Chapitre 2: L’interprétation de l’écriture sainte, des Pères, des Conciles et des traditions – Confession de foi des Églises Réformées de Suisse
Méthode d’interprétation de l’écriture sainte.
L’Apôtre saint Pierre déclare qu’aucune prophétie de l’écriture ne dépend d’une explication particulière (2 Pierre I, 20-21). Nous ne recevons donc pas indifféremment toutes les explications qu’on propose, ni dans examen celles qu’on appelle les interprétations de l’église Romaine que les Défenseurs de cette église veulent qu’on admette aveuglément.
Nous ne regardons comme véritables et orthodoxes que les explications qui se tirent de l’Écriture même. (Irénée, Livre III, Chap. 12 et Liv. IV Chap. 63), en suivant les règles d’une interprétation naturelle.
1. Nous supposons qu’on fasse attention au génie de la langue, dans laquelle les livres sacrés sont écrits.
2. Qu’on prenne garde à toutes les circonstances et aux usages.
3. Qu’on examine les passages parallèles, ceux qui sont semblables ou différents, mais plus clairs, pour les comparer avec ceux qui sont plus obscurs.
4. Une vraie explication doit être conforme à l’analogie de la foi et aux règles de la charité,
5. Enfin elle doit surtout se rapporter à la gloire de Dieu, aussi bien qu’au salut et à l’amendement de l’homme.
Jugement sur les décisions des Pères.
Nous sommes donc bien éloignés de mépriser les saints Pères, tant grecs que latins, ni les explications qu’ils nous ont laissées des livres sacrés. Nous ne rejetons pas non plus leurs autres ouvrages, écrits sur la religion, lorsqu’ils sont conformes à la Parole de Dieu. Mais lors que nous y trouvons quelque chose, qui s’éloigne de cette règle de notre foi, ou qui y est contraire, nous prenons modestement la liberté de les abandonner.
Nous ne croyons point en cela leur faire aucune injure, puisqu’ils ont tous témoigné eux-mêmes qu’ils ne prétendaient point qu’on mit leurs écrits dans le même rang que l’écriture sainte. Ils ont au contraire déclaré qu’ils voulaient qu’on comparât leurs décisions avec celle de l’Esprit de Dieu, pour recevoir ce qui y est conforme et rejeter tout ce qui y est contraire.
Jugement sur les décisions des Conciles
Nous portons le même jugement sur tous les décrets, toutes les décisions et toutes les ordonnances des Conciles.
L’autorité des hommes est insuffisante.
Nous ne reconnaissons par conséquent point l’autorité des Pères, ni les décisions des Conciles pour des preuves incontestables. Moins encore nous laissons nous entraîner sans examen par un ancien usage, par la multitude des suffrages, ou par le consentement de l’antiquité.
L’autorité de Dieu est la seule au-dessus de la contradiction.
L’autorité de Dieu, qui dans sa parole nous enseigne clairement ce qui est vrai et ce que nous devons recevoir, ce qui est faux et ce que nous devons rejeter, est ainsi la seule que nous reconnaissons, et nous ne nous en rapportons qu’è des jugements tirés de la Parole de Dieu par de saints hommes. .
Certainement Jérémie et les autres Prophètes ont condamné avec force les sacrificateurs, qui établissaient quelque chose contre la loi divine (Jér. XXIII, 28-29; Ésaïe VIII, 20; Luc. XXIV, 25-27, 44-46; Jean V, 38-39, 46-47; Gal. I, 7-12.).
Jugement sur les traditions.
Nous rejetons de même les traditions des hommes, de quelque titre respectable qu’on veuille les parer, tel que celui de «divines» et d’apostoliques, comme si elles avaient été transmises des Apôtres à nous, de Siècle en Siècle. Si elles sont contraires à la Parole de Dieu, elles ne sauraient venir des Apôtres, ni de leurs vrais disciples.
Comme les Apôtres ne se sont point contredit les uns les autres, aussi les disciples des Apôtres n’ont-ils rien pu enseigner qui fut contraire aux écrits de leurs maîtres. Ce serait même une impiété que d’avancer que les Apôtres puissent avoir enseigné de vive voix quelque chose d’opposé à ce qu’ils ont écrit.
Saint Paul déclare au contraire aux Corinthiens, qu’il a enseigné les mêmes choses dans toutes les églises (1 Corinth. IV, 17.): Il leur dit encore ailleurs, nous ne vous écrivons rien que ce que vous lisiez et ce que vous saviez déjà auparavant (2 Corinth. I, 13.), et il témoigne que lui et ses disciples tiennent la même conduite et ont tous un même esprit (2 Corinth. XII, 18.).
Jugement sur les traditions des Juifs.
Les Juifs, dès les temps anciens, avaient aussi des traditions orales de leurs Pères; mais elles ont été bien vivement rejetées par le Seigneur Jésus, qui leur a fait voir qu’on ne pourrait s’y conformer, qu’en s’éloignant de la parole de Dieu et que ceux qui les suivent, honorent Dieu en vain (Matth. XV, 7-9; Marc VII, 6.).