Comment devons-nous bâtir l’Église ? (Mark Dever)
Comment bâtir une Église en bonne santé ?
De nombreuses réponses ont été offertes par les différentes sensibilités qui traversent le monde évangélique. Certains pensent qu’il faut bien connaître son public et l’attirer en répondant à ses besoins. D’autres proposent un réseau de petits groupes où les membres peuvent expérimenter une « vraie communauté ». Beaucoup prêchent le rejet des « vieilles méthodes » qui marchaient il y a cinquante ans, pour en instaurer de nouvelles, plus en harmonie avec notre monde postmoderne. D’autres encore suggèrent un retour au symbolisme religieux censé aider les gens à trouver le sacré et leur donner le rapport avec le passé qu’ils recherchent dans leur culte à Dieu. Certains préconisent la vente de nos bâtiments d’église pour développer des Églises de maison. Il y en a même qui disent que nous sommes libres de pratiquer tout ce qui peut marcher dans notre contexte local, dès lors que ce n’est pas immoral.
Comment naviguer dans ce labyrinthe des méthodes modernes de construction de l’Église ? Existe-t-il une boussole pour nous sortir de là ? Pouvons-nous nous élever au-dessus du foisonnement des modèles synthétiques du ministère pour avoir une vue plus claire afin d’avancer correctement ? Ces modèles modernes, avec d’autres, supposent que Dieu se désintéresse des méthodes : en d’autres termes, la fin justifie les moyens. « Si le modèle amène les gens à l’église, et qu’ils ont la sensation d’avoir loué Dieu le dimanche, ça doit être une bonne chose, n’est-ce pas ? »
Quand il s’agit de bâtir un peuple pour son nom et sa gloire, Dieu s’intéresse à la façon dont nous participons à ses buts rédempteurs.
La Parole bâtit l’Église
Notre puissance ne vient pas des petits groupes, ou du fait que nous comblons toutes les attentes ressenties par le public. Elle ne vient pas d’un programme quelconque d’évangélisation, de sketches humoristiques, d’un plus grand parking, ou de nos échanges prenant pour cible les postmodernes. Notre puissance vient du message unique que nous portons : l’Évangile (en grec, euangelion), pas de nos innovations. Notre méthode principale doit être la communication claire de ce message au plus grand nombre possible de personnes. Bibliquement, ça veut dire que nous devons fidèlement et sans hésitation prêcher (en grec euangelizo) la repentance et la foi comme seuls moyens du salut (Mr 1.14-15).
Avant de regarder aux détails pratiques des moyens de mieux construire l’Église, soyons clairs sur la relation qui existe entre l’Évangile de Christ et les méthodes de ceux qui exercent un ministère d’implantation et d’édification de l’Église.
La théologie conduit la méthode
Que nous le sachions ou non, notre façon de penser l’Évangile forgera notre manière de le partager. Notre théologie de la Bonne Nouvelle influencera notre façon de bâtir l’Église.
Nos méthodes pour planter et arroser la vigne du Seigneur doivent être choisies en harmonie avec la sienne : l’Évangile, prêché fidèlement par ses serviteurs. Travailler contre les processus de Dieu revient à s’opposer à ses objectifs.
Il nous est impossible d’entrer dans le royaume de Dieu, et encore moins d’y servir, sans que son Évangile œuvre d’abord dans nos cœurs. Nous ne pouvons pas non plus avoir un ministère dans son royaume sans que son Évangile nous donne les paramètres pour le faire. L’Évangile seul doit décider du fond et de la forme de toute méthode que nous employons.
Nous devons mesurer notre succès par notre fidélité à l’Évangile
La puissance de Dieu pour une vie spirituelle et une sainteté authentiques se trouve dans l’Évangile. La fidélité est de la plus haute importance, et non l’innovation ou les résultats immédiats et visibles. Simon le magicien savait attirer les foules, on l’appelait même « la puissance de Dieu » ; mais sa puissance, ses motivations et son message étaient faux (Ac 8.9-11). Nous sommes appelés à être des messagers fidèles. Dieu seul fait croître (1Co 3.6-7), et il le fait grâce à l’Évangile (Ro 10.14-17 ; Ga 3.1-5).
L’Évangile consiste en ceci : Dieu est notre saint Créateur et notre juste Juge. Il nous a créés pour le glorifier et pour que nous nous réjouissions en lui pour l’éternité, mais nous avons tous péché, par Adam, et par nos propres actions individuelles (Ro 5.12; 3.23). À cause de cela, nous méritons la mort – une séparation spirituelle d’avec Dieu, et une éternité en enfer (Ro 6.23 ; Ep 2.3).
Nous sommes en fait des mort-nés spirituels, sans force dans notre péché (Ps 51.7 ; Ro 5.6-8 ; Ep 2.1), ayant besoin que Dieu nous donne la vie spirituelle (Ez 37.1-14 ; Jn 3.3). Pour cela, Dieu nous a envoyé son Fils, Jésus-Christ, pleinement Dieu et pleinement homme (Ph 2.5-11), pour mourir à notre place, et il l’a ressuscité pour notre justification, montrant qu’il était vraiment le Fils de Dieu (Ro 5.1 ; 1.4). Si nous voulons que la justice parfaite de Dieu nous soit attribuée, et qu’il efface nos péchés, nous devons nous en repentir et croire en Jésus-Christ pour notre salut (2Co 5.21 ; Mr 1.14-15).
C’est seulement cet Évangile (Ga 1.6-9) que nous devons prêcher (2Ti 4.2). Cet Évangile seul contient la théologie qui doit conduire nos méthodes de ministère. Cet Évangile seul est celui dont Dieu se sert pour appeler son peuple. Cet Évangile seul nous rend capables et nous forme pour nous rendre participants à la rédemption de Dieu. Par conséquent, cet Évangile seul est capable de mesurer et d’évaluer nos méthodes et nos ministères.
Cet article est tiré du livre : L’Église intentionnelle de Mark Dever & Paul Alexander