Comment un pasteur très occupé planifie-t-il son emploi du temps ? (Brian Croft)

Tout le monde est occupé. Voilà la réalité de notre culture moderne. On doit travailler, passer du temps avec notre famille, entretenir notre maison et notre voiture, cultiver nos amitiés, aller chez le médecin, planifier des activités pour les enfants, recevoir des invités, etc. Si vous êtes chrétiens, vous pouvez ajouter toutes les activités qui sont liées à la vie de l’Église, et peut-être même une implication bénévole une fois par semaine. La vie au xxie siècle ressemble à une course folle sans fin. Nous ne ralentissons que lorsqu’une situation de crise ou une maladie nous obligent à faire une pause.

Les pasteurs qui conduisent le peuple de Dieu ressentent les mêmes tensions, pressions, exigences et responsabilités que les autres chrétiens. De plus, comme les pasteurs sont appelés à s’impliquer dans la vie des gens de leur congrégation, ceux-ci doivent apprendre à jongler avec l’emploi du temps chargé et chaotique des membres de leur Église. La vie des pasteurs est bien remplie, et cette réalité s’ajoute au poids de leur ministère. Cette tension supplémentaire conduit de nombreux pasteurs à l’échec, parfois même avant qu’ils ne commencent leur travail.

Voici deux pièges dans lesquels tombent plusieurs pasteurs…

Dans certains cas, un pasteur se rend rapidement compte qu’il ne peut pas prendre soin adéquatement de sa congrégation, donc il ne le fait pas. Même avec une congrégation plus petite en taille, un pasteur ne peut pas être présent à chaque événement : les chirurgies, les matchs de foot, les funérailles, les visites chez le médecin… Il ne peut pas non plus répondre à toutes les demandes de conseils ni à toutes les invitations à domicile qu’il reçoit, en plus de respecter les heures de travail qu’il doit faire à son bureau. Découragés, certains pasteurs cessent tout simplement d’essayer. Il arrive qu’un pasteur décide de se concentrer sur l’administration de grandes activités, la gestion des programmes chargés et la supervision du fonctionnement général de l’Église locale, laissant davantage les soins pastoraux aux autres, ou les négligeant complètement.

En revanche, certains pasteurs déterminés reconnaissent qu’ils ne peuvent pas tout faire, mais ils s’engagent à persévérer malgré les difficultés. Par exemple, un pasteur peut mettre la main à la charrue en espérant qu’avec suffisamment d’efforts, il fera au moins plaisir à certaines personnes. Cependant, cette approche comporte certains dangers. Le pasteur qui suit cette approche est asservi aux exigences et aux besoins de son Église. Sa congrégation, directement ou indirectement, détermine en grande partie comment son temps est passé. La fidélité et le succès de son ministère sont alors mesurés en observant à quel point sa congrégation est satisfaite de ses efforts. Tandis que certains seront contents, d’autres ne seront jamais satisfaits. Le pasteur qui mesure de cette façon la fidélité de son ministère s’épuisera rapidement.

Le véritable appel biblique du pasteur

Un pasteur n’est pas appelé à diriger des activités pour divertir les gens. Il n’est pas non plus appelé à tout faire pour essayer de plaire à tout le monde. Dieu est celui qui appelle les pasteurs au ministère, et les détails de cet appel sont clairement décrits dans la Parole de Dieu. La seule façon pour un pasteur d’éviter ces pièges et de rester inébranlable tout au long de sa vie et de son ministère est de savoir ce que Dieu l’a vraiment appelé à faire – et à le faire !

L’apôtre Pierre exhorte les anciens-pasteurs[1] à être des bergers, c’est-à-dire à prendre soin du peuple de Dieu. Il a écrit :

Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau. Et lorsque le souverain berger paraîtra, vous obtiendrez la couronne incorruptible de la gloire (1 Pi 5.2-4).

L’exhortation de Pierre aux pasteurs peut se résumer en une seule phrase : « Soyez les bergers du troupeau de Dieu sous votre garde jusqu’à ce que le souverain berger paraisse. » Et, au cas où vous n’auriez pas remarqué, Pierre est assez clair sur le qui, quoi, quand et comment de l’appel biblique d’un pasteur.

  • Quoi : Paissez troupeau de Dieu.
  • Qui : Le troupeau qui est sous votre garde.
  • Comment : Non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme dominant sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en étant les modèles du troupeau.
  • Quand : Jusqu’à ce que le souverain berger, Jésus-Christ, vienne reprendre son troupeau placé sous vos soins.

La véritable vocation d’un pasteur est donc de guider les âmes du peuple de Dieu humblement, volontairement et avec empressement, et de faire tout cela au nom du souverain berger, Jésus-Christ. Cela n’a pas changé depuis l’époque où Pierre a écrit ces mots jusqu’à aujourd’hui. Bien que notre culture ait changé et que la vie soit bien différente aujourd’hui de ce qu’elle était au premier siècle, les responsabilités fondamentales du ministère pastoral n’ont pas changé.

La Parole de Dieu est suffisante pour nous donner un aperçu de l’appel divin réservé aux pasteurs. Il suffit d’instruire les pasteurs sur la manière dont ils doivent établir leurs priorités dans leur emploi du temps quotidien. La Bible souligne constamment les priorités des bergers fidèles et affirme que ces priorités tournent autour de cet appel central : « Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde. » Ce commandement biblique dépasse les exigences, les pressions et les attentes qui écrasent le cœur des pasteurs.

