Conseils pour les étudiants qui font face au doute dans le monde réel
Lorsque nous nous apprêtons à confronter nos doutes et nos peurs, la pire chose à faire est de nous isoler et de mener le combat seuls. Nous le faisons parce que nous nous imaginons que les autres ne peuvent pas comprendre ce par quoi nous passons, ou parce que nous nous sentons gênés, embarrassés de remettre en question notre foi. Pourtant, nous devons partager nos luttes avec honnêteté et les amener à la lumière.
Nous revenons ici à l’importance de la communion fraternelle au sein de l’université, un sujet que nous avons examiné dans ma première lettre. Tu as besoin d’être entourée par un groupe de croyants solides sur le campus, un groupe capable de t’épauler lorsque tu traverseras ces moments difficiles. Appuie-toi sur eux. Donne-leur la permission de te dire la vérité. Laisse-les t’encourager à persévérer. C’est là le rôle du corps de Christ : « Deux valent mieux qu’un, parce qu’ils retirent un bon salaire de leur travail. Car, s’ils tombent, l’un relève son compagnon ; mais malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever ! » (Ec 4.9,10.)
Étudie ta foi en profondeur
Je sais que c’est le dernier conseil que tu as envie d’entendre. « Passer davantage de temps à étudier ? Mais j’ai suffisamment de devoirs à faire comme ça ! » L’étude dont je parle, cependant, est plus importante encore que tes cours universitaires. Si nous voulons combattre nos doutes, nous devons être déterminés à étudier la Parole de Dieu – et pas seulement à étudier des passages des Écritures (bien que ce soit précieux), mais à plonger en profondeur dans l’immense océan qu’est la vision chrétienne du monde. Ainsi, nous comprendrons non seulement ce que nous croyons, mais aussi pourquoi nous le croyons.
Repense aux raisons de notre doute. Chacune d’entre elles peut être traitée (en partie du moins) par une étude approfondie de la question. Si tu es assaillie par des doutes d’ordre intellectuel, l’étude des preuves et des arguments en faveur de la foi peut apaiser tes craintes. Si tu t’es égarée sur le plan moral, la Parole de Dieu peut te rappeler pourquoi l’obéissance est nécessaire et comment Dieu nous rend capables de le suivre. Si tu passes par une grande souffrance, une meilleure compréhension de la nature de Dieu – sa bonté, sa souveraineté, ses desseins pour tout mal – peut t’apporter un réconfort et une perspective inégalés. Et si tu souffres d’une anxiété chronique, les Écritures, là encore, peuvent te venir en aide. Le Psalmiste nous montre comment confier nos peurs à Dieu et lui faire confiance :
Car tu es mon refuge, ô Éternel ! Tu fais du Très-Haut ta retraite. Aucun malheur ne t’arrivera, aucun fléau n’approchera de ta tente (Ps 91.9,10).
Le point important, c’est qu’il est crucial que notre théologie soit solide. Un croyant dont le fondement théologique est robuste sera capable de mieux traiter ces questions difficiles qu’un croyant dont la compréhension de la foi chrétienne est superficielle. Mais l’acquisition d’une théologie solide n’est pas automatique ; pour l’obtenir, nous devons étudier diligemment.
Recherche de bons conseillers
Même si tu bénéficies d’une solide communion fraternelle, et même si tu te consacres à étudier la Parole de Dieu en profondeur, tu auras aussi besoin de chrétiens plus sages, plus âgés et plus matures. Après tout, tu n’es pas la première personne dans l’histoire de l’Église à lutter avec ce genre de doutes ; un nombre incalculable de croyants t’ont précédée, et tu devrais tirer des leçons de leur vie et de leurs réflexions.
Qui peut te prodiguer de sages conseils ? Une réponse évidente est le pasteur de ton Église. Les pasteurs sont formés pour répondre aux questions difficiles et constituent une ressource précieuse pour quiconque a besoin d’aide. Une fois encore, cela démontre l’importance d’appartenir à une bonne Église. Un conseiller biblique peut également te donner une opinion avisée ; il a été formé pour aider les croyants à appliquer la Parole de Dieu aux situations et problèmes que nous rencontrons tous. Et bien sûr, tu peux te confier à un mentor, peut-être une chrétienne plus âgée qui décide d’investir son temps et son énergie en toi, et qui cherche ton bien en Christ.
Remets tes doutes en doute
Lorsque nous remettons en cause une vérité du christianisme, nous ne saisissons pas toujours que cette remise en cause est liée à une autre de nos croyances. Nous échangeons une croyance pour une autre. Quand nous doutons de l’une de nos convictions chrétiennes, nous pouvons donc repousser le doute en disputant la conviction qui vient la remplacer. Timothy Keller donne une illustration pertinente à ce sujet4. Imagine que tu rencontres un athée qui soit sympathique, heureux et moral, et que cette rencontre te pousse à douter de la véracité du christianisme. Il suffit d’analyser rapidement la situation pour comprendre qu’une autre croyance nourrit ce doute : celle qui affirme que les athées sont censés être d’horribles personnes. Et puisque ce n’est visiblement pas le cas (l’athée en question étant charmant), tu te mets à douter de ta foi.
Mais c’est la croyance initiale que tu devrais remettre en cause, selon Keller. Pourquoi les athées devraient-ils être des gens épouvantables ? Une telle croyance est extrêmement problématique, vois-tu. Les Écritures nous enseignent que même les non-chrétiens peuvent être gentils et bons en apparence, du fait qu’ils ont été créés à l’image de Dieu. Les Écritures nous apprennent aussi que les croyants sont souvent ceux qui étaient auparavant les pires pécheurs car nous sommes sauvés non par les œuvres, mais par la grâce. En y regardant de plus près, c’est la logique qui t’a poussée à douter du christianisme qui ne tient pas la route. Voilà comment remettre ses doutes en doute ; tu dois combattre sans relâche la croyance qui essaie de remplacer ta conviction chrétienne.
Considère tes doutes comme un terreau fertile pour la croissance
Nos doutes semblent parfois nous anéantir, mais ils peuvent servir au plan de Dieu. Aussi étonnant que cela puisse paraître, une certaine profondeur spirituelle et une certaine force spirituelle ne peuvent être atteintes qu’au travers d’une saison intense de doute et de lutte. Lorsque l’on persévère dans ces moments, on s’aperçoit qu’on en ressort plus fort. D’ailleurs, certains des plus grands saints d’autrefois ont enduré des épreuves qui ont ensuite affermi leur fidélité. Jésus lui-même a connu « la nuit obscure de l’âme ». Dans le jardin de Gethsémané, en pensant à l’épreuve terrible qui l’attendait, il a souffert au point que son âme était triste jusqu’à la mort (Mt 26.38).
Quand nous sommes assaillis par de tels doutes, nous avons du mal à voir quel pourrait être le but ultime de Dieu. Il arrive que nous le comprenions qu’avec le recul, une fois que l’épreuve est derrière nous. Martin Luther a composé son hymne le plus célèbre, « Une puissante forteresse est notre Dieu », au beau milieu de sa lutte la plus intense avec le doute. Cet hymne, né d’une période de doute et d’obscurité, n’a pas moins affermi des millions de croyants depuis.
Cet article est tiré du livre : Guide de survie de l’étudiant chrétien de Michael J. Kruger