Comment pouvons-nous être le corps du Christ alors que nous sommes physiquement séparés ? (Erik Raymond)

Comment pouvons-nous être le corps du Christ alors que nous sommes physiquement séparés ? 

Des millions de chrétiens à travers le monde tentent de répondre à cette question dans le cadre des mesures de plus en plus restrictives déployées pour lutter contre la propagation du coronavirus.

La Bible utilise la métaphore du corps pour décrire l’Église. L’idée de séparer un corps est révoltante. Le corps n’est pas fait pour être séparé. De la même manière, le corps de Christ devrait rester uni. Le peuple de Dieu se rassemble dans toutes sortes de circonstances, mais surtout lors du culte du dimanche. Mais aujourd’hui, dans la crise actuelle, nous ne le pouvons pas.

Comment pouvons-nous être le corps du Christ alors que nous sommes physiquement séparés ? Bien que la présence physique renforce considérablement notre communion dans le corps du Christ, elle n’est pas la sphère exclusive de notre unité. En d’autres termes, le lien qui nous unit en tant que corps n’est pas principalement physique, mais spirituel. Cela signifie qu’en tant que chrétiens, nous pouvons toujours nous faire du bien les uns aux autres, même lorsque nous sommes séparés.

Voici cinq façons d’être le corps du Christ, même lorsque nous sommes physiquement séparés.

1. Lisez

Nous devons nous-mêmes passer du temps dans la Parole de Dieu (Ps 1). Négliger le pain de vie, c’est négliger notre âme. De plus, négliger la Bible, c’est aussi négliger le corps du Christ. Paul exhorte l’Église de Colosses :

Que la parole de Christ habite en vous dans toute sa richesse ! Instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres en toute sagesse par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantez pour le Seigneur de tout votre cœur sous l’inspiration de la grâce (Col 3.16).

De même, face à l’apostasie, l’auteur de l’épître aux Hébreux instruit l’Église d’utiliser adroitement la Parole dans le ministère d’exhortation. Nous sommes vraiment les gardiens de nos frères (et sœurs) !

Faites attention, frères et sœurs : qu’aucun de vous n’ait un cœur mauvais et incrédule qui le détourne du Dieu vivant. Au contraire, encouragez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu’on peut dire : “Aujourd’hui”, afin qu’aucun de vous ne s’endurcisse, trompé par le péché (Hé 3.12,13)

Comment pouvez-vous servir le corps du Christ tout en étant séparés ? Lisez la Bible. Méditez-la. Mémorisez-la. Écrivez-la sur votre cœur. Pourquoi ? Faites tout cela pour avoir quelque chose pour encourager vos frères et sœurs. Il y a des besoins réels. Les gens souffrent et sont confus. Si vous partagez ce que vous avez retiré de la Parole de Dieu avec les autres, alors vous les servirez bien. Lorsque nous interagissons avec les autres, nous devons chercher des paroles appropriées qui feront du bien à ceux qui nous écoutent (Ép 4.29). En lisant quotidiennement les Écritures, nous arriverons à faire cela.

2. Priez

La prière est l’une des choses les plus évidentes que nous puissions faire. Le fait d’être séparés physiquement ne limite pas le service que nous pouvons nous rendre les uns aux autres de cette façon. On en trouve un exemple dans 1 Thessaloniciens, où Paul avait un grand désir de voir l’Église face à face (1 Th 2.17). Néanmoins, il priait continuellement pour eux (1 Th 1.2-9) et leur demandait de prier (1 Th 5.17,25). De même, Paul écrit aux Colossiens, leur disant :

Je veux, en effet, que vous sachiez à quel point il est grand, le combat que je soutiens pour vous, pour ceux qui sont à Laodicée et pour tous ceux qui n’ont jamais vu mon visage. (Col. 2.1)

Mais cette distance et ce fardeau n’ont servi qu’à alimenter ses prières pour eux (Col 1.9-14).

De même, dans notre période de séparation, nous pouvons prier les uns pour les autres. Nous pouvons prendre ces prières de Paul et les faire nôtres. Nous pouvons prendre le Notre Père (Mt 6.9-14) et prier ainsi les uns pour les autres. Nous pouvons aussi prier pour que Dieu ouvre les oreilles de nos frères et sœurs aux vérités de la Parole de Dieu. J’utilise l’annuaire de notre Église pour prier pour chacun des membres de mon assemblée. J’inclus aussi dans mes prières les invités, les missionnaires, les Églises sœurs et mes amis dans le ministère. Utilisez une liste de requêtes pour votre Église locale. Priez également pour vos anciens et leurs familles. Bien que vous puissiez être personnellement mis en quarantaine, vos prières ne le sont pas. Elles montent jusqu’aux narines du Tout-Puissant. Et il se réjouit d’entendre son peuple prier.

