Comment Persévérer dans l’Évangile (Paul Washer)
Les Écritures nous enseignent que nous devons non seulement recevoir l’Évangile, mais aussi persévérer en lui. Paul écrit : « Je vous rappelle […] l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré[1] ». Cette simple déclaration exprime deux vérités à la fois distinctes et liées. La première concerne la place du croyant par rapport à Dieu, en raison de l’Évangile. La seconde est relative à la certitude ou la résolution du croyant en ce qui concerne l’Évangile. Ces deux vérités ont de vastes répercussions dans la vie du croyant. La première est la pierre angulaire sur laquelle doit reposer la foi du chrétien : il ne peut se tenir devant Dieu qu’en Christ et au moyen de l’Évangile. La deuxième a une profonde incidence sur la vie du chrétien : il a pris position pour l’Évangile et il tiendra ferme.
Le christianisme biblique repose sur une vérité fondamentale
Le croyant est réconcilié avec Dieu en Christ seul, au travers de l’Évangile. David, dans les Psaumes, nous livre un des plus grands dilemmes de l’humanité : « Qui pourra monter à la montagne de l’Éternel ? Qui s’élèvera jusqu’à son lieu saint ? Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur ; celui qui ne livre pas son âme au mensonge, et qui ne jure pas pour tromper[2]. » Envisager la possibilité, la plus infime soit-elle, de l’existence d’un Dieu personnel et moral pousserait quiconque à trembler devant la question de David. À moins d’être sot ou d’avoir une conscience complètement flétrie, n’importe quel homme reconnaîtra qu’il ne possède pas les compétences nécessaires pour obtenir l’approbation du Juge de toute la terre[3]. Les Écritures nous révèlent que celui qui s’examine lui-même trouvera un cœur tortueux et plus méchant qu’il ne s’imaginait[4]. Si un homme sonde son esprit pour l’examiner, il y découvrira les mauvaises pensées enfouies[5] ; s’il prête attention à ses paroles, il prendra conscience qu’elles sont pleines de tromperie, de malédiction et d’amertume[6] ; s’il observe ses mains, il verra qu’elles sont tachées par d’innombrables fautes ; si, dans le désespoir, il tente de couvrir sa honte en se parant de ses œuvres les plus justes, il verra qu’il est vêtu du manteau souillé et putride d’un lépreux[7]. La lessive et le savon ne suffiront pas à enlever la tache de son iniquité[8]. De quelque côté qu’il se tourne, l’homme est accusé, condamné et sans espoir.
C’est dans ce sentiment d’absolue impuissance et avec une totale résignation que le pécheur illuminé et régénéré regarde Christ et trouve en lui son espérance. Il croit en se détournant de sa propre justice, et il est justifié par la grâce seule au moyen de la foi seule[9]. Dès lors, il porte la double marque d’un chrétien : il se glorifie en Jésus-Christ et ne se confie pas dans la chair[10]. Il fait partie de cette grande assemblée des saints qui ont cru en Dieu et à qui cela a été imputé à justice[11]. Il s’est jeté aux pieds du Christ et s’accroche à lui avec une force démultipliée, comprenant avec terreur ce qui lui serait arrivé s’il était resté livré à lui-même. Il demeure en Christ seul et ne s’aventurera plus loin de lui. Il est convaincu qu’il ne peut monter sur la montagne de l’Éternel et se tenir dans son lieu saint qu’en vertu de la personne et du mérite de Christ. Pour paraphraser les propos d’un écrivain d’hymnes d’antan : « Il trouve son unique espérance dans le sang de Christ et dans sa justice. Il n’ose se confier même dans les plus belles choses, mais s’appuie entièrement sur le nom de Jésus. Il demeure en Christ, le rocher sûr et solide, sachant que tout autre appui est glissant ; tout autre appui est glissant[12] ».
La réconciliation avec Dieu n’est promise par la foi chrétienne qu’au travers de Christ seul.
Si nous tenons cela pour vrai, nous devons nous résoudre à rester attachés à l’Évangile et à nous tenir fermement en celui-ci. Il est utile de noter que le verbe se tenir vient du grec hístemi, le terme usuel pour désigner l’acte physique de se tenir debout. Cependant, il est souvent utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner la certitude, la résolution, la constance, la fermeté et la caractéristique de ce qui est inébranlable et immuable. Paul, dans son exposé sur la guerre spirituelle à livrer, utilise le terme trois fois pour exhorter les croyants à « tenir ferme contre les ruses du diable[13] ». À partir d’un verbe qui s’y apparente, nous comprenons que les croyants doivent « tenir ferme » dans le Seigneur, dans la foi, dans la grâce de Dieu et dans les traditions apostoliques[14].
