Chapitre 14: La repentance et la conversion de l’homme – Confession de foi des Églises Réformées de Suisse
Ce qu’est la repentance.
La doctrine de la repentance fait aussi partie de la doctrine évangélique. Il faut qu’on prêche en mon nom, dit le Seigneur, la repentance et le pardon des péchés parmi toutes les nations (Luc XXIV. 47; Actes III. 19.). Par la repentance nous entendons cette douleur ou ce déplaisir de l’âme, qui est excité dans l’homme pécheur par la parole et par l’Esprit de Dieu, sentiment qui est accompagné d’une véritable foi. Par ce sentiment le pécheur reconnaît d’abord sa corruption naturelle et tous ses péchés actuels, que la parole de Dieu lui fait découvir; son cœur en est touché d’une sincère douleur:
– il les déplore devant Dieu;
– il les lui confesse avec simplicité et avec confusion;
– il les déteste avec indignation;
– il pense dès lors sérieusement à s’en corriger, et à s’attacher perpétuellement à l’innocence et à toutes les vertus, pour les pratiquer saintement pendant tout le reste de sa vie (Jér. XXXI. 19; Psaume LI; 2 Corinth. VII. 10; Actes II. 37-38; Prov. XXVIII. 13.).
Telle est la véritable repentance: Elle consiste donc à se détourner sincèrement du côté de Dieu, et de tout ce qui est bien et à se détourner soigneusement du diable et de tout ce qui est mal (Ésaïe I. 16-17; Psaume XXXIV. 14/15; Eph. IV. 21/22-24.).
La repentance est un don de Dieu.
Nous disons expressément que cette repentance est un pur don de Dieu, et non point l’ouvrage de nos seules forces. Dans cette idée l’Apôtre ordonne aux fidèles ministres d’instruire avec soin et avec douceur ceux qui s’opposent à la vérité, afin de voir, si Dieu ne leur donnera pas la repentance pour reconnaître la vérité (2 Tim. II. 24-25.).
Caractère et fruits de la vraie repentance.
Cette pécheresse de l’évangile, qui arrose de ses larmes les pieds du Seigneur (Luc VII. 38.) et Saint Pierre, qui déplore avec des larmes amères la lâcheté, qu’il a eue de renier son maître (Luc XXII. 62.), font voir clairement par leur exemple, quelle doit être la disposition d’un cœur repentant, d’un cœur qui déplore sincèrement les péchés qu’il a commis. D’un autre côté l’enfant prodigue et le publicain de la parabole, mis en opposition avec le pharisien, nous présentent clairement la vraie manière de confesser nos péchéés à Dieu (Luc XV. 21; XVIII. 13.).
– Le premier disait, mon père j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne suis pas digne d’être appelé ton enfant, traite-moi comme un de tes ouvriers à gage;
– Le second n’osant pas lever les yeux au ciel, et se frappant la poitrine, s’écriait, ô Dieu, aye pitié de moi! qui suis pécheur.
Nous ne doutons nullement que Dieu ne les ait reçus l’un et l’autre en grâce. Car l’Apôtre Saint Jean dit:
Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et le sang de son Fils nous nettoie de toute iniquité: Si nous disons que nous n’avons point péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous (1 Jean 1. 9-19.).
La confession auriculaire et l’absolution du prêtre sont rejetées.
Nous croyons, que cette confession qui est faite à Dieu seul, entre Dieu et le pécheur, soit dans le cabinet, soit dans le temple, nous croyons, dis-je, que cette confession suffit pour obtenir le pardon.Il n’est point nécessaire d’aller confesser les péchés à un prêtre, en les lui disant tout bas à l’oreille, pour entendre de sa bouche l’absolution avec l’imposition de ses mains. Nous n’en voyons ni le commandement ni l’exemple dans l’écriture.
David fait cette déclaration de sa conduite:
Je t’ai fait connaître mon péché, et je n’ai point caché mon iniquité. J’ai dit, je confesserai à Dieu ma désobéissance, et tu m’as pardonné mon péché (Psaume XXXII. 5.)
De même le Seigneur nous apprenant à prier, et en même temps à confesser nos péchés, nous a dit, vous prierez ainsi: Notre Père, qui es aux cieux &c. …. pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés (Matth. VI. 9-12.). Il est par conséquent nécessaire de confesser nos péchés à Dieu, il l’est aussi de nous réconcilier avec notre prochain, lorsque nous l’avons offensé, et de lui avouer nos torts. C’est de cette dernière espèce de confession dont parle l’apôtre Saint Jacques, confessez vos péchés, dit-il, l’un à l’autre (Jacques V. 16.).
Quelle sorte de conversion approuvons-nous.
