous… (Philip. I. 3-6.)
Aussi le Seigneur, quand on lui demanda, s’il y avait beaucoup de gens sauvés, ne répondit point directement à ceux qui lui faisaient cette question indiscrète. Il ne dit point, qu’il y aura peu ou beaucoup de gens sauvés ou damnés, mais il les exhorte simplement, à faire tous leurs efforts pour entrer par la porte étroite, qui conduit au ciel: Comme s’il leur eut dit, il ne vous convient point d’exercer votre curiosité sur ce sujet, mais vous devez plutôt penser uniquement à chercher les moyens d’entrer par la porte étroite, pour arriver au ciel (Luc XIII. 23-24.).
Discours téméraires sur ces sujets condamnés.
Nous ne pouvons donc que désapprouver les discours impies de quelques personnes, qui disent:
– Comme il y a peu de gens lus et puisque je ne suis pas assuré d’être de ce petit nombre, je ne veux point me gêner, mais vivre à mon gré.
D’autres disent:
– si je suis prédestiné et élu de Dieu, rien ne peut m’empêcher d’être sauvé, puisque le salut m’est assuré, quoique je fasse.
Si au contraire je suis du nombre des réprouvés, ni la foi, ni la repentance ne me serviront de rien, parce que le décret de Dieu ne peut pas être changé: Dès lors toutes les instructions et les exhortations sont inutiles. L’apôtre condamne expressément ces sortes de discours.
Il ne faut pas, dit-il, que le serviteur du Seigneur soit querelleur, mais plutôt qu’il soit débonnaire envers tous, propre à enseigner, supportant les méchants, corrigeant avec douceur ceux qui sont d’un sentiment opposé, afin de voir si Dieu ne leur fera pas la grâce de se convertir , pour connaître la vérité, et si revenant à eux- mêmes, ils ne se dégageront pas du piège du Diable, qui les tient captifs et soumis à sa volonté (2 Tim. II. 24-26.).
Questions curieuses – sur ce sujet – condamnées.
Nous ne saurions pas non plus approuver ceux, qui sans égard au mérite de Jésus-Christ, comme Auteur du salut, demandent, s’ils sont élus de toute éternité? Ou ceux qui veulent savoir, ce que Dieu a résolu et décrété à leur égard avant tous les siècles.
On doit écouter la prédication de l’évangile, et croire ce qu’il nous enseigne, et si vous croyez, et que vous soyez véritablement chrétiens, vous devez être persuadés et pleinement assurés, que vous êtes aussi du nombre des élus. En effet Dieu le Père nous a découvert en Jésus-Christ son décret éternel de prédestination, de la manière que nous l’avons montré ci-dessus par les paroles de Saint Paul. 2 Tim. I. v. 9. et 10.
Comment il faut enseigner cette doctrine.
Il faut donc ici enseigner et considérer sur toutes choses, combien grande est la charité de Dieu le Père envers nous, charité qui nous a été révélée par Jésus-Christ son Fils. Nous devons considérer ce Sauveur lui-même, nous enseignant perpétuellement dans l’évangile, nous appelant à lui:
– Venez tous à moi, nous dit-il, vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai (Matth. XI. 28.).
– Et ailleurs, Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean III. 16.).
– Ce n’est point, dit-il encore, la volonté de mon Père, qu’aucun de ces petits périsse (Matth XVIII. 14.).
Ainsi Jésus-Christ doit être pour nous le miroir, dans lequel nous devons contempler notre prédestination et notre élection: SI nous avons communion avec lui par la sainteté et que par une véritable foi il est à nous et nous à lui! Nous avons en cela un témoignage assez clair et assez assuré, que nos noms sonts inscrits dans le livre de vie (Eph. I. 3-7; Rom. V. 5-11; VIII. 33.).
Cette confiance dans le Sauveur doit particulièrement nous consoler et nous soutenir, lorsque nous sommes tentés au sujet de notre élection, tentation qui est de toutes la plus fâcheuse et la plus dangereuse: Nous devons nous rappeler que les promesses de Dieu sont faites à tous les fidèles en général (1 Jean II. 1-2.). Le Seigneur dit expressément, demandez et il vous fera donné, car quiconque demande, reçoit (Matth. VII. 7-8.).
Souvenons-nous donc que nous prions avec l’église universelle; notre Père, qui es aux cieux. Souvenons-nous que nous avons été unis à Jésus-Christ par le baptême pour être membres de son corps, et que nous avons été souvent nourris dans son église de sa chair et de son sang pour la vie éternelle. C’est par ces considérations, que nous devons nous fortifier et que, suivant la leçon de Saint Paul: nous devons travailler à notre salut avec crainte et tremblement. (Philip. II. 12.)