Conduire une réunion de prière (John Onwuchekwa)

Dans cet article, nous verrons les principes de base pour conduire une réunion de prière. Ce ne sont que des suggestions et des leçons que notre Église a apprises en cherchant à développer une culture de prière collective. Ces trois dernières années, nous nous sommes retrouvés au moins une fois par mois pour une réunion de prière.

Vous trouverez ci-dessous quelques réflexions sur la façon dont nos réunions de prière nous ont aidés à prendre soin de notre Église. J’espère qu’elles vous aideront à envisager de quelle manière vous pouvez aborder les réunions de prière dans votre Église. Cette liste est une compilation de réflexions, et elle n’est pas classée par ordre d’importance.

Planifiez une réunion de prière

Trouvez un moment qui convient à votre Église. Nous avons commencé une fois par mois, le dimanche soir, de 17 h à 19 h. Puis nous avons constaté que, pour une Église remplie de jeunes couples avec des enfants en bas âge, c’était sans doute la pire heure qui soit pour organiser une réunion de prière. Au bout d’une année, nous avons essayé une plage horaire plus convenable.

Mettez de côté tout ce qui pourrait également demander du temps aux gens

La prière est une discipline difficile à apprendre, donc il faut mettre de côté toute distraction. Nous annulons les activités du premier mercredi du mois pour qu’aucune autre activité d’Église ne rivalise avec notre temps de prière. Nous proposons de la nourriture et une garderie pour que personne n’ait à se soucier de faire à manger ou de trouver une gardienne pour les enfants. Nous investissons beaucoup financièrement dans ce temps de prière. Nous souhaitons que le mal que nous nous donnons pour que tout le monde soit présent reflète l’importance de cette réunion de prière. En ce moment, nous nous réunissons une fois par mois, mais notre objectif est de prier en Église plus souvent. Nous voulons accorder toujours plus d’importance à ces moments.

Commencez avec la Parole

Quand nous nous réunissons le dimanche, le sermon est le plat principal. Ici, c’est différent. Cependant, la Parole de Dieu est un élément essentiel de ce que nous essayons d’accomplir. Nous commençons donc la réunion par un temps d’encouragement de cinq à quinze minutes tiré des Écritures, et cela sert de base aux prières de la soirée.

Alors que je rédigeais cet article, j’ai reçu un message d’une femme nouvellement membre de notre Église qui avait été touchée par le rôle de l’Écriture dans notre temps de prière collective. Elle m’a écrit : « Prier en se basant sur les Écritures m’a beaucoup aidée. Non seulement mes prières sont plus profondes, mais je fais preuve de plus d’assurance quand je prie, et mes prières sont imprégnées d’une plus grande révélation du caractère de Dieu, du rôle central de Christ et de l’œuvre de l’Esprit saint. Cela me conduit à la repentance plutôt qu’à la rébellion, a la conviction plutôt qu’à la condamnation. Il est si facile de remplacer la voix de Dieu par la mienne. Mais en lisant la Bible et en y répondant par la prière, cela arrive bien moins souvent. » Elle apprend à s’appuyer sur les Écritures, non pas en théorie, mais en pratique. Et c’est le but !

Remplissez principalement la liste de prière avec des préoccupations pour le royaume de Dieu, le corps de Christ et les défis majeurs de la vie

Les réunions de prières deviennent ennuyeuses et peu productives quand elles se transforment en une longue liste de soucis de santé, surtout de personnes qui ne sont pas membres de L’Église. « Pourrait-on prier pour l’opération de la vésicule de mon voisin ? » C’est pourquoi je trouve utile de m’assurer que toutes les demandes de prière soient transmises à l’avance, soit à moi-même, soit à la personne qui conduira la réunion. Parfois, je dis même aux gens que je serais heureux de prier pour eux sur-le-champ, et qu’ils peuvent apporter leur souci dans leur petit groupe, mais que nous essayons d’utiliser la réunion de prière pour autre chose. Nous essayons de nous concentrer sur les questions qui concernent le royaume, le corps de Christ et les défis majeurs de la vie. Ensuite, la réunion sert à passer en revue la liste préétablie de sujets de prière.

