Chapitre 17: La sainte église catholique ou universelle et le chef unique de l’église – Confession de foi des Églises Réformées de Suisse
Ce qu’est l’église.
Comme Dieu a voulu, dès le commencement, que tous les hommes fussent sauvés et vinssent à la connaissance de la vérité, il suit de là nécessairement, qu’il y ait eu de tout temps et qu’il y a présentement et qu’il y aura encore à l’avenir et jusqu’à la fin du monde, une église, c’est-à-dire, un assemblage de fidèles, appelés ou rassemblés d’entre les Infidèles. C’est là la réunion ou la communion de tous les Saints; c’est le corps: de ceux qui, par le moyen de la parole et du saint Esprit, connaissent le véritable Dieu en Jésus-Christ notre Sauveur, de ceux qui le servent comme il faut, de ceux enfin qui font rendus participants, par la foi, de tous les biens offerts gratuitement par Jésus-Christ.
Citoyens d’une même cité, vivants sous un seul et même Seigneur, sous les mêmes lois, ils participent tous également aux mêmes biens. C’est ainsi que l’Apôtre Saint Paul les appelle, combourgeois des saints et domestiques de Dieu; donnant le titre de saints aux Fidèles, qui sont sur la terre, et qui ont été sanctifiés par le sang du Fils de Dieu. C’est de tous les Fidèles, qu’il faut entendre cet article du symbole, «je crois la sainte église catholique ou universelle, la communion des saints».
Il n’y a qu’une seule église qui est la même dans tous les temps.
Comme il n’y a absolument: qu’un seul Dieu, qu’un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, savoir Jésus-Christ, un seul Pasteur éternel de tout le troupeau, un seul Chef de ce corps, un seul Esprit, un seul et même salut, une seule et même foi, un seul et même testament ou une seule alliance,
Il fut nécessaire qu’il n’y a qu’une seule église, laquelle nous appelons catholique, parce qu’elle est universelle, que cette église universelle est répandue dans toutes les parties du monde, et qu’elle s’étend à tous les temps, n’étant renfermée dans aucun lieu ni bornée par aucun temps. C’est pourquoi nous n’approuvons pas le clergé Catholique Romain, qui veut nous faire regarder l’église Romaine comme la seule église catholique ou universelle.
L’église de l’ancien peuple et du nouveau est la même.
Cette église a été réglée et conduite de différentes manières, selon les divers temps par lesquels elle a passé. Autre a été son état du temps des Patriarches, autre sous Moïse par le moyen de la loi, et autre sous Jésus-Christ par l’évangile. On distingue ordinairement deux peuples, savoir les Israélites et les Gentils, ou ceux qui ont été rassemblés d’entre les Juifs et les Gentils dans le sein de l’église. On compte de même deux testaments, l’ancien et le nouveau.
Mais tous ces peuples ne forment aujourd’hui qu’une seule et même société; ils n’ont qu’un seul et même salut, par un seul et même Messie, en qui ils sont tous rassemblés et réunis, comme les membres d’un même corps sont aussi sous un seul chef: Ils sont réunis, dis-je, dans une seule et même foi, étant aussi tous participants d’un même aliment et d’un même breuvage spirituel (1 Corinth. X. 4.). Cependant, nous reconnaissons ici, qu’il y a eu en différents temps différents symboles du Messie promis et manifesté, et que les cérémonies étant abolies, nous sommes éclairés d’une lumière plus pure et plus éclatante; nous avons reçu des dons d’un plus grand prix, et nous jouissons d’une liberté plus entière.
Description de l’église.
Cette sainte église de Dieu est appelée la maison du Dieu vivant, bâtie de pierres vives et spirituelles (1 Pierre II. 4-5.) et fondée sur une pierre inébranlable, sur un tel fondement qu’après lui on n’en doit point poser d’autre (1 Corinth. III. 11.). C’est pourquoi elle est aussi appelée la colonne et l’appuie de la vérité (1 Tim. III. 15.). Cette église ne tombe point dans l’erreur, tant qu’elle est appuyée sur la pierre angulaire, qui est Jésus-Christ, et sur le fondement des Prophètes et des Apôtres. Il ne faut pas s’étonner, si elle tombe dans l’erreur, toutes les fois qu’elle abandonne celui qui seul est la vérité (Jean I. 9-17; XIV. 6; XVII. 17.).
