Christ est le roi parfait (Michael Barrett)
Le Petit catéchisme de Westminster propose une explication concise de la manière dont Christ accomplit sa fonction de roi : «Le Christ est roi en ce qu’il nous soumet à lui-même, nous gouverne et nous défend ; il réprime et vainc tous ses ennemis et les nôtres.» La royauté de Christ est la plus évidente de ses fonctions messianiques mais, paradoxalement, elle est aussi celle qui prête le plus à confusion pour les raisons suivantes.
En tant que deuxième personne de la Trinité, le Fils de Dieu est pleinement souverain sur toutes choses. Dieu est foncièrement indépendant, dans le sens où aucun élément extérieur ne l’affecte. Il exerce une domination absolue sur l’ensemble de sa création. Le Sauveur est donc roi pour le simple fait qu’il est Dieu. Mais le Fils de Dieu est aussi le Christ. Son onction royale se lie étroitement à l’œuvre de grâce qu’il accomplit en tant que Médiateur. La royauté messianique désigne avant tout l’autorité officielle que Christ possède pour régner à la droite de Dieu et pour rassembler tous les élus de Dieu. En vertu de cette royauté particulière, le Seigneur Jésus bâtit, protège et perfectionne l’Église. Comme pour les fonctions sacerdotale et prophétique, le lien entre cette royauté et l’Ancien Testament est vital. Si je parviens à identifier les affirmations qui se rapportent à la royauté de Christ dans le Nouveau Testament et à les retrouver identiques dans l’Ancien, je devrais voir le Christ-Roi que Dieu y révèle. Examinons maintenant quelques éléments concernant l’autorité royale de Christ afin de mieux le trouver dans l’Ancien Testament.
La royauté de Christ est universelle.
Lorsqu’il envoie ses disciples prêcher l’Évangile dans le monde entier, Jésus accompagne son mandat d’une affirmation rassurante : Dieu lui a donné tout pouvoir (plus précisément toute autorité) dans le ciel et sur la terre (Matthieu 28.18). La référence au ciel et à la terre est un mérisme, une figure de style souvent employée dans la Bible. Elle sert à rapprocher deux éléments opposés pour désigner, par inclusion, tout ce qui se trouve entre les deux.
Par exemple, en déclarant qu’il est l’alpha et l’oméga, Christ ne veut pas simplement dire qu’il est la première et la dernière lettre de l’alphabet grec. Il veut dire qu’il est infini, qu’il est tout et en tous. De la même manière, Christ ne limite pas son pouvoir à deux endroits spécifiques lorsqu’il affirme qu’il a reçu toute autorité dans le ciel et sur la terre. Il souligne au contraire la portée universelle de son règne. Aucun endroit n’échappe à sa sphère d’influence royale.
L’autorité d’un souverain se limite toujours aux frontières de son royaume. Si le roi, le président ou le chef d’un territoire sort de ses frontières, il perd son droit de régner. En faisant de moi un mari et un père, Dieu m’a donné le droit et la responsabilité d’être le chef de mon foyer et de ma famille. Dans sa grâce, il m’a donné une famille qui respecte et honore mon autorité. Mais mes voisins ne reconnaissent absolument pas mon autorité. Mon «royaume» est tout petit. Celui de Christ est universel. Si Christ n’était pas le souverain ultime, nous aurions à prêcher l’Évangile dans un monde hostile et effrayant. L’apôtre Paul explique que cette royauté messianique a pour objectif ultime le bien de l’Église, car Dieu a élevé Christ «au-dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de toute dignité, et de tout nom qui peut être nommé, non seulement dans le siècle présent, mais encore dans le siècle à venir. Il a tout mis sous ses pieds, et il l’a donné pour chef suprême à l’Église» (Éphésiens 1.21,22).
La royauté de Christ est irrésistible.
D’une manière ou d’une autre, son royaume sera toujours victorieux. Il conquiert toutes choses. Le Christ-Roi assujettira tous les hommes, soit dans sa grâce, soit dans sa colère. Le jour vient où tout genou fléchira au nom de Jésus, «sur la terre et sous la terre», et où toute langue confessera «que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Philippiens 2.10,11). Le langage de Paul contient des éléments messianiques. Notez qu’il qualifie Jésus de Christ, c’est-à-dire de Messie, et de Seigneur, à comprendre ici au sens fort de maître souverain. Un jour, tous sans exception confesseront la royauté messianique de Jésus. Cette royauté irrésistible se traduit en partie par le salut assuré de son peuple. Dans un de ses premiers sermons, Pierre déclare que Dieu a élevé Christ «comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël la repentance et le pardon des péchés» (Actes 5.31). Le terme rendu ici par «Prince» (archegos) ne se réfère pas au fils d’un roi, dont l’autorité n’est que potentielle ou future. Il désigne plutôt un dirigeant qui est aux commandes. Christ est le champion de son peuple. L’autre aspect de cette royauté irrésistible est l’exercice du jugement. Le Père a «remis tout jugement au Christ», et il punira sans faillir tous ceux «qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus» (Jean 5.22,27; 2 Thessaloniciens 1.8). Apocalypse 19.15,16 décrit d’une manière saisissante le jugement certain et irrésistible de Christ. Il revient sur terre armé d’une épée aiguë qui sortira de sa bouche, et il portera le titre «Roi des rois et Seigneur des seigneurs».
La royauté de Christ est providentielle.
La providence consiste à gouverner et à veiller en permanence sur les affaires du royaume. Paul écrit que le Seigneur Jésus est le premier-né (c’est-à-dire celui qui occupe la prééminence) de toute la création. Il ajoute : «Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Il est la tête du corps de l’Église ; il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier» (Colossiens 1.16,17). Dans la même veine, il est écrit en Hébreux 1:3 qu’«il soutient toutes choses par sa parole puissante.» Christ n’est pas un roi en puissance ou un roi sans royaume. Il règne aujourd’hui même, et il règne parfaitement. S’il nous arrive de douter qu’il est assis sur le trône, nous n’avons qu’à ouvrir les yeux. Est-ce que je vois quelque chose ? Si oui, je n’ai pas besoin d’autres preuves. En effet, si Christ cessait de régner, rien n’existerait plus.
Cet article est tiré du livre : Commençant par Moïse… de Michael Barrett