Quand vous remplissez la liste, incluez à la fois des actions de grâce et des demandes. « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent ; pleurez avec ceux qui pleurent » (Ro 12.15) constitue une excellente ligne directrice pour les réunions de prière. Recherchez les histoires encourageantes dans votre Église. Louez Dieu pour ce que vous voulez voir arriver plus souvent. Priez pour le succès de la mission dans la vie des membres de votre Église. Cela aide l’Église à se rendre compte que Dieu est celui qui donne les opportunités, et non pas nous.

Créez une vague d’empathie et d’affection

Nous voulons aussi présenter à Dieu nos requêtes concernant le royaume et les préoccupations fondamentales de la vie, telles que la santé, le travail, les ressources financières, le succès des adoptions et les occasions d’évangélisation. Nous passerons du temps à prier pour le salut des membres de nos familles ou de collègues, pour la guérison des cancers et pour les problèmes d’infertilité. Cela crée une vague d’empathie et d’affection qui s’étend bien au-delà des relations personnelles. Cela fournit les outils pour que nous accomplissions notre engagement à prendre soin les uns des autres.

Priez pour la lutte pour la diversité

C’est au travers de la liste de prière que la lutte pour la diversité est remportée ou perdue, et non grâce aux composantes du culte, au style de la prédication ou même de la composition ethnique des dirigeants de l’Église. Ce qui constitue la liste de prière est souvent un reflet des personnes qui prient et dont les problèmes sont considérés comme réels, pertinents et importants.

Une de mes amies faisait partie d’une Église qui refusait de prier pour quoi que ce soit en lien avec Mike Brown, Trayvon Martin, Alton Sterling, Eric Gardner, Laquan McDonald ou tout autre Africain américain tué par la police, parce que ces questions étaient « trop politisées » et pouvaient créer des divisions dans l’Église. Elle se sentait frustrée. Elle ne voulait pas que son Église organise une marche sur Washington ou suspende un drapeau disant « Black Lives Matter » (les vies des Noirs comptent) à son clocher. Elle voulait simplement qu’ils prient ensemble sur ces sujets parce qu’elle savait qu’ils étaient très importants pour de nombreuses minorités dans l’Église.

Faites la promotion de l’unité dans la diversité

Cette Église a échoué à comprendre une chose qui semblait évidente pour l’Église primitive : promouvoir l’unité dans la diversité implique plus que d’inclure des éléments culturels dans le culte. Cela implique de manifester de la solidarité envers les minorités dans les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Dans Actes 6, nous apprenons que les veuves parmi les Hellénistes étaient négligées dans la distribution de nourriture. Les douze ont rassemblé « la multitude des disciples » et ont organisé une recherche dans toute l’Église pour désigner les premiers protodiacres (Ac 6.2). L’Église a ensuite choisi sept hommes avec des noms grecs. Dans Actes 15, l’Église a soutenu l’inclusion des païens dans la famille de l’alliance en ne leur imposant pas d’être Juifs. Ces deux événements sont caractérisés par des discussions et des temps de prière qui incluent les préoccupations des minorités.

La lutte pour la diversité se joue là encore aujourd’hui. La diversité concerne plus les priorités que les programmes. Et une Église prie pour ce qu’elle juge prioritaire. Vos listes de prière ont fondamentalement la fonction d’étiquettes de prix placées sur les événements actuels et les préoccupations de l’Église, leur assignant plus ou moins de valeur. Ne remplissez donc pas la liste de prière dans l’isolement. Remplissez-la avec les soucis de tout le troupeau du Seigneur. Les avancées honorables vers la diversité sont optimisées quand nous prions ensemble notre Père qui n’a pas d’enfant favori (voir Ac 10.34).

