Comment un pasteur prend-il soin des victimes du péché (Partie 2) (Dr James Carroll)

Dans mon article précédent, j’ai parlé de la façon dont mon Église s’est bien occupée de moi et de ma famille après le divorce de mes parents. Je vous reviens aujourd’hui pour vous expliquer plus précisément comment le drame de notre famille a façonné ma vision de la vie et du ministère. Les circonstances entourant la division de notre famille et leurs effets sur mon développement spirituel ultérieur illustrent et confirment plusieurs vérités bibliques que je n’aurais pas pu comprendre à l’adolescence et au début de ma vie d’adulte. Voici les cinq leçons les plus évidentes que j’ai apprises.

1) Suivre une religion ne garantit pas une vie de piété

Nous savons tous que cette affirmation est vraie. Nous pouvons citer Ésaïe 29 en nous rappelant qu’il est possible de parler d’une manière pieuse alors que notre cœur est loin de Dieu. Nous pouvons citer Matthieu 23 et parler des sépulcres blanchis à la chaux. Je connais bien cette vérité, car elle s’est concrétisée dans ma vie et dans celle d’autres personnes.

Une assistance régulière aux cultes et un service fidèle dans l’Église ne nous immunisent pas contre le péché. En fait, nos nombreuses occupations peuvent parfois nous rendre encore plus vulnérables. Chers pasteurs, vous savez que c’est vrai, mais laissez-moi vous rappeler ceci : gardez vos cœurs et ne vous laissez pas berner par vos pratiques religieuses.

2) Ne faites pas disparaître les limites que Dieu a tracées clairement

Les « grands » péchés sont souvent commis parce que les « petits » péchés ont été ignorés. Lorsque nous commettons des péchés qui peuvent détruire notre famille ou altérer toute notre vie, c’est généralement parce que nous avons fait auparavant des dizaines de petites concessions et de compromis.

Nous avons cessé de prier avec notre conjointe. Nous avons arrêté de nous prêcher l’Évangile à nous-mêmes. Nous avons conseillé une jeune femme en privé. Nous avons contourné les procédures financières de l’Église parce que nous étions dans le pétrin. Nous avons délaissé les études bibliques personnelles régulières. Nous avons laissé nos esprits fantasmer sur des rêves impurs. Nous avons voulu éviter de rendre des comptes. Nous sommes devenus paresseux dans notre vie de prière. Nous avons permis à la colère et à l’amertume de grandir, que cela soit envers notre conjointe, nos enfants, les membres de notre Église, ou même envers Dieu.

Le péché fait des ravages dans notre vie privée bien avant de faire des ravages dans notre vie publique. Chers pasteurs, gardez vos cœurs et ne laissez aucune place au péché.

3) Enseignez souvent les gens à propos de leur identité, et faites-le assez tôt

J’ai fait profession de foi quand j’étais très jeune. Je pense que j’étais vraiment converti à ce moment-là, mais je n’ai pas compris que mon identité était liée à Jésus et à ce qu’il avait fait. Bien que cette mauvaise compréhension soit répandue chez les jeunes enfants, elle ne leur est pas exclusive. Le divorce de mes parents a menacé mon identité parce que celle-ci n’était pas liée à mon union avec Jésus-Christ. Je n’étais pas d’abord le fils d’un pasteur ; j’étais (et je le suis toujours) d’abord et avant tout un fils adoptif de Dieu. Mais je n’avais pas compris cette vérité.

Malheureusement, j’ai encore du mal à saisir et à appliquer cette vérité aujourd’hui. Nous sommes plus que « le pasteur de l’Église ». Notre valeur n’est pas liée à la croissance de notre Église ou même à sa santé. Chers pasteurs, gardez-vous de définir votre identité par quelque autre moyen que ce soit, y compris par votre ministère.

En outre, nous devons bien guider les membres de notre congrégation en les préparant pour le jour où leur identité secondaire disparaîtra. Ces gens ne sont pas définis par leur travail, leurs relations, leurs revenus, leurs biens matériels, leur santé ou leurs réussites. Toutes ces choses vont passer. Ils perdront leur emploi, enterreront leur conjoint, seront à court d’argent, perdront la mémoire et déclineront physiquement. Préparez-les pour le jour où toutes ces facettes de leur identité leur feront défaut en leur enseignant et en leur montrant comment obtenir leur véritable identité en Jésus-Christ.

4) Combattez l’orgueil et mettez en garde les autres à ce sujet

L’orgueil est un péché qui m’a fait souffrir, mais j’ai aussi causé beaucoup de torts à cause de ce péché dans ma propre vie. Même si ce péché a joué un rôle dans le divorce de mes parents, cela ne l’a pas empêché de prendre racine dans mon cœur. À cette époque, je suis rapidement passé de celui qui souffrait à celui qui aimait faire la morale. Encore aujourd’hui, il est difficile pour moi de ne pas tomber dans une attitude moralisatrice. La Bible regorge d’avertissements contre l’orgueil, et elle nous exhorte continuellement à l’humilité. Je veux me rappeler constamment cette vérité : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (Jacques 4.6). Chers pasteurs, efforcez-vous de garder votre cœur humble. Citez souvent ces passages bibliques à votre congrégation et soyez personnellement un modèle d’humilité.

5) Prêchez-vous l’Évangile

Tout le monde a besoin d’entendre l’Évangile plus souvent. Le pécheur en difficulté a besoin d’entendre l’Évangile. La victime qui souffre a besoin d’entendre l’Évangile. Le croyant qui exerce un ministère a besoin d’entendre l’Évangile. Le message de l’Évangile garde notre vie enracinée en Christ, car il nous rappelle la sainteté de Dieu, la dépravation de l’homme, l’amour de Dieu en Christ et la nécessité de la foi. Chers pasteurs, prêchez-vous l’Évangile à vous-mêmes et à votre congrégation chaque jour.

En réalité, les quatre premières exhortations mènent inévitablement à la dernière. Il est normal de revenir finalement à l’Évangile, car c’est en lui que se trouve la puissance de Dieu pour le salut des hommes ! C’est à travers l’Évangile que Dieu révèle son plan et son œuvre pour sauver les pécheurs de la condamnation et de la puissance du péché. Alors, prêchons-nous l’Évangile et prêchons-le à nos congrégations pour que nous évitions tous de remplacer notre bonne disposition de cœur par des pratiques religieuses, de faire disparaître les limites que Dieu a tracées, de construire notre identité en dehors de Jésus-Christ, et de succomber à l’orgueil.


James Carroll est le pasteur principal de Parkway Baptist Church à Bardstown, au Kentucky (États-Unis). Lui et sa femme, Mikila, ont deux enfants.