C’est le but de mon nouveau livre, The Pastor’s Ministry (Le ministère du pasteur). Si vous êtes pasteur et que vous lisez ce livre, j’espère qu’en étudiant et en méditant sur l’appel et les priorités du ministère pastoral, vous comprendrez mieux ce que Dieu vous demande vraiment et où il veut que votre temps soit passé. Le but de ce livre est simple : révéler les priorités que Dieu assigne à chaque pasteur. Dieu révèle ces priorités à travers les Écritures ; il les établit dans la vie d’Israël, les enracine dans son plan rédempteur et les confirme dans les instructions de Jésus et des apôtres. Le livre se concentre sur dix priorités clés qui devraient être au cœur du ministère de chaque pasteur.

10 priorités clés qui devraient être au coeur du ministère de chaque pasteur

1) Protéger la vérité (2 Ti 1.13,14)

Un pasteur doit s’engager à respecter la Parole de Dieu ainsi que les enseignements des apôtres. Il doit être prêt à les prêcher, à les enseigner et à les défendre, même lorsqu’ils sont contraires à la culture.

2) Prêcher la Parole (2 Ti 4.1,2)

Un pasteur doit prêcher fidèlement tout le conseil de la Parole de Dieu, en expliquant soigneusement le sens du texte et en l’appliquant à la vie de ceux dont il a la charge.

3) Prier pour les brebis (Ép 6.18)

Un pasteur doit être un intercesseur. C’est lui qui apporte les besoins de son Église devant Dieu. Il doit être un modèle de prière tant en public qu’en privé.

4) Être un modèle (1 Ti 4.12)

Un pasteur est un exemple pour son troupeau et doit toujours être conscient que les autres le considèrent comme un modèle. En plus d’être un modèle de comportement juste, le pasteur doit aussi être un modèle de confession et de repentance. Il reconnaît qu’il est aussi un pécheur et enseigne à son peuple comment appliquer l’Évangile à leur vie.

5) Visiter les malades (Ja 5.14)

Les pasteurs devraient rendre visite à ceux qui sont malades et qui ont besoin de soins et d’encouragement. Ils doivent aussi former d’autres personnes dans la congrégation pour qu’ils puissent aider ceux dans le besoin.

6) Consoler les affligés (1 th 4.18)

Face à la mort, un pasteur devrait pleurer avec ceux qui pleurent et devrait rappeler avec sensibilité à ceux qui sont en deuil l’espérance et l’encouragement de l’Évangile. Cela implique de prêcher l’Évangile lors des funérailles et des services funèbres.

7) Prendre soin des veuves (1 Ti 5.3)

Voici un enseignement biblique qui est très négligé aujourd’hui : les pasteurs sont responsables de s’occuper des veuves dans l’Église. Accompagnés de leurs familles et des membres de l’Église, ils devraient trouver des moyens efficaces pour aider spécifiquement ces femmes. Leur comportement devrait être un exemple pour les autres.

8) Faire face au péché (Mt 18.15-17)

Les pasteurs doivent reprendre ceux qui pratiquent le péché et conduire l’Église dans l’exercice de la discipline, et ce, dans le but de favoriser la repentance et la restauration.

9) Supporter les faibles (1 Th 5.14)

Bien qu’il puisse être tentant de mettre à l’écart les gens qui ne changent pas rapidement, Dieu appelle les pasteurs à faire preuve de patience et de persévérance en travaillant avec ceux qui sont difficiles, désespérés et éprouvants.

10) Trouver et former des leaders (2 Ti 2.2)

La première responsabilité des pasteurs est de trouver, de susciter, de former et de mettre en place des leaders dans l’Église. Chaque pasteur devrait avoir un plan concernant la manière dont cela devrait se faire dans son Église locale et être activement à la recherche de la prochaine génération de leaders.

Chacune des priorités énumérées ci-dessus est enracinée dans la Parole de Dieu et devrait ensuite être appliquée en prenant en considération le contexte de la vie d’Église et du ministère. Nous avons besoin d’être enracinés bibliquement dans ces impératifs pastoraux avant de pouvoir développer les outils pratiques qui nous permettront de nous engager dans ces tâches.

Conclusion

Pour finir, mon désir est que tous les pasteurs qui ressentent les fardeaux et les pressions du ministère, et qui font face aux attentes impossibles vis-à-vis des bergers, soient libérés de l’esclavage qui consiste à satisfaire tous les besoins. Je souhaite qu’ils arrêtent de donner le temps qu’ils n’ont pas, qu’ils n’essayent plus d’être à deux endroits à la fois et qu’ils arrivent à délaisser les tâches en trop qui leur font perdre la tête et qui ne sont même pas appréciées. Mon espoir est que la puissance de la Parole de Dieu puisse vivifier tous ces pasteurs pour qu’ils voient ce que Dieu désire pour leur vie et leur ministère, et ce qu’ils peuvent vraiment faire pour plaire au souverain berger.

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[1] Le N.T. utilise les termes « pasteur », « anciens », « évêque » et « surveillant » de façon interchangeable pour se référer à cette fonction unique du pasteur-berger.