Ne tenez pas pour acquis

Enfin, nous incluons dans la liste de prière des choses que l’Église ne devrait jamais tenir pour acquises. Si vous utilisez des béquilles pendant longtemps, il peut vous arriver d’oublier que vous utilisez quelque chose pour vous soutenir. C’est tout aussi vrai quand nous nous appuyons sur Dieu pour qu’il pourvoie à nos besoins. Il est fidèle. Si nous ne nous en souvenons pas, il est aisé d’en venir à penser que nous pouvons tenir par nos propres forces.

Nous prions donc pour les mêmes choses à chaque réunion afin de rappeler à notre Église quelles sont nos priorités et combien nous comptons sur Dieu pour cela. Nous prions Dieu de nous garder attachés à sa Parole. Nous prions pour qu’il ne nous laisse pas attribuer notre croissance à autre chose qu’à sa bonté suprême. Nous prions pour qu’il pourvoie à nos besoins en tant qu’Église. Nous lui demandons de faire de notre Église un environnement accueillant pour les visiteurs et de nous aider à aimer notre prochain sans favoritisme. Nous prions pour être remplis d’assurance dans l’évangélisation et pour qu’elle porte du fruit par des conversions. Les détails changent d’un mois à l’autre, mais ces demandes demeurent constantes.

Invitez les personnes à prier, mais ne les laissez pas prier trop longtemps

Nous voulons qu’un maximum de personnes puisse participer à la prière. Nous voulons montrer combien il est facile de prier pour les autres. Cela ne prend pas beaucoup de temps. En réalité, les longues prières peuvent souvent couper l’élan de la réunion de prière. Ce n’est pas parce que nous parlons beaucoup que nous sommes entendus, et c’est une bonne chose. Je crois que Jésus nous enseigne dans Matthieu 6 que nos prières sont évaluées en fonction de leur force et non de leur longueur. De plus, si vingt personnes prient pour vingt demandes, et que chacun prie pendant cinq minutes, cela représente une heure et demie de prière. Charles Spurgeon nous adresse quelques mots pleins de sagesse concernant les fameuses personnes qui font de longues prières :

« Et n’hésitez pas à dire à ce cher monsieur Lecoq que, si Dieu le veut, il ne priera pas vingt-cinq minutes d’affilée. Priez-le instamment d’écourter sa prière et arrêtez-le s’il n’obtempère pas. Si on vient chez moi avec l’intention de trancher la gorge à ma femme, je tenterai par tous les moyens d’empêcher le forfait. J’aime l’église à peu de chose près autant que mon épouse. Aussi, si quelqu’un veut prier longuement, qu’il aille le faire ailleurs ou qu’il finisse chez lui s’il ne le peut pas dans un temps raisonnable [1]. »

Souvenez-vous des ingrédients principaux

Ne jugez pas du succès par les chiffres. Vous n’avez besoin que de deux ingrédients pour commencer une réunion de prière réussie : des fardeaux, et des frères et sœurs qui sont disposés à prier. Vous n’avez pas besoin de la permission de quiconque. Que vous soyez un pasteur ou un membre, vous avez la capacité de donner l’exemple en dépendant du Seigneur d’une manière que personne ne pourra désapprouver. Vous entendez parler d’un problème ? Lancez une prière. Demandez à des gens de prier avec vous. Vous avez tout ce qu’il vous faut. Prenez l’habitude de terminer toute conversation avec cette question : « comment puis-je prier pour vous ? ». Puis, priez pour la personne immédiatement ou plus tard si le temps manque. En agissant ainsi, vous verrez que toutes les réunions de prière n’ont pas besoin d’être planifiées.


[1]
Charles Spurgeon, Gagner des Âmes, Oui, mais comment ?, Europresse,
Chalon-sur-Saone, 2008, p. 92.

Cet article est tiré du livre : La prière de John Onwuchekwa