Chapitre 20: La sainte cène du Seigneur – Confession de foi des Églises Réformées de Suisse
Ce qu’est la sainte cène.
La sainte cène est appelée aussi la table du Seigneur et l’eucharistie, c’est-à-dire une action de grâces. On donne plus communément le nom de sainte cène à cette cérémonie sacrée, d’un mot latin, qui signifie souper, parce que Jésus-Christ l’institua dans son dernier souper et qu’elle représente aujourd’hui ce souper-là; les Fidèles y sont nourris et abreuvés spirituellement.
Jésus-Christ est l’auteur de la sainte cène.
L’auteur de la sainte cène n’est pas un ange, ni aucun homme, mais le Fils de Dieu même, notre Sauveur Jésus-Christ qui l’a consacrée le premier pour l’usage de son église. Cette consécration ou cette bénédiction durera à jamais dans l’église, chez tous ceux qui ne font point une autre cène, mais qui célèbrent celle-là même que le Seigneur a instituée.
But du Seigneur.
Le Seigneur veut par cette sainte cérémonie nous faire souvenir de ce grand et précieux bienfait, qu’il a procuré aux hommes par sa mort en livrant son corps à la mort, en versant son sang, il nous a assuré le pardon de tous nos péchés; il nous a rachetés de la mort éternelle, et de la puissance du Diable.
Maintenant il nous nourrit de sa chair, il nous abreuve de son sang, qui étant reçus spirituellement par une véritable foi, nous nourrissent pour la vie éternelle. Ce précieux bienfait est renouvelé toutes les fois qu’on célèbre la sainte cène du Seigneur, car le Seigneur a dit, faites ceci en mémoire de moi (1 Corinth. XI, 22-32; Matth. XXVI, 26; 1 Corinth. X, 16.).
La sainte cène nous confirme cette vérité, que le corps du Seigneur a été véritablement livré pour nous, et son sang versé pour la rémission de nos péchés, afin que notre foi ne chancelle point. Ainsi le sacrement nous représente visiblement au-dehors, par le moyen du ministre, il nous met, pour ainsi dire, devant les yeux ce qui se fait d’une manière invisible dans l’âme par le Saint-Esprit même.
Le ministre présente extérieurement le pain, il fait entendre ces paroles du Seigneur, prenez, mangez, ceci est mon corps, prenez et partagez entre vous, buvez-en tous, ceci est mon sang &c. (Matth. XXVI, 26; 1 Corinth XI, 22-24; X, 3-16.).Les Fidèles reçoivent donc ce que le ministre du Seigneur leur donne.
– Ils mangent le pain du Seigneur,
– Ils boivent de sa coupe;
– Ils reçoivent en même temps de Jésus-Christ intérieurement par le Saint-Esprit, la chair et le sang du Sauveur;
– Ils en sont nourris pour la vie éternelle, car la chair et le sang de Jésus-Christ sont véritablement viande et breuvage pour la vie éternelle (Jean VI, 35-54.).
Comme Jésus-Christ a été livré pour nous et qu’il est notre Sauveur: il est le principal objet de la sainte cène; nous ne souffrons donc pas qu’on lui substitue, ou qu’on nous présente quelque chose à sa place.
Les incrédules prennent la sainte cène pour leur condamnation.
Celui qui s’approche de cette sainte table du Seigneur, sans avoir la foi, ne communie qu’au sacrement, mais il ne reçoit point la chose signifiée par le sacrement de laquelle dépend la vie et le salut. Ces hommes mangent indignement à la table du Seigneur:
Ceux qui mangent ainsi du pain du Seigneur, et qui boivent sa coupe indignement se rendent coupables du corps et du sang du Seigneur; ils mangent et boivent à leur condamnation, parce que destitués de la véritable foi, ils déshonorent la mort du Seigneur. (1 Corinth. XI, 27-31)
La présence du Seigneur dans la sainte cène.
Ainsi nous n’attachons pas le corps et le sang du Seigneur au pain et au vin de manière que nous disions que le pain soit le corps même de Jésus-Christ, si ce n’est d’une manière sacramentelle. Le corps de Jésus-Christ est dans le ciel à la droite du Père (Actes I, 9-11; III, 20-21; Hébreux IX, 24; Eph. I. 20-21). Il faut donc élever nos cœurs en haut, et non les abaisser ou les attacher au pain, pour adorer le Seigneur dans le pain.
Ce n’est pas que le Seigneur soit absent de son église, lorsqu’elle célèbre la cène. Le soleil est dans le ciel bien éloigné de nous, cependant il ne se lasse pas d’être efficacement présent avec nous; combien plus Jésus-Christ, le soleil de justice, qui n’est pas présent à la vérité corporellement, mais spirituellement par une opération vivifiante ; Il l’est de la manière qu’il a déclaré lui-même dans son dernier souper qu’il serait présent avec nous pour toujours (Jean XIV; XV; XVI).
Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. (Matth. XXVIII, 20.)
Préparation de la sainte cène.
Il convient donc, quand nous voulons aller à la sainte cène: Que nous ayons soint auparavant et suivant la leçon de l’Apôtre (1 Corinth. XI, 27; 2 Corinth. XIII, 5.), de nous examiner nous-même pour savoir particulièrement de quelle nature est la foi que nous avons, si nous croyons que Jésus-Christ est venu pour sauver les pécheurs, et pour les appeler à la repentance.
La cérémonie de la sainte cène.
Pour ce qui regarde la cérémonie, la manière ou la forme de célébrer la sainte cène, nous estimons que la plus simple et la plus excellente, est celle qui s’approche le plus de la première institution du Seigneur et de la pratique des Apôtres!
Savoir celle qui consiste à annoncer la parole de Dieu, à lui adresser de saintes prières, à répéter l’action même du Seigneur, en faisant comme il a fait, à manger le corps et à boire le sang du Seigneur, représentés par le pain et le vin, à célébrer ainsi la mémoire de la mort du Seigneur, à lui rendre grâce avec foi, et à se joindre de cœur à l’église, pour être saintement uni avec elle.
Retranchement d’une espèce condamnée lors de la Messe.
Nous désapprouvons donc ceux qui ont retranché une des espèces aux Fidèles, savoir la coupe du Seigneur. C’est là s’éloigner de l’institution de Jésus-Christ qui a dit : «Buvez-en tous» (Matth. XXVI, 26-27 ; 1 Corinth. XI, 25-28 ; 1 Corinth. X. 16-21.)