Comprendre la famille chrétienne (Alexander Strauch)
La réalité de notre relation fraternelle sursature le Nouveau Testament. Bien que les auteurs néotestamentaires aient employé diverses images pour décrire la nature de l’Église − le Corps, la fiancée, le temple, le troupeau −, la plus fréquemment utilisée est celle de la famille, en particulier la dimension fraternelle de la famille, à savoir les frères. Les premiers chrétiens se désignaient toujours les uns les autres par le nom de frère ou de sœur. Les termes frère et sœur apparaissent quelque 250 fois dans tout le Nouveau Testament, surtout dans les épîtres de Paul. Pierre désigne directement les chrétiens comme « les frères » (1 Pi 2.17). (Tristement, à la fin du iiie siècle, cette terminologie si charmante a commencé à disparaître parmi les chrétiens.)
Le Nouveau Testament présente l’Église locale comme une famille de frères et sœurs unis
La raison de cette préférence pour la dimension familiale de l’Église est évidente. Seules les relations humaines les plus intimes peuvent exprimer un tant soit peu l’amour, la proximité, les privilèges et les nouveaux liens qui existent entre Dieu et l’homme, et entre l’homme et l’homme, en raison de l’incarnation et de la mort de Christ. Dans le Nouveau Testament, l’Église locale se présente de nombreuses manières pratiques comme une famille de frères et de sœurs très unis :
- Les chrétiens se saluaient les uns les autres par un saint baiser (Ro 16.16 ; 1 Co 16.20 ; 2 Co 13.12 ; 1 Th 5.26 ; 1 Pi 5.14).
- Ils partageaient entre eux leurs biens matériels (Ac 2.44,45 ; 4.32 ; 11.29 ; Ro 12.13,20 ; 15.26 ; 1 Co 16.1 ; 2 Co 8 ; Ga 2.10 ; 6.10 ; Hé 13.16 ; Ja 2.15,16 ; 1 Jn 3.17).
- Les premiers chrétiens se réunissaient dans des maisons (Ro 16.5 ; 1 Co 16.19 ; Col 4.15 ; Phm 2).
- Ils mangeaient ensemble (Ac 2.46 ; 20.11 ; 1 Co 11.20s ; Jud 12).
- Ils prenaient soin de leurs veuves (Ac 6.1-6 ; 9.39 ; 1 Ti 5.1-16).
- Au besoin, ils corrigeaient leurs membres (1 Co 5.6 ; 2 Co 2.1-11 ; 2 Th 3.6-15 ; 1 Ti 5.19,20).
- Ils réglaient leur conduite entre membres sur le principe directeur de l’amour fraternel (Ro 14.15,21 ; 1 Co 6.8 ; 8.11-13 ; 2 Th 3.14,15 ; Phm 16 ; Ja 4.11)
- Ils exerçaient l’hospitalité (Ac 16.15 ; 21.8,16 ; Ro 12.13 ; 1 Ti 3.2 ; 5.9,10 ; Hé 13.2 ; 1 Pi 4.9 ; 3 Jn 5-8).
Les premiers chrétiens se considéraient comme les membres d’une fraternité universelle qui transcendait toutes les frontières nationales, raciales et sociales
Cette fraternité prenait racine dans leur identité à Christ, « le premier-né » (Ro 8.29). De plus, ils se savaient être une minorité persécutée dans un monde intensément hostile. Leur survie dépendait donc de leur participation active au bon fonctionnement de la famille des frères et des sœurs, comme C. S. Lewis le précise :
« Les petites cellules de chrétiens de l’Église primitive ont survécu parce qu’elles se sont données exclusivement à l’amour des frères et ont fermé l’oreille à la société païenne qui les entourait de toutes parts ». (Lire Hé 10.23-25,32-34).
Nul doute que les premiers chrétiens auraient beaucoup aimé chanter en chœur avec Gloria et Bill Gaither : « Je suis si heureux de faire partie de la famille de Dieu. » Par conséquent, l’hospitalité en est venue à constituer une des expressions les plus significatives et les plus pratiques de cette famille mondiale de frères et de sœurs, et donc à constituer un des traits distinctifs de l’Église primitive. Confirmant cette même vérité, Edwin Hatch (1835-1889), historien ecclésiastique et érudit classique britannique de renom, a écrit :
Car le christianisme était, et a grandi parce qu’il l’était, une grande fraternité. Le nom de « frère » […] en est venu à constituer la désignation courante par laquelle un chrétien s’adressait à un autre chrétien. Il exprimait de manière frappante un fait réel : partout où il allait, le chrétien était le bienvenu et recevait l’hospitalité chez un autre chrétien. Les chrétiens exerçaient l’hospitalité en tant que vertu commune à eux tous.
Ainsi donc, la nature unique, internationale et familiale de la communauté chrétienne exige l’exercice de l’hospitalité.
Cet article est tiré du livre : L’hospitalité chrétienne de Alexander Strauch