Chères Églises, la moralité n’est pas la solution (John MacArthur)
Dans le livre de l’Apocalypse, Jésus a écrit sept lettres à sept villes d’Asie Mineure. Il ne les a pas adressées aux hôtels de ville. Il les a écrites et envoyées aux Églises.
Prenons quelques instants pour y réfléchir. Dans les derniers chapitres des Écritures, le Seigneur n’a pas donné à son Église la mission de « convertir la culture ». Il n’a pas conseillé à son peuple d’influencer le pouvoir politique pour implanter la moralité, ou pour protester contre la façon de gouverner des hommes immoraux. À vrai dire, il n’a instauré aucune révolution culturelle ni implanté une quelconque stratégie politique.
Aujourd’hui, l’Église — et particulièrement l’Église en Amérique — doit comprendre que Dieu n’a pas appelé son peuple hors du monde pour entreprendre une guerre contre la culture de la société. Nous n’avons pas le mandat de gagner du terrain sur le monde actuel, comme une force opérant superficiellement « pour ramener ce pays à Dieu ». Nous devons écarter l’illusion que la moralité de nos ancêtres a jadis fait de l’Amérique « une nation chrétienne ». Il n’y a jamais eu de nation chrétienne, seulement des chrétiens.
Hors de ce monde
Les croyants doivent comprendre que ce qui arrive politiquement ou socialement en Amérique n’a rien à voir avec le progrès ou la puissance du royaume de Dieu. Aucun changement culturel ne peut accélérer la croissance du royaume de Dieu ni la ralentir (voir Matthieu 16.18). Le royaume de Christ « n’est pas de ce monde » (Jean 18.36).
Cela ne veut pas dire que je méprise notre processus démocratique ou que je ne suis pas heureux d’y prendre part. C’est une grande bénédiction d’avoir le droit de vote et d’être en mesure de soutenir les standards bibliques concernant la moralité. Au cours de l’histoire de l’Église, plusieurs chrétiens sont passés au travers de circonstances bien pires que les nôtres, sans aucun moyen légal pour intervenir.
Néanmoins, prétendre qu’un mouvement social ou une influence politique peut faire une différence spirituelle significative dans ce monde démontre une sérieuse incompréhension de ce qu’est le péché. Les croyants doivent investir leurs énergies dans un ministère qui transforme des vies et non des lois. L’œuvre du royaume de Dieu ne consiste pas à renverser des gouvernements, de réécrire des règlements ou de reconstruire la société pour en faire une sorte d’utopie chrétienne. Les actions politiques et sociales procureront, au mieux et à court terme, seulement des solutions externes aux maux de la société ; de plus, elles ne font rien pour régler l’attitude personnelle, intérieure et dominante des cœurs des pécheurs qui sont hostiles à Dieu (voir Romains 8.7) et qui ne peuvent être sauvés d’une mort éternelle que par leur foi dans le Seigneur Jésus-Christ.
La moralité damne
La moralité en elle-même n’est pas une solution ; elle damne les pécheurs aussi bien que l’immoralité. La moralité ne peut pas changer un cœur de pierre en un cœur de chair, elle ne peut pas briser les chaînes du péché et elle ne peut pas nous réconcilier avec Dieu. Dans ce sens, à elle seule, la moralité est aussi inutile pour sauver que n’importe quelle religion satanique.
Jésus s’oppose constamment aux gens les plus religieux et aux personnes les plus morales en apparence, particulièrement les prêtres, les scribes et les experts de la loi de l’Ancien Testament. Il dit :
« Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Marc 2.17b).
Et dans Matthieu 23, il lance une série d’accusations virulentes contre la droite religieuse de son temps, le parti des pharisiens. Ces hommes sont parmi les plus pieux de leur nation, et gardent méticuleusement la loi de Dieu et observent fidèlement la loi rabbinique. Jésus leur dit :
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! » (Matthieu 23.13)
Le mot « malheur » équivaut à dire « maudits soyez-vous ». Il prononce une damnation et un jugement sur eux. Il répète la même phrase encore et encore dans les versets subséquents. Au verset 16, il les appelle « conducteurs aveugles », puisqu’ils égarent Israël du droit chemin avec leur moralité vainement pieuse.
La moralité ne peut sauver
Ni le changement social ni le moralisme ne font partie des messages des prophètes de l’Ancien Testament. Ils ne font pas non plus partie des écrits du Nouveau Testament ou de ceux du Messie. Cela n’a jamais été le message de Dieu pour le monde. En fait, Ésaïe nous dit que « toute notre justice est comme un vêtement souillé » (Ésaïe 64.5). La moralité de l’homme à son zénith n’est rien de plus qu’un infect chiffon souillé.
En outre, il est dit dans Romains :
« Il n’y a point de juste ; […] Il n’en est aucun qui fasse le bien, pas même un seul » (Romains 3.10-12).
Alors, peu importe la justice imaginaire qu’un homme possède, peu importe la moralité superficielle qu’il exhibe, ce n’est qu’une mascarade. Il n’y a aucun juste, quel que soit le genre de façade pieuse que les gens affichent.