Le croyant doit par-dessus tout persévérer dans l’Évangile et ne pas s’en écarter. Le bâtiment dont on a retiré la pierre angulaire s’écroule tout entier. C’est la raison pour laquelle l’apôtre Paul a sévèrement repris les Églises de Galatie :
Je m’étonne que vous vous détourniez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, pour passer à un autre évangile. Non pas qu’il y ait un autre évangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent altérer l’Évangile de Christ. Mais, si nous-mêmes, si un ange du ciel annonçait un évangile s’écartant de celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un vous annonce un évangile s’écartant de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème[15] !
Chaque mot, chaque doctrine des Écritures a son importance
Toutefois, certaines doctrines ont plus de poids que d’autres. Notre salut éternel ne dépend pas d’une subtilité de l’ecclésiologie ou de l’eschatologie ; il découle entièrement de l’Évangile[16]. Il n’est pas rare qu’un chrétien sage et mûr change d’avis, au cours de son pèlerinage terrestre, sur les nombreux principes mineurs de la foi, mais il ne doit pas et ne devra jamais s’écarter des bases de l’Évangile[17]. L’homme, la femme, l’adolescent ou l’enfant ayant sincèrement accueilli l’Évangile y demeurera, prouvant ainsi qu’il ou elle l’a véritablement reçu.
Le monde dans lequel nous vivons est hostile à l’Évangile de Jésus-Christ et le méprise. Plus en encore, ce monde est sous la puissance du malin, qui s’oppose à l’Évangile par-dessus tout et qui, s’il le pouvait, chercherait à l’éradiquer[18]. À vrai dire, le diable serait même prêt à mettre une bible entre les mains de tout homme et à encourager l’obéissance à chaque commandement, à condition qu’il ne soit pas fait mention de l’Évangile. Or, sans l’Évangile, l’ensemble des croyances chrétiennes s’effondre.
Nous devons, en tant que croyants, non seulement recevoir l’Évangile, mais aussi y demeurer fermes. Nous ne devons pas ignorer les combines du diable, sans quoi nous risquons d’être pris au dépourvu[19]. Ne nous laissons pas séduire par des pseudo-sauveurs qui cherchent à nous dérober notre confiance en Christ, ne cédons pas aux légalistes qui essaient d’ajouter à notre foi en lui, ne suivons pas les prophètes autoproclamés qui veulent reconcevoir l’Évangile afin de le rendre plus pertinent ou plus attrayant pour la culture ambiante ! Tournons notre regard vers l’Évangile et cherchons à y demeurer lorsque l’accusateur souligne notre péché et se moque de notre espérance dans la gloire à venir ! Et lorsque ses accusations tournent à la flatterie et qu’il met en avant notre piété digne de récompense, nous devons le démentir avec ce serment : « Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde[20] ! »
Cet article est tiré du livre : La puissance et le message de l’Évangile de Paul Washer
[1] 1 Corinthiens 15.1
[2] Psaumes 24.3,4
[3] Psaumes 14.1 ; 53.2
[4] Jérémie 17.9
[5] Jérémie 4.14
[6] Romains 3.13,14
[7] Ésaïe 64.5
[8] Jérémie 2.22
[9] Éphésiens 2.8,9
[10] Philippiens 3.3
[11] Genèse 15.6 ; Galates 3.6
[12] Adapté du cantique d’Edward Mote, The Solid Rock [Le rocher sûr et solide], trad. libre.
[13] Éphésiens 6.11,13,14
[14] Le verbe qui s’y apparente est stéko au présent, qui vient de estéka au passé composé,issu de hístemi. Philippiens 4.1 ; 1 Thessaloniciens 3.8 ; 1 Corinthiens 16.13 ; 1 Pierre 5.12 ; 2 Thessaloniciens 2.15.
[15] Galates 1.6‑9
[16] L’ecclésiologie est l’étude de l’Église ; l’eschatologie, celle de l’achèvement ou de la fin des temps.
[17] Colossiens 1.22,23
[18] 1 Jean 5.19
[19] 2 Corinthiens 2.11
[20] Galates 6.14