3. Luttez

Puisque nous sommes membres d’un seul corps, ce que nous faisons de notre corps physique est important. Il y a des implications pour notre union en tant qu’Église. Nous devons poursuivre la sainteté et être intolérants envers le péché. Le but de la discipline de l’Église (Mt 18.15-18 ; 1 Cor 5.1-14) est de purifier l’Église. Si un membre de l’Église ne vit pas à la lumière de sa profession de foi, un autre membre vient à ses côtés pour lui rappeler avec amour la Parole de Dieu. Si la personne cède au péché et continue à vivre de façon impénitente, alors elle affecte l’Église. Paul réprimande ici la négligence des Corinthiens en disant :

Vous n’avez vraiment pas de quoi être fiers ! Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? Purifiez-vous [donc] du vieux levain afin d’être une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain. En effet, Christ, notre agneau pascal, a été sacrifié [pour nous] (1 Co 5.6-7)

Combattez votre péché

Le combat dont je parle est contre notre propre péché. En comprenant que nous faisons partie du corps du Christ, nous voulons alors lutter contre le péché qui polluerait le corps. Tout comme vous ne voudriez pas faire quelque chose qui vous ferait du mal, vous ne voulez pas non plus blesser le corps. Pendant la période d’isolement causée par le coronavirus, les rapports indiquent que toutes sortes d’activités indésirables sont en pleine croissance. Les péchés comme l’ivresse, les abus, la pornographie et autres se multiplient. En tant que chrétiens, nous ne devons pas voir cette période comme une occasion de tomber dans un laxisme moral ou dans l’auto-indulgence. Celle-ci devrait plutôt être marquée par la sainteté et l’abnégation. Nous devons lutter contre le péché et le mettre à mort parce que nous sommes du Christ (Ro 8.13 ; Col 3.5). Et si nous sommes du Christ, alors nous faisons partie de son corps.

4. Servez

Le fait d’être séparé peut rendre le service chrétien plus difficile. Cela nous oblige à être créatifs. Au lieu de nous rencontrer face à face, nous pouvons prendre le téléphone et nous appeler pour prendre des nouvelles. Nous pouvons aussi nous envoyer des SMS, des courriels ou des vidéos. Présentement, nous pouvons encore écrire des lettres et les déposer dans le courrier. Faites en sorte que vos interactions soient intentionnelles. Cherchez à offrir des mots d’encouragement qui sont remplis de grâce. Faites savoir aux gens ce que Dieu a déposé dans votre cœur. Dites-leur comment vous avez prié pour eux. Demandez-leur s’ils ont des besoins physiques, financiers ou autres. Peut-être qu’ils ont besoin de faire des courses, de réparer des fuites ou de payer des factures. Au fur et à mesure que des besoins se font sentir, contactez vos anciens et vos diacres pour leur faire part de ces besoins. Veillez à ne pas réduire le service chrétien aux seules activités que nous faisons à l’église. Le service est ce que nous faisons ensemble en tant que corps, en s’aidant mutuellement à connaître et à suivre Jésus.

5. Donnez

Une des expressions de l’appartenance au corps du Christ est le don régulier, joyeux et sacrificiel à l’œuvre du Seigneur dans nos Églises locales. Bien que la crise actuelle ait des implications de grande envergure, l’Église locale n’en est pas exempte. Même si les Églises ne se réunissent pas publiquement, elles ont toujours des besoins. Elles comptent sur les offrandes régulières de leurs membres pour soutenir leurs missionnaires, payer leur personnel, payer l’hypothèque et les services publics, ainsi que pour venir en aide aux plus démunis. Chaque membre devrait mettre ce besoin dans ses prières et considérer avec soin le service qu’il peut rendre à son Église dans ce domaine.

En conclusion, il existe de nombreuses autres façons dont l’Église peut être l’Église lorsqu’elle n’est pas réunie physiquement. Je suis reconnaissant que, bien que ces défis soient nouveaux pour nous aujourd’hui, ils ne sont pas une surprise pour Dieu. Il est maître de la situation et il reste inébranlablement engagé envers son Église. Cherchons sa sagesse pour faire de même.


Cet article est une traduction de l’article anglais « How Can We Be the Body When Physically Separated? » du ministère The Gospel Coalition.