Comment racheter une vie gâchée (Greg Morse)
Une fleur qui n’a jamais fleuri, un fruit qui n’a jamais mûri, un sein qui n’a jamais enfanté, un œuf qui n’a jamais éclos : une vie gâchée.
Peut-être reste-t-il peu de temps pour dire et faire ce que vous avez laissé en suspens et inachevé. Vous grimacez peut-être en regardant en arrière, en vous demandant : « Qu’est-ce que j’ai fait ? » ou « Où est-elle passée ? ». C’est le lit que vous avez fait ; tant de pétales sont déjà tombés. Vous vous retrouvez à saisir les tiges épineuses de souvenirs que vous aimeriez voir rejouer si différemment dans votre esprit. Vous pouvez maintenant, comme jamais auparavant, regretter d’avoir investi votre vie dans un monde qui menace maintenant si vite de vous expulser.
Peut-être que les enfants, si vous en avez, vous rejettent maintenant. Il est peut-être trop tard pour dire à votre mère que vous êtes désolé. Peut-être que la vie meilleure que vous attendiez au coin de la rue n’est jamais arrivée. Des années gâchées par une combinaison de mauvaises circonstances, de mauvaises fréquentations et de mauvais choix, votre sable est tombé dans le sablier – tout ça pour quoi ?
Personne ne veut gâcher sa vie, mais que faire si vous craignez de l’avoir gâchée ? Le voleur qui est mort à côté de Jésus sur la croix, et qui a vécu une vie des plus ravagées et des plus pitoyables il y a deux mille ans, se distingue comme une fleur qui a poussé entre les fissures du pavé, montrant comment, même sur la dernière page de la vie, même dans ses dernières lignes, une vie gâchée peut être rachetée.
Sa dernière page
Quelle sensation étrange cela a dû être de se réveiller ce matin-là en sachant que ce jour serait son dernier.
Contrairement à la plupart des gens, qui ne savent pas précisément quand les doigts froids de la mort vont les saisir, il savait que dans quelques heures seulement il serait mort. Son corps serait dépouillé, son corps laissé vacant. Ses mains ne serreraient plus jamais les rames d’un bateau de pêche, ses yeux ne verraient plus le soleil tomber derrière le rideau de l’horizon, sa voix ne serait plus entendue au pays des vivants.
Bientôt, il ne serait plus là. Les oiseaux ne le réveilleraient plus avec leurs chants, et la brise ne le saluerait plus tôt le matin. Il ne se disputerait plus avec sa mère à propos de ses Écritures – demain n’existerait pas pour lui. Les rayons qui pénètrent dans sa prison ne lui apportent aucune chaleur.
L’homme ? Ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs : lorsqu’un vent souffle sur elle, elle disparaît, et la place qu’elle occupait ne la reconnaît plus. Les paroles de son enfance résonnaient involontairement dans son esprit.
Ce n’était pas un vent doux qui allait bientôt passer sur lui, mais une tornade romaine. Les brutes l’avaient condamné à une fin des plus horribles, une fin qui faisait que sa mère recrachait son repas : la crucifixion. Il frissonna en se remémorant la vue d’hommes adultes, nus, se tortillant comme des appâts sur un crochet à l’extérieur de la ville, à la vue de tous. Sanglants, criant, pleurant, gémissant – il serait l’un d’entre eux.
Un parmi trois
Parmi les fouets, les chaînes et les moqueries qui l’ont escorté jusqu’à cette terrible colline, sa propre conscience s’est jointe à lui comme un tortionnaire invisible, mais pas sans talent. Il a toujours pensé qu’il finirait par s’amender. Mais ce jour n’est jamais venu. Maintenant, alors qu’il gravissait péniblement la colline pour servir de sport à des hommes cruels, une petite voix intérieure lui rappelait qu’il vivait désormais dans une terre dépourvue de seconde chance.
Ce jour-là, il n’y avait plus de deuxième chance. Pas de temps pour corriger le tir. Les branches ne se rattacheraient pas. La sentence ne pouvait pas être inversée. Le vase brisé ne serait pas restauré. Ce monde lui était arraché des mains. Il ne restait que quelques heures, sûrement les pires de son existence déjà pitoyable. Il finirait par implorer la mort.
Alors que des clous tachés de sang envahissaient ses poignets, des ondes de choc d’une douleur qu’il n’avait jamais connue le submergèrent. Son esprit se contracta sous le flot de la douleur pour se réveiller lorsque les deux autres clous l’empalèrent. Il se souvient à peine d’avoir été soulevé du sol, si ce n’est par le bruit sourd et convulsif de la croix qui tombe en place. Deux autres ont été érigées à proximité. Avant de s’immerger à nouveau dans les courants de la conscience, il s’est surpris à se demander pourquoi tant de gens se tenaient autour d’eux.