Cette église est aussi appelée vierge et épouse de Jésus-Christ, et même son épouse unique et bien-aimée. L’Apôtre Saint Paul dit: je vous ai engagé à un seul époux qui est Jésus-Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge chaste (2 Corinth. XI. 2.). L’église est encore appelée le troupeau des brebis, qui sont sous un seul pasteur, savoir Jésus-Christ, comme on le voit dans Ezéchiel (XXXIV. 23.) et dans Saint Jean (X. 3-16.). Elle est, enfin nommée le corps de Christ, parce que les Fidèles sont les membres vivants de Jésus-Christ, et sous Jésus-Christ leur chef unique (1 Corinth. XII. 27.).
Jésus-Christ seul est la tête de l’église et son chef unique.
Le chef ou la tête est la partie du corps, qui est élevée au-dessus du reste, celle d’où le corps tire sa vie par le moyen de l’esprit qui la gouverne et par qui elle reçoit aussi son accroissement; Ajoutons qu’un corps n’a qu’une seule tête ou un seul chef, et que ce chef a un rapport convenable avec tout le corps.
Ainsi l’église ne peut point avoir d’autre chef que Jésus-Christ, car comme l’église est un corps spirituel, ainsi il faut qu’elle ait un chef qui lui convienne et qui par conséquent soit spirituel et éternel. Elle ne peut pas non plus être conduite ou animée par un autre esprit, que par celui de Jésus-Christ. Saint Paul dit aussi en parlant de Jésus-Christ (Col. I. 18.), il est le chef du corps de l’église et II est le commencement et le premier-né d’entre les morts, afin qu’il tienne le premier rang en tout. Le même Apôtre dit encore (Eph. V. 23.), Jésus-Christ est le chef et il est le Sauveur de son corps, l’église.
Ailleurs (Eph. I. 22-23.), il est le chef de l’église qui est son corps, et l’accomplissement de celui qui accomplit tout en tous. Dans un autre endroit (Eph. IV. 15-16.) il déclare qu’il faut que nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, savoir Jésus-Christ, c’est de lui, que tout le corps bien proportionné et bien joint par liaison de ses parties, qui communiquent les unes aux autres, tire son accroissement à proportion de la force, qu’il distribue dans chaque membre.
La primauté du Pape rejetée.
Ces vérités étant si manifestes, nous rejetons, avec raison la doctrine du clergé Romain, qui enseigne que le Pape ou l’Évêque de Rome est le Pasteur universel et le souverain chef de l’église catholique ou universelle militante sur la terre, et que par conséquent il est le véritable vicaire de Jésus-Christ, revêtu d’un plein pouvoir et d’une autorité souveraine dans l’église chrétienne.
Nous enseignons au contraire:
– Que le Seigneur Jésus est et demeure à jamais le seul et unique pasteur universel, – le seul souverain Pontife devant Dieu le Père; – qu’il remplit seul dans l’église toutes les fonctions de souverain sacrificateur ou de pasteur jusqu’à la fin du monde, et que par conséquent il n’a point besoin de vicaire sur la terre.
Un vicaire est établi pour remplir la place d’une personne, qui ne peut pas être présente. Mais, Jésus-Christ est toujours présent au milieu de son Église (Matth. XXVIII. 20); il en est le chef perpétuel, qui lui donne la vie. Il a même défendu très sévèrement aux Apôtres et à leurs successeurs de s’attribuer aucune prééminence ou domination dans l’église. Qui ne voit donc que tous ceux qui résistent à des vérités si évidentes, qui les combattent, et qui introduisent dans l’église une manière différente de la gouverner, qui ne voit, dis-je, que ces gens-là méritent plutôt d’être mis dans le rang de ceux que les Apôtres de Jésus-Christ ont condamné en divers endroits (2 Pierre II. 1; Actes XX. 29-30; 2 Corinth. XI. 13; 2 Thess. II. 3-4, 8-10 etc.).
Nous n’introduisons point de désordre dans l’église.