Si quelqu’un est accablé par le poids de ses péchés, ou qu’il soit livré à des tentations dont il ne peut se retirer et qu’il veuille demander quelques conseils, quelques instructions, ou quelques consolations, en particulier, soit à un pasteur, soit à quelque autre frère bien instruit dans la loi de Dieu, nous n’avons garde de le désapprouver. Nous approuvons aussi cette confession générale des péchés, qui se fait dans le temple en public et que le pasteur lit ordinairement dans les assemblées religieuses….
Nécessité d’une vie nouvelle.
Les exemples que nous voyons dans l’évangile nous apprennent combien il faut que les pénitents apportent du soin et de la vigilance pour mener une vie nouvelle en mortifiant le vieil homme, et en vivifiant l’homme nouveau (Eph. IV. 22-24.). Tu as été rendu saint, disait le Seigneur au paralytique qu’il avait guéri, va maintenant et ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive pire (Jean V. 14; VIII.); et à la femme pécheresse, va et ne pèche plus.
Ce n’a pas été le dessein du Seigneur dans ces paroles de faire entendre que l’homme puisse parvenir sur cette terre dans un état où il ne pèche absolument plus; mais il recommande par là – la vigilance et une application exacte à la sainteté – voulant que nous fassions tous nos efforts, et que nous demandions à Dieu la grâce de ne pas retomber dans les péchés dont nous avons été pour ainsi dire «ressuscités». Zachée reçu en grâce s’écrie, je donne, Seigneur, la moitié de mon bien aux pauvres, si j’ai fait tort à quelqu’un, je lui rends le quadruple (Luc XIX. 3 et suiv.).
C’est dans cette idée que nous prêchons, que la restitution, que l’aumône, ou en général les bonnes œuvres sont nécessaires aux vrais pénitents. Nous adressons ainsi en général à tous les hommes cette exhortation de Saint Paul:
Que le péché ne règne point dans votre corps mortel, pour lui obéir en satisfaisant les convoitises de nos corps. N’employez plus vos membres au péché, pour être des instruments d’iniquité; mais donnez-vous vous-mêmes à Dieu, comme étant vivants, de morts que vous étiez; donnez-lui vos membres comme des instruments de justice ou de vertu (Rom. VI. 12-13.).
Erreurs condamnées.
Nous condamnons par conséquent tous ces discours impies de certaines gens, qui abusant de la prédication de l’évangile, disent: «il est aisé de revenir à Dieu; il est facile d’obtenir le pardon des péchés, que Jésus a expié, quel malheur peut-il nous arriver pour avoir péché. Il est superflu de s’exposer aux amertumes de la repentance!» Discours impies, bien éloignés de notre doctrine! Ces discours n’ont été que trop répétés par des Impies de tous les temps.
Nous enseignons simplement:
– que tous les pécheurs repentants peuvent avoir accès auprès de Dieu,
– que tous les Fidèles obtiennent de lui la rémission de leurs péchés,
– qu’il n’y a qu’un péché, qu’il ne pardonne pas, c’est celui contre le Saint-Esprit (Matth. XII. 31; Marc III. 29.).
Nous condamnons par conséquent les erreurs des anciens et des nouveaux Novatiens et des Cathares. De même, nous ne pouvons que rejeter toutes ces doctrines sur la repentance, imaginées pour en tirer du gain, toutes ces indulgences qu’on peut regarder comme autant de simonies. Saint Pierre a prononcé contre Simon une sentence terrible, à laquelle les auteurs de ces inventions s’exposent:
Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as pensé que le don de Dieu s’acquerrait par argent. Tu n’as point de part dans cette affaire, parce que ton cœur n’est point droit devant Dieu (Actes VIII. 20-21.).
Nous désapprouvons encore tous ceux, qui par de prétendues satisfactions croient pouvoir expier leurs péchés. Nous enseignons au contraire, que Jésus-Christ seul, par sa mort, a fait la satisfaction, la propitiation, ou l’expiation de tous nos péchés.
Nous ne laissons pas de côté, comme nous l’avons déjà dit, la nécessité de la mortification de la chair et de la pratique de la vertu. Nous avons soin en même temps d’avertir que l’homme ne doit pas, par un sot orgueil, prétendre faire valoir auprès de Dieu son obéissance, comme une satisfaction pour les péchés. Il faut s’acquitter avec humilité de ses devoirs, ainsi qu’il convient à des enfants de Dieu; c’est une obéissance nouvelle, qu’on lui doit et qu’on lui rend par un principe de reconnaissance, pour la délivrance et la pleine rédemption qu’on a obtenue par la mort et par la satisfaction de Jésus-Christ (Tite II. 11-14.).