Comment atteindre les nations chez nous (Andy Johnson)
Stephen a quitté la Chine pour venir étudier aux États-Unis. Il a reçu une éducation athée et a toujours pensé que si Dieu existait, il ne pouvait être un Dieu personnel. Il devait plutôt être distant comme les étoiles ou la lune, c’est-à-dire au-delà de la possibilité de le connaître et hors de notre portée.
Dans son université, Stephen a commencé à suivre des cours d’anglais enseignés gratuitement par des chrétiens locaux. Il appréciait les gens qu’il rencontrait. Il appréciait l’aide qu’ils lui apportaient avec son anglais, mais quelque chose de plus le poussait à venir. Lorsque Michael, l’un des tuteurs d’anglais, lui a proposé de le rencontrer pour discuter de la Bible, Stephen a joyeusement accepté. Pendant plus d’un an, ils se sont rencontrés chaque semaine. Les progrès étaient lents. La barrière linguistique ne facilitait pas la tâche. Certaines semaines, Michael et lui n’abordaient qu’un ou deux versets. Mais Michael a persévéré, semaine après semaine.
Lentement et par à-coups, Stephen a commencé à comprendre Dieu et l’Évangile. Plus d’un an après leur première rencontre, Michael était présent le dimanche où ce jeune Chinois anciennement athée a été baptisé en tant que chrétien.
Dieu amène de plus en plus les nations à nos portes. C’est le cas dans de nombreux endroits dans le monde. Un rapport paru en 2010 sur les dix villes américaines comportant la plus grande population musulmane par habitant cite des villes auxquelles on peut s’attendre, comme Detroit, New York, Houston et Washington D. C. Ce rapport contient également un certain nombre de surprises, comme Peoria dans l’Illinois, et Cedar Rapids dans l’Iowa[1]. Lorsque l’on examine différents groupes ethniques musulmans, les résultats sont encore plus surprenants. Par exemple, en 2015, la ville de Memphis dans le Tennessee se vantait d’avoir de loin la plus grande population kurde des États-Unis.
On peut également parler de la population majoritairement hindoue provenant du sous-continent indien. En effet, on la retrouve dans des endroits comme New York ou San Francisco. Mais on trouve également de grandes communautés à Dallas au Texas, et plus de trente mille Indiens qui vivent à Phoenix en Arizona. Même Columbus et ses environs dans l’Ohio comptent environ seize mille immigrants provenant de l’Inde[2].
Beaucoup d’entre nous n’ont pas besoin de prendre des vols internationaux pour atteindre des individus d’autres religions et cultures. Il nous suffit d’ouvrir les yeux, de regarder autour de nous et d’atteindre les nations dans nos propres villes et villages. Curieusement, le travail d’évangélisation effectué ici même, chez nous, peut sembler plus intimidant qu’un voyage de deux semaines à l’autre bout du monde. De nombreuses personnes ne savent tout simplement pas par où commencer, où trouver les populations non atteintes, et comment les toucher avec l’Évangile. Toutefois, si nous faisons beaucoup d’efforts pour que l’Évangile soit partagé dans des localités lointaines, il est d’autant plus logique de remarquer les personnes que Dieu a amenées à nos portes.
Il n’y a pas de recette magique sur la manière d’encourager cela dans une Église. L’endroit où vous vous trouvez, les personnes qui vivent autour de vous et le style de votre Église sont autant d’éléments qui influencent la manière dont vous devrez vous y prendre. Mais vous pouvez vous appuyer sur quelques principes utiles et réfléchir aux expériences d’une autre Église locale.
1. Faire des recherches
La première étape consiste à déterminer quels autres cultures et groupes ethniques sont présents dans votre région. Pour cela, il suffit d’ouvrir les yeux lorsque vous conduisez dans les différents quartiers de votre ville. Y a-t-il beaucoup de marchés d’alimentation « halal » près de chez vous ? Si oui, il y a de fortes chances que vous ayez des voisins musulmans.
Visiter les épiceries ethniques peut être un moyen particulièrement efficace de découvrir diverses communautés ethniques ou religieuses et d’entrer en contact avec elles. Dans ces marchés, on retrouve souvent des tableaux d’affichage avec des informations sur les événements, les festivals et les besoins de la communauté, ce qui peut vous permettre d’en savoir plus et de développer des relations. Bien sûr, il serait aussi facile et judicieux de faire des recherches démographiques en ligne sur votre communauté.
2. Prendre des initiatives
Quoi que vous découvriez sur votre communauté, il faut généralement faire preuve d’initiative et d’encouragement pour que votre Église s’implique. Dans mon Église locale, nous avons constaté que la majeure partie de la population internationale de notre voisinage était constituée d’étudiants. Lors de nos réunions de prière publiques, nous avons donc commencé à prier de temps en temps pour que Dieu nous permette d’atteindre les étudiants internationaux avec l’Évangile.
Cependant, compter sur Dieu dans la prière n’exclut en aucun cas l’initiative humaine. L’un de nos anciens a également pris des initiatives. Il a discuté avec un membre singa- pourien de l’Église qui s’était lui-même converti lors de son séjour à Londres en tant qu’étudiant international. Ce jeune homme a commencé à animer une étude biblique pour les étudiants étrangers afin de donner l’exemple et d’encourager cette initiative d’évangélisation. Au fil du temps, elle a évolué en cours d’anglais donnés sur deux campus universitaires locaux. La formation d’un réseau constitué de membres de l’Église a permis de rencontrer individuellement les étudiants qui souhaitaient étudier la Bible en anglais. Au bout du compte, plus de cinquante membres de l’Église se réunissaient chaque semaine pour explorer la Bible avec des étudiants provenant de pays où l’évangélisation est sévèrement interdite.
