Dans un sens plus large, nos tentatives de contextualisation doivent toujours éviter une des deux erreurs suivantes. D’une part, si notre prédication s’oppose constamment à la culture, les gens rejetteront notre message avant même que nous ayons eu l’occasion de parler de Christ. D’autre part, si nous adaptons notre message au monde (ou si nous l’assimilons au modèle de notre vie), nous abandonnons notre position de force qui nous permet d’être utiles à Dieu dans le monde. Notre tâche consiste donc à trouver un moyen d’apporter le message immuable de Dieu à un monde presque ignorant de la pensée biblique et saturé de confusions théologiques.
Bien qu’il soit bon de plaider en faveur d’un travail exégétique et théologique, les bons enseignants de la Parole ne perdent jamais de vue le fait que ces disciplines existent pour servir les gens. Je suis irrité en voyant la mentalité que certains prédicateurs semblent adopter, à savoir : l’assemblée est là pour les servir dans l’exercice de leur ministère de la Parole. Les jeunes prédicateurs, en particulier, devraient avoir conscience de la tentation qui existe de vouloir créer un ministère visant leur propre intérêt.
Au cours des quinze dernières années, notre Église a eu le privilège de former plus de soixante-dix stagiaires, jeunes hommes et femmes, en vue d’un service chrétien à temps plein dans un domaine ou un autre. Je leur ai souvent dit : Ce qui compte vraiment, c’est les gens ! Si ceux qui désirent expressément prêcher la Parole n’ont pas un cœur pour les gens du monde, on ne devrait pas leur permettre de se tenir régulièrement derrière la chaire pour prêcher.
Ainsi donc, si vous voulez devenir un bon enseignant de la Parole, vous devez avant tout développer une passion grandissante et sainte pour les gens qui vous entourent. Apprenez à connaître et à aimer l’assemblée que Dieu vous a confiée N’est-ce pas la leçon même que Jésus a inculquée à Pierre avant de l’envoyer dans le monde avec l’Évangile ? Dans Jean 21, Jésus apparaît pour la troisième fois à Pierre et aux autres disciples sur les rives de la mer de Galilée. À trois reprises, Jésus lui demande : « Simon […] m’aimes-tu ? » Trois fois, et avec une frustration grandissante, celui qui deviendra bientôt un prédicateur réplique : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » En guise de réponse, Jésus lui dit : « Pais mes agneaux […] Pais mes brebis. » L’idée maîtresse qui en ressort est que ceux que Jésus met à part pour annoncer l’Évangile sont ceux qui prouvent leur amour pour lui en aimant son Église !
Je dirais donc à tous ceux qui souhaitent prêcher des messages pour Christ : Aimez-vous Jésus ? L’aimez-vous vraiment ? Alors, manifestez votre amour pour lui en prenant soin de ceux pour qui il est mort. Apprenez à aimer les gens.
Cet article est tiré du livre : La prédication textuelle de David Helm