Le voir à travers une vie gâchée
De nombreux yeux le fixaient. Il détestait chaque paire. Pourquoi une telle foule devait-elle assister à sa misérable mort ? Heureusement, il n’était pas l’objet principal de leurs moqueries. Il jouait un second rôle dans ce chant funèbre sauvage. Qui était cet homme qu’ils détestaient tant ?
Bien sûr, il fallait que ce soit le même jour. L’homme qui se promenait en agitant les pharisiens, prétendant être le Messie, était pendu à côté de lui. Quelle belle destinée pour un Messie. Échappant au mécontentement de la foule, il s’est joint à elle pour le tourner en dérision.
C’est peut-être ce qu’il a entendu de la part de ses ennemis : « Il en a sauvé d’autres ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie choisi par Dieu ! » (Luc 23.35). Attendez, même ses ennemis admettent qu’il a effectivement sauvé d’autres personnes ? Pourrait-il vraiment être le Christ de Dieu, son Élu ? S’il a sauvé d’autres personnes, pourrait-il me sauver ?
C’est peut-être ce qu’il a vu. De la foule de femmes en pleurs qui le suivaient jusqu’au Golgotha, à la foule qui se rassemblait pour voir s’il allait se sauver lui-même, en passant par ses ennemis qui l’entouraient pour l’assaillir : qui est cet homme ? Un écriteau au-dessus de sa tête, inscrit en trois langues, disait : « Celui-ci est le roi des Juifs » (Luc 23.38). Se pouvait-il vraiment qu’il le soit ?
Peut-être était-ce l’événement surnaturel entourant sa mort. Trois heures de ténèbres à midi (Matthieu 27.45) ? Qu’est-ce qui peut expliquer cet obscurcissement du soleil ? Qui est-ce pour que même la plus grande lumière quitte son trône et se mette à fuir à sa mort ?
Peut-être est-ce ce qu’il a entendu de la bouche de Jésus lui-même. Alors que les hommes se moquaient de lui et le tourmentaient, riant et l’insultant, il répondait à leur dérision par la prière : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23.34). Il avait maudit la foule, mais cet homme – avec des clous dans sa chair – a prié pour leur pardon. Qui est cet homme qui appelle Dieu « Père » – même depuis ces terribles hauteurs ? Pourrais-je être une réponse à la prière de ce roi ? Puis-je être pardonné de mes nombreux péchés et de ma vie gâchée ?
Dans un dernier souffle
Il sut que tout avait changé en lui lorsqu’il s’entendit dépenser ses dernières forces fugaces pour faire du monde son ennemi au nom de cet homme.
Le troisième criminel se mit à hurler : « Si tu es le Messie, sauve-toi toi-même, et nous avec toi ! » (Luc 23.39). Avant qu’il ait pu réfléchir, son âme a objecté : « N’as-tu aucune crainte de Dieu, toi qui subis la même condamnation ? Pour nous, ce n’est que justice, puisque nous recevons ce qu’ont mérité nos actes, mais celui-ci n’a rien fait de mal. » (Luc 23.40-41)
Il était coupable, mais pas cet homme. Il était condamné à juste titre, mais pas cet homme. Il était digne de la mort, mais pas cet homme.
Lui qui a gaspillé des millions de souffles tout au long de sa vie est venu haleter avec ses dernières paroles : « Souviens-toi de moi quand tu viendras régner. » (Luc 23.42) Et du roi mourant à son serviteur indigne, vinrent des mots qui bouleversèrent son existence gâchée : « Je te le dis en vérité, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23.43) Au point final de cette existence des plus misérables, il trouva enfin la raison de sa vie : Jésus Christ.
À l’ombre de la croix
Avez-vous gaspillé votre vie ? Êtes-vous sur le point de la gâcher ? Suivez cet homme jadis misérable vers le Sauveur. Que vous ayez été un piètre gestionnaire de vos facultés par le péché ou l’insouciance, courez vers celui qui vous accueille dès maintenant. Il prie pour le pardon de ses ennemis. Au moment où tu croiras en Jésus, les anges crieront et se réjouiront, oui, même de toi et de ta nouvelle vie en lui (Luc 15.7).
Il y a d’autres pages. Même si rien que des regrets vous suivent dans la gloire, vous aurez vécu mieux que les rois et les célébrités non-croyants de ce monde si vous vous repentez de votre péché et croyez au Seigneur Jésus Christ. Il est la Vie même, et seuls peuvent bien mourir ceux qui, comme ce voleur pénitent, périssent en paix à l’ombre de sa croix.
Cet article est une traduction de l’article anglais « How to Redeem a Wasted Life» du ministère Desiring God par Timothée Davi.