Comment C. S. Lewis vous a-t-il influencé ? (John Piper)

Pasteur John, quelles ont été les marques les plus durables de Lewis sur vous et votre ministère ?

Eh bien, chaque fois que l’on me pose la question de l’influence de qui que ce soit, je dois toujours plaider que je peux me tromper. Parce que je pense que nous sommes influencés de manières et par des personnes que nous ne comprendrions même pas complètement. Voici donc mon meilleur effort pour décrire certaines des marques de C. S. Lewis qui subsistent en moi.

Les vieux livres

Premièrement, Lewis a exposé mon snobisme chronologique d’adolescent. Il est connu pour ça. Le snobisme chronologique dit que les choses sont meilleures parce qu’elles sont nouvelles, et qu’elles sont pires parce qu’elles sont vieilles. Lewis arrive et dit que rien n’est meilleur parce que c’est nouveau et rien n’est pire parce que c’est vieux. C’est comme dire qu’une idée que vous avez eue le jeudi est meilleure que celle que vous avez eue le mardi. Je pense que c’est ainsi que Chesterton l’a exprimé. Les siècles ne font pas disparaître la vérité.

Après m’avoir guéri de cet orgueil, il m’a dit que l’ancien avait une valeur très particulière parce que lorsque vous lisez un vieux livre, il n’a pas les mêmes angles morts et préjugés que vos nouveaux livres. Il a donc le potentiel unique de vous libérer de choses dans votre culture et dans votre vie dont vous ne savez même pas que vous êtes captifs. Je pense que c’est la raison pour laquelle j’aime les puritains et Edwards. C’est pourquoi, lorsque je sors pour aller paître comme un mouton affamé le lundi, après m’être vidé pour mon troupeau le dimanche, je retourne presque toujours quelques siècles en arrière, car il y a quelque chose dans l’air que respirent ces saints plus anciens, saturés de la Bible, que les écrivains contemporains n’ont généralement pas.

Lewis a balayé mes objections immatures et stupides selon lesquelles ce qui est vieux est mauvais et a mis en évidence la superficialité de toujours essayer d’être à la page. Enfin, n’est-il pas frappant que tant d’entre nous entendent sans cesse que d’autres lisent ceci ou cela. Je me dis, oh, mince, je n’ai pas encore lu ça. Je ne veux pas donner l’impression que je ne l’ai pas lu. Et n’est-ce pas affreux ? Je veux dire, c’est juste de la vanité de part en part d’avoir des sentiments comme ça. Et il a été d’une grande aide à ce niveau.

Saisir l’émerveillement

Deuxièmement, il a constaté l’incroyable merveille que constitue l’existence des choses. Non pas que Jimmy Durante ait un énorme nez bosselé et que Richard Nixon ait un nez en pente de ski, mais que chaque personne que vous rencontrez dans la rue ait un nez.

Il a simplement observé le monde et a dit : « N’est-ce pas incroyable ? Regardez. Ils ont des nez. Et les trous dans les nez sont en bas et non en haut pour que la pluie ne puisse pas y pénétrer. Et ils ne sont pas sur le devant comme un cochon pour que le vent ne souffle pas dessus et ne fasse pas de drôles de sons comme un sifflet. »

Il a vu des grenouilles, des abeilles, des baleines, des étoiles, des planètes, des nuages, des roses, des azalées, des pêches, des noix de pécan, du rouge, du bleu, du jaune, la sensation du papier de verre, du verre, l’odeur du lard et de l’herbe fraîchement tondue. Chaque fois que je me rends à l’église vers le mois d’avril, j’entends le premier merle chanter. Je pense que j’entends le premier merle chanter grâce à C. S. Lewis, parce que beaucoup de gens n’entendent jamais le premier merle chanter. Il a vu, puis il a dit ce qu’il a vu de la manière la plus concrète qui soit. Il a simplement examiné les deux grands livres de Dieu – la Bible et le monde – et il m’a enseigné le pur émerveillement de l’état des choses (c’est ce que signifie la quiddité – l’état des choses des choses).

La logique et le romantisme

Troisièmement, il s’agit de le rencontre entre la logique et le romantisme – une pensée précise et un sentiment puissant. Je suis tombé amoureux du raisonnement dans un cours de géométrie en classe de seconde. L’année suivante, en classe de première, je suis tombé amoureux de la littérature, de la lecture et de la poésie. Deux ans plus tard, j’ai rencontré C. S. Lewis, et il a réuni ces deux éléments comme je n’aurais jamais pensé qu’ils puissent l’être.

Lewis était quelqu’un d’aussi tranchant dans sa pensée et son raisonnement que n’importe qui d’autre et quelqu’un qui avait une imagination explosive, vive et puissante. Ces deux choses ont marqué mon ministère probablement autant que n’importe quoi d’autre – la juxtaposition de la logique et de l’imagination ou du romantisme ou des sentiments ou de la poésie. Lewis est celui qui a éveillé ce sentiment qu’ils tiennent ensemble. Ils ne sont pas séparés.

Le langage concret

Une dernière chose, Lewis m’a appris le pouvoir du concret et la faiblesse de l’abstraction dans notre façon de communiquer. Dans mes prédications au fil des ans, j’ai essayé de suivre cet enseignement. Par exemple, ne dites pas que c’est comme un arbre. Dites plutôt, c’est comme un chêne.

Non, dites plutôt, c’est comme le chêne sur la colline verte en face de la maison où j’ai grandi. Non, ne dites pas ça. Dites que c’est comme le chêne sur la colline verte en face de la maison où j’ai grandi qui avait une branche perpendiculaire d’environ 50 cm d’épaisseur si solide qu’une balançoire en bois y était suspendue pour que deux personnes puissent se balancer par une chaude soirée d’été juste à côté du tronc où Noël et moi avons gravé nos initiales à l’été 1968. Dites ça.

Voyez-vous la différence ? Les abstractions sont des résumés et des généralités ennuyeuses. Une grande partie de ce que nous pensons et faisons aujourd’hui enseigne aux étudiants à penser en généralités, à penser en abstractions. Et Lewis a dit : « Vous serez un communicateur impuissant si vous ne devenez pas spécifique, particulier, palpable, visible et “sentable”. »

Donc l’impact de Lewis n’est pas seulement sur la façon dont je vois le passé ou la façon dont je pense à la logique et au sentiment, mais son impact a aussi été énorme sur la façon dont je pense à la communication jusqu’à ce jour.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts.


Cet article est une traduction de l’article anglais « How Has C. S. Lewis Influenced You ? » du ministère Desiring God par Timothée Davi