3. Tenter différentes choses
Comment cette initiative pourrait-elle se traduire dans votre Église ? Vous pouvez peut-être organiser des cours de français dans vos locaux, ou proposer à des membres de se joindre à des équipes de football locales pour adultes principalement constituées d’immigrants. Vous pouvez également participer aux efforts de relogement des réfugiés ou vous porter volontaire pour accueillir les étudiants internationaux à l’aéroport. Toutes ces actions peuvent être un excellent point de départ. Mais le meilleur moyen d’atteindre les gens venant d’ailleurs est sûrement d’être aimable et ouvert d’esprit lorsque vous les rencontrez dans les magasins, dans la rue ou dans votre quartier.
4. Parler avec les gens
Une dame de notre Église a rencontré une femme musulmane qui avait commencé à travailler dans le salon où elle se faisait coiffer. Lors de leur toute première rencontre, cette dame chrétienne a mentionné qu’elle se faisait coiffer pour le mariage d’une amie. Elle a alors demandé à la femme musulmane, de toute évidence fraîchement arrivée dans le pays, si elle avait déjà assisté à un mariage chrétien. Elle n’en avait jamais eu l’occasion. Cette dame chrétienne a donc invité la femme à se joindre à elle pour le mariage qui avait lieu dans notre église. La femme l’a accompagnée, elle a entendu l’Évangile et une nouvelle amitié est née. Ça peut être aussi simple que cela.
5. Pratiquer l’hospitalité internationale
La plupart des visiteurs et des immigrants fraîchement arrivés sont naturellement désireux de rencontrer les habitants locaux et de comprendre leur culture. Malheureusement, il est souvent rapporté que 80 % des étudiants étrangers ne verront jamais l’intérieur d’une maison américaine au cours de leur séjour. Les statistiques pour les immigrants ne sont guère tellement mieux. C’est une belle occasion pour les chrétiens de faire preuve d’hospitalité, et pour vous, en tant que responsable ou membre d’une Église, de donner l’exemple aux autres membres de votre assemblée. Et c’est valable, quel que soit le pays où vous vivez.
Les fêtes et jours fériés sont un moment particulièrement propice pour cela. À quasiment chaque grande fête, notre famille reçoit au moins un ou deux étudiants internationaux pour un repas. Ainsi, nous pouvons partager avec eux notre immense gratitude pour la grâce que Dieu nous a accordée en Christ, mais aussi leur faire connaître des traditions culinaires et culturelles amusantes.
6. Se préparer à être patient
Quelle que soit votre façon d’entrer en contact avec des gens de l’international, vous devriez reconnaître les défis que cela implique. Tout d’abord, les attentes de certains étrangers en matière de temps peuvent parfois nous suspendre. Dans d’autres cultures, les gens s’attendent à ce que beaucoup de temps soit consacré aux amitiés.
Vous devez être prêt et disposé à informer vos amis internationaux sur les rudiments de votre culture en fixant gentiment des limites qui vous conviennent, à vous et votre famille. Il vous faudra également beaucoup de patience pour vous investir à long terme dans des relations. Souvent, il est nécessaire d’arracher beaucoup de ronces avant que l’Évangile ne commence à prendre racine. La culture occidentale est loin d’être chrétienne, mais il semble que de nombreux Occidentaux aient une vague affinité avec l’Évangile, que ce soit dû aux parents, aux proches ou à des amis. De même, il existe une certaine cohérence culturelle avec les valeurs de l’Évangile, même si elles sont déformées.
Toutefois, pour plusieurs de nos amis nés dans d’autres cultures, il n’y a rien de tout cela. Ils n’ont peut-être jamais connu de chrétiens auparavant et n’ont aucune affinité avec la Bible ou l’Évangile. Certains individus issus de communautés musulmanes ou hindoues ont peut-être même appris à haïr les chrétiens et la Bible. Vos amis internationaux sont peut-être issus d’une culture radicalement athée, comme la Chine, où la croyance théiste passe pour une déficience mentale. Dieu peut faire et fera ce qu’il veut, mais dans la suite normale des choses, il faut généralement un peu de temps et de patience pour bien surmonter ces obstacles culturels. Mais le fruit en vaut la peine.
Cet article est tiré du livre : La mission de Andy Johnson
[1] Kate Shellnutt, « Houston among the Top 10 Muslim Cities in U.S. », dans Houston Chronicle [« Houston est dans le top 10 des villes musulmanes aux États-Unis », dans Chroniques de Houston], 12 août 2010, < http://blog.chron.com/believei- tornot/2010/08/houston-among-the-top-10-muslim-cities- in-u-s/ > (page consultée le 12 novembre 2020).
[2] « Total U.S. Indian American Population » [La population totale d’Indiens américains aux États-Unis], Pew Research Center, < https://www.pewsocialtrends.org/2012/06/19/the- rise-of-asian-americans/#indian%C2%A0%CB%83. > (page consultée le 12 novembre 2020).