Les gens peuvent changer leur vie. Ils peuvent vivre une crise et décider de se détourner de leur immoralité ou de leur dépendance pour commencer une meilleure vie. Jusqu’à un certain point, certaines personnes peuvent se reprendre en main en y mettant résolument d’extraordinaires efforts humains. Si un nombre suffisant d’entre elles le faisaient, on pourrait constater une légère hausse de la moralité dans la société humaine. Toutefois, une réforme du comportement est sans effet sur la relation des gens avec Dieu. Cela ne sert aucunement à les délivrer de l’esclavage du péché et à les faire entrer dans le royaume de Christ. Le mieux que la moralité peut faire est de changer les gens en un autre groupe de pharisiens condamnés. La moralité ne peut sauver personne de la culpabilité ni générer une sainteté authentique. Les pharisiens et les prostituées partagent le même enfer.
L’Évangile seul doit être le centre du message
La promotion d’une moralité culturelle ou même d’une justice sociale est une distraction dangereuse pour l’œuvre de l’Église. Elle représente un immense gaspillage de précieuses ressources en matière de temps, d’argent et d’énergie. Le passage d’Éphésiens 5.16,17 exhorte les croyants à « [racheter] le temps, car les jours sont mauvais. C’est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur ». Ainsi, la volonté du Seigneur n’est pas une culture gouvernée par une équité sociale ni même un pharisaïsme institutionnalisé.
Le mot évangélique est dérivé du mot grec pour « évangile ». Originalement, cela signifiait pour les chrétiens qui comprenaient que l’Évangile est le cœur et l’essence même de la doctrine chrétienne, que cet Évangile devait être défendu à tout prix. Cependant, par la suite, on l’a tellement teinté de couleurs sociales et politiques qu’il est devenu un terme politique péjoratif rejeté par la grande majorité de la société et même par la plupart de ceux qui se disent chrétiens.
La volonté de Dieu n’est pas que nous devenions politisés au point de faire de notre territoire missionnaire un territoire ennemi. Les chrétiens ont raison de répudier le péché et de déclarer sans équivoque que le péché est une offense à notre Dieu saint. Cela inclut les péchés tels que l’avortement, l’homosexualité, la promiscuité sexuelle et tout autre péché du genre que notre société dénaturée nous force à accepter. Une société vendue à ce genre de transgressions ne va pas changer d’idée et encore moins être gagnée par des protestations orageuses ou par des partisaneries politiques. Il est futile de penser qu’un remède législatif puisse être la solution pour détourner notre société de sa conduite immorale. Aucune loi ne peut rendre justes des pécheurs déchus (voir Galates 2.21).
Le véritable appel de l’Église
Timothée a œuvré dans une culture tout aussi mauvaise que la nôtre. Dans les instructions de Paul à son jeune disciple, aucune ne lui suggère de tenter de changer la culture de son temps. Au contraire, il l’a averti que les choses allaient s’envenimer (2 Timothée 3.13). Ce dont les hommes de ce monde dépravé ont besoin, c’est de l’Évangile. Ils ont besoin d’entendre que leurs transgressions peuvent être pardonnées et qu’ils peuvent être libérés des chaînes du péché et de ce système mondain. Les croyants n’ont aucunement le droit de regarder les pécheurs avec aversion et mépris. Notre attitude envers nos prochains doit refléter l’amour que Christ a envers eux et non exprimer notre désaccord à propos de leurs idées politiques et même de leur moralité. Nous n’avons pas le droit de les priver de la bonne nouvelle du salut, comme Jonas a essayé de le faire avec les Ninivites. Nous devons nous assurer que les pécheurs perdus que nous côtoyons comprennent que nous les aimons suffisamment pour leur offrir la miséricorde de Dieu. Certes, il existe une sainte haine du péché, mais même Christ a pleuré avec compassion sur les âmes perdues et nous devons faire de même.
Un appel à réformer l’Église
Le monde est dans l’état qu’il est actuellement parce que justement, c’est le monde, et l’Église doit le confronter avec la vérité complète. Il est hypocrite pour les chrétiens de sermonner le monde séculier pour la façon dont les incroyants se comportent, alors que tant d’Églises le valident soit en croyant qu’il peut se racheter lui-même par sa force humaine ou en exposant un cirque de divertissement mondain et de vaines distractions pour cacher le vrai problème. Il est grand temps que l’Église se voue au ministère de la réconciliation, que le peuple de Dieu proclame avec courage et fidélité son Évangile, et que son Église soit le sel et la lumière de ce monde ténébreux et désespéré (Matthieu 5.13-16). Voilà ce qu’est le message du Seigneur aux Églises dans l’Apocalypse. Il leur ordonne de repousser la pensée et la corruption du monde, de raviver leur amour pour lui et de garder la pureté de son Évangile et de son Église. Presque toutes les exhortations, les réprimandes, les avertissements et les appels à la repentance que le Seigneur prononce dans ces lettres s’appliquent à l’Église du XXIe siècle, incluant plusieurs des Églises les plus reconnues aujourd’hui et des Églises évangéliques très influentes. Il est temps pour nous de porter attention à ces lettres dans l’Apocalypse et de nous soumettre à Christ et à son appel à réformer son Église.
Cet article est tiré du livre : Un appel à réformer l’Église de John MacArthur