La semaine dernière, une chrétienne fidèle de notre Église a été emmenée à l’hôpital. Elle avait peu de chance de passer la nuit. Son époux, marié à elle depuis 71 ans, est resté chez lui pour éviter de s’épuiser. C’est lui que j’ai visité en premier. Je suis arrivé vers 22 h. C’est lorsque nous sommes confrontés à ce genre de situation que nous nous rappelons pourquoi nous sommes pasteurs. C’était difficile de voir cet homme vivre cette douleur atroce que peu connaîtront ici-bas.
Cependant, je me sentais honoré d’être présent pour prendre soin de cet homme qui vivait un grand moment de désespoir. Cet homme est une personne clé dans notre assemblée. C’est un leader fidèle depuis plus de 50 ans. Il a dessiné les plans de notre église actuelle qui a été construite dans les années 1950. Et voilà qu’il voulait entendre les conseils de quelqu’un qui était assez jeune pour être son petit-fils en s’attendant à avoir des réponses à propos des façons d’affronter la vie. Nous étions assis ensemble et il savait que sa femme allait mourir probablement cette nuit-là. Voici quelques réflexions que j’ai eues durant ma visite.
1) Ne prétendez jamais savoir ce qu’il ressent
La pire chose à faire est de prétendre que vous comprenez ce que cela fait de laisser partir sa femme après 71 ans de mariage, alors que vous n’avez pas vécu cela. Regardez-le simplement dans les yeux et dites-lui : « Cher frère, j’ignore ce que vous êtes en train de vivre actuellement, mais je suis sincèrement désolé pour la douleur que vous ressentez sûrement en cet instant. » Ayez de la sympathie, n’essayez pas d’être rationnel.
2) Demandez-lui de raconter des histoires sur son épouse
N’ayez pas peur de poser des questions audacieuses sur son épouse. Cela fait partie de tout bon processus de deuil. Vous devez faire attention et voir ce qu’il est prêt à vous dire. Vous pouvez lui demander de vous raconter leur rencontre, le jour de leur mariage ou des anecdotes liées aux anniversaires de mariage spéciaux qu’ils ont célébrés. C’est un exercice qui amène beaucoup de réconfort, même en un moment critique tel que celui-ci.
3) Rappelez-lui que Dieu a un but pour sa vie
À un moment, il m’a regardé les larmes aux yeux et m’a dit d’un ton très sincère : « Que dois-je faire maintenant ? » N’essayez pas de répondre. Dites simplement : « Je l’ignore, mais si Dieu vous laisse ici-bas après le départ de votre épouse, c’est qu’il a encore un grand projet pour honorer Christ à travers votre vie ». Dites-lui que vous avez l’intention de traverser cette période difficile avec lui pour le découvrir.
4) Réconfortez-le avec l’espoir qui se trouve en Christ
Cet homme voyait sa femme souffrir atrocement depuis près d’un an. En fait, l’origine de sa grande fatigue venait du fait qu’il était, à 91 ans, celui qui s’occupait principalement de sa femme. Il était témoin de sa souffrance. Rappelez-lui que ceux qui sont en Christ ne souffrent plus et sont désormais en présence du Sauveur lui-même. Ceux qui voient leurs êtres chers souffrir trouvent du réconfort dans ce soulagement rempli d’espérance qu’apporte l’Évangile.
J’ai quitté la maison de cet homme pour visiter sa femme à l’hôpital. Bien qu’elle soit restée en vie cette nuit-là, elle est morte le soir suivant. La bonté de Dieu a été toutefois si évidente durant cette période de détresse que cet homme, qui avait autrefois du mal à me voir comme un pasteur, me faisait maintenant confiance et s’ouvrait à moi comme un enfant avec son père. Chers frères et collègues pasteurs, ces situations devraient nous rappeler pourquoi nous avons été appelés en tant que pasteurs. Ce n’est pas pour prêcher à de grandes foules ou pour être connus, mais pour cultiver ces moments précieux où nous pouvons prendre soin des membres de notre Église lorsqu’ils passent par des temps difficiles. Vous découvrirez, comme je m’y attendais avec cet homme devenu récemment veuf, que votre relation avec ceux dont vous prenez soin ne sera plus jamais la même.
Priez pour moi. J’enterrerai son épouse plus tard dans la journée.
