Christ affronte Saul (R.C. Sproul)

« Cependant Saul, respirant encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le souverain sacrificateur, et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il trouvait des partisans de la nouvelle doctrine, hommes ou femmes, il les amène liés à Jérusalem » (Ac 9.1,2). Chaque souffle que Saul exhalait apportait une sorte de menace diabolique sur la vie des croyants, et pas seulement sur ceux qui vivaient à Jérusalem. Il avait demandé au sacrificateur des lettres de soutien officiel pour qu’il puisse continuer ses recherches, ses poursuites et sa persécution des chrétiens à Damas. Il voulait aller jusque-là pour trouver tous les Juifs qui auraient pu être touchés par cette hérésie chrétienne. Il était un peu comme un policier allant voir un juge pour obtenir un mandat. Saul voulait traquer les chrétiens, hommes et femmes, et les amener enchaînés à Jérusalem.

Or, Saul n’est jamais parvenu à Damas pour accomplir sa mission: «Comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur dit : Je suis Jésus que tu persécutes […] Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire » (Ac 9.3-5a,6b).

S’il y a une preuve dans les Écritures que la régénération est un acte souverain, c’est bien celle-ci. Saul n’avait rien fait pour mériter cette merveilleuse intervention dans sa vie. Aucun mérite dans ses actions ou sa vie n’aurait pu inciter Dieu à lui envoyer cette gracieuse visite ; en fait, il avait même beaucoup de démérites. Pourtant, Jésus est venu à Saul, et Saul a été souverainement et réellement converti sur-le-champ.

Plus tard, écrivant sous le nom de l’apôtre Paul, il s’est souvenu que Jésus avait également dit : « Il te serait dur de regimber contre les aiguillons» (Ac 26.14b). C’est une image étrange. Dans le monde antique, lorsque les bœufs étaient utilisés pour tirer les charrettes, il leur arrivait de s’entêter, tout comme les mules, et le conducteur leur donnait alors un coup de fouet sur le dos pour les faire avancer. Parfois, lorsque les bœufs préféraient fermement ne pas bouger et que la piqûre du fouet leur déplaisait, ils ruaient de leurs pattes arrière et donnaient des coups de pied, risquant ainsi de briser la charrette. On avait donc commencé à mettre des aiguillons à bœufs à l’avant des charrettes. Sur l’aiguillon à bœuf, il y avait des pointes solides et tranchantes qui pouvaient blesser les sabots des bœufs et les dissuader de ruer. Mais il arrivait qu’un bœuf particulièrement stupide « regimbe contre les aiguillons ». La douleur du coup de pied donné une fois contre l’aiguillon rendait le bœuf encore plus furieux, et il donnait alors un coup de pied encore plus fort.

Plus il donnait de coups, plus il avait mal, et plus il avait mal, plus il était en colère, et plus il était en colère, plus il donnait de coups de pied. Le bœuf finissait par saigner abondamment à force de se battre contre l’aiguillon.

Jésus voulait lui dire en quelque sorte : « Saul, tu es un bœuf stupide. Pourquoi me persécutes-tu? Tu ne peux pas gagner. Tu es comme un bœuf qui donne des coups de pied contre les pointes d’un aiguillon à bœuf. »

Alors même que Saul était allongé sur le sol, il a levé les yeux vers la lumière resplendissante et a demandé : « Qui es-tu, Seigneur ? » Il ne savait pas qui l’avait arrêté dans sa course, mais il savait que ce devait être le Seigneur, car personne d’autre ne pouvait éclairer le désert au milieu du jour avec une telle lumière aussi resplendissante de gloire. Personne d’autre ne pouvait le faire tomber à terre et l’aveugler de la sorte. Personne d’autre ne pouvait lui parler d’une voix du ciel dans sa propre langue. Ce devait être le Seigneur qui lui parlait. Jésus lui répondit : « Je suis Jésus, que tu persécutes. […] Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire. »


Cet article est tiré du livre : « Que signifie « naître de nouveau » ? » de R.C. Sproul