En mettant de côté ce chef Romain, c’est-à-dire, en rejetant l’autorité universelle du Pape, nous n’introduisons aucun désordre, aucun trouble dans l’église; puisque nous enseignons que la manière de gouverner l’église qui nous a été donnée par les Apôtres nous suffit pour conserver l’église dans un bon ordre; et que l’église dès son commencement n’a point été en désordre ni déréglée, quoiqu’elle n’eut point ce prétendu chef de Rome, que l’on dit aujourd’hui être nécessaire pour conserver l’église dans l’ordre.
Les marques de la vraie église.
Au reste comme nous ne connaissons point d’autre chef de l’église que Jésus-Christ. Nous ne nous ne reconnaissons pas non plus pour vraie église toute église qui se dit appartenir à Jésus-Christ.
Nous disons, que celle-là est la vraie église, dans laquelle se trouvent les signes ou les marques de la vraie église, particulièrement la légitime ou la pure prédication de la Parole de Dieu, selon qu’elle nous a été transmise dans les livres des Prophètes et des Apôtres, qui tous conduisent les hommes à Jésus-Christ, à cet unique Pasteur, qui a dit dans l’évangile:
Mes brebis entendent ma voix et moi je les connais, elles me suivent et je leur donne la vie éternelle: Elles ne suivent pas un étranger; elles le fuiront au contraire, parce qu’elles ne connaissent point la voix des étrangers (Jean X. 27-28, 5).
Ceux qui sont du nombre des brebis du Seigneur dans l’église, ont une seule et même foi, un même Esprit, et par là même: ils n’adorent qu’un seul Dieu, ils le servent lui seul, en esprit et en vérité; ils l’aiment lui seul de tout leur cœur et de toutes leurs forces; ils l’invoquent lui seul par Jésus-Christ, leur unique Médiateur et Intercesseur, enfin ils ne cherchent ni leur justification, ni la vie hors de Jésus-Christ, et de la foi en lui: parce qu’ils reconnaissent Jésus-Christ seul pour le chef et pour le fondement de l’Église.
Établis sur ce fondement, ils se perfectionnent de jour en jour par la repentance et ils portent avec patience la croix qui est mise sur eux. Liés outre cela par une sincère charité avec tous les membres de Jésus-Christ, ils font connaître qu’ils sont les disciples de Jésus-Christ, en persévérant dans le lien de la paix et d’une sainte union.
Ils participent aussi ensemble aux sacrements que Jésus-Christ a institués selon que les Apôtres nous l’ont enseigné: Ils ne les administrent ni ne les reçoivent point d’une manière différente de celles qu’ils ont apprise du Seigneur. Chacun connaît cette parole de l’Apôtre Saint Paul:
J’ai appris du Seigneur, ce que je vous ai aussi enseigné. (1 Corinth. XI. 23.).
Nous condamnons par conséquent comme étrangers de la vraie église de Christ, ces églises, qui ne sont pas telles qu’elles devraient être, et qui n’ont pas les marques qu’on vient de rapporter, quoiqu’elles se vantent d’avoir la succession des Évêques, l’unité et l’antiquité de la foi.
Les Apôtres mêmes nous ordonnent de fuir l’idolâtrie (1 Corinth. X. 14; 1 Jean V. 21; Apoc. XVIII. 4; 2 Corinth. VI. 14-17.), de sortir de Babylone et de n’avoir point de communion avec elle, si nous ne voulons pas participer aux plaies dont Dieu la frappera.
Tous ceux qui sont dans l’église ne sont pas de l’église.
Ceux que l’on compte dans l’église, ne sont pas tous des Saints, ni des vrais membres vivants de l’église. Trop souvent il s’y trouve plusieurs hypocrites, qui écoutent la parole de Dieu, qui participent en public aux sacrements, qui paraissent invoquer et servir Dieu seul par Jésus-Christ, confesser que Jésus-Christ est l’unique fondement de leur justification, pratiquer les devoirs extérieurs de la charité, et endurer les calamités avec patience pendant un temps; mais au-dedans destitués de la vraie illumination de l’esprit, et de la véritable foi, leur coeur n’est point droit et sincère, et ils ne persévèrent pas jusqu’à la fin. C’est ainsi que Saint Jean dit de certains hérétiques:
Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient pas d’entre nous; car s’ils avaient été d’entre nous, ils seraient demeurés avec nous (1 Jean II. 19.).