Comprenons notre appel en expliquant l’incarnation (Paul Tripp)
La plupart considèrent l’incarnation comme un événement – le moment où Christ s’est fait homme et a vécu sur la terre comme l’un d’entre nous. Cependant, je ne pense pas que nous en saisissions pleinement le sens même s’il s’agit d’une réalité centrale de la foi chrétienne. Nous ne voyons pas que l’événement appelé incarnation constitue également un dessein et un appel. En découvrant les éléments qui font partie intégrante de ce dessein et de cet appel, nous comprendrons mieux la nature du ministère personnel et l’importance de commencer par nos propres cœurs.
Personne n’explique mieux que Jean le moment marquant de l’histoire où Christ est né dans ce monde déchu. Il le résume entre autres par deux déclarations fort utiles : « La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père… Personne n’a jamais vu Dieu; Dieu le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1.14, 18).
Le compte-rendu de Jean mentionne une information aux conséquences incalculables. La puissance de l’incarnation réside dans le fait qu’elle rend visibles la présence et la gloire de Dieu. En prenant un corps humain, Christ a révélé le Dieu invisible. Pourquoi la Lumière doit-elle briller sur la terre? Parce que les gens marchent en tâtonnant dans les ténèbres. Pourquoi Dieu doit-il se révéler? Parce que les gens ne le voient pas. En venant sur la terre, Christ est mort pour les siens, mais il a également ouvert les yeux de ceux qui étaient aveugles depuis trop longtemps.
L’incarnation soulève un problème si profond, si global, si essentiellement humain qu’il nous est presque impossible de l’identifier. Le problème est que nous ne pouvons pas voir Dieu. D’une part, Dieu est Esprit et donc caché à nos yeux. D’autre part, nos péchés nous rendent moralement indignes de regarder Dieu. De plus, notre aveuglement spirituel en tant que pécheurs nous empêche de voir Dieu puisque nous ne distinguons pas la gloire de sa grâce et de sa puissance qui agit pourtant continuellement en nous, à travers nous et autour de nous.
Cependant, la Lumière a brillé au sein des ténèbres. Dieu a guéri notre cécité en envoyant son Fils unique dans le monde. En le voyant, vous voyez le Père. Si vous le connaissez, vous connaissez le Père. L’Ancien Testament rapporte des occasions où certains individus ont pu voir le Dieu invisible, mais l’apparition de Christ constitue l’événement culminant de ses manifestations.
Le vrai problème s’énonce donc comme suit : nous ne voyons pas Dieu bien qu’il soit présent et à l’œuvre. Nous adoptons une perspective de la vie où Dieu demeure tristement absent. Nous ne voyons pas la seule chose digne d’être contemplée, soit la gloire du Dieu omniprésent. Par conséquent, nous ne bâtissons pas notre vie sur le fondement de la gloire de Dieu. Pourtant, cette gloire devait donner à notre vie son point de départ et sa destination, nous fournir une raison valable de nous lever le matin et la force de continuer. Chaque aspect de mon existence était censé regorger de la gloire de Dieu. Par mes pensées, mes décisions et mes paroles, j’étais destiné à reconnaître humblement son droit sur ma vie. J’ai été créé pour vivre pour sa gloire.
Nous avons déjà noté que chaque être humain recherche une certaine forme de gloire, soit celle de Dieu ou une sorte de pseudo-gloire terrestre. Cette dernière peut emprunter l’apparence de l’argent et des biens matériels, celle de l’acceptation et du respect. Il peut s’agir de réalisations et de succès, de la promotion d’un intellect supérieur ou de la sagesse philosophique, du pouvoir et de la domination, de l’atteinte d’un meilleur niveau de vie ou du désir d’être aimé. Quoi qu’il en soit, la recherche d’une fausse gloire se trouve à la source d’un grand nombre de nos difficultés et de nos malheurs.
L’incarnation touche au cœur de cette lutte parce qu’elle nous oblige à considérer la seule chose pouvant produire un changement durable, soit la gloire de Dieu. Seule la révélation de Dieu dans sa gloire majestueuse met au jour le vide absolu de toutes les autres gloires auxquelles nous aspirons passionnément. En comprenant l’incarnation de cette façon, vous connaissez déjà mieux votre appel. Un ministère personnel ne consiste pas seulement à offrir aux gens des principes, des solutions et une bonne théologie. Il présente également un Dieu agissant et glorieux, revêtu de grâce et de vérité, et qui possède un droit légitime sur nos vies. À mesure que nos cœurs se laissent transformer par sa gloire, les principes des Écritures prennent leur véritable sens.
Cet article est un extrait de Instruments entre les mains du rédempteur par Paul Tripp.