Création et évolution (William Edgar)

Dans des disciplines telles que la géologie, la paléontologie et la biologie, il semble y avoir une opposition entre la Bible et la science. Cette question a été mise sur le devant de la scène au xixe siècle, lorsqu’est apparue une théorie audacieuse ‒ la théorie de l’évolution. Le problème des origines étant en jeu, la question de l’évolution et de la création a généré une énorme controverse, comme on aurait pu s’y attendre. Quel rôle l’apologétique chrétienne doit‑elle jouer dans ce débat pour qu’il reste sain ? 

La théorie de l’évolution

Charles Darwin lui‑même voulait, au début, défendre le récit biblique de la création. Dans son ouvrage De l’origine des espèces (1859), la grande innovation n’est pas tant la question de l’évolution des différentes espèces que le mécanisme de la sélection naturelle. Selon lui, la diversification des espèces se serait déroulée sur une grande période par un processus de variation aléatoire et de lutte pour la survie. Il pensait que ses arguments étaient compatibles avec l’Écriture, car seul un Dieu qui sait tout aurait pu établir un tel plan. Mais dans son deuxième livre, La Filiation de l’homme (1871), il franchit un pas osé en affirmant que toutes les espèces, y compris les êtres humains, sont issues de l’évolution. Une énorme controverse ne cesse d’entourer cette position depuis lors. 

L’évolution a‑t‑elle permis de réfuter la Bible ?

Même si de nombreuses théories spécifiques de Darwin ne sont plus acceptées, l’idée générale demeure. L’évolution a‑t‑elle permis de réfuter la Bible ? Il y a des livres à la mode sur la science et la religion, des disputes célèbres comme le Procès du singe, et les débats récents autour des manuels scolaires des lycées américains qui malheureusement donnent la fausse impression que les chrétiens sont des obscurantistes lancés dans une bataille désespérée contre le monolithe inébranlable de la science. 

Que dit réellement le texte de la Genèse ? S’agit‑il de six jours de vingt‑quatre heures ? Bien qu’une lecture superficielle puisse le laisser penser, de nombreux théologiens croient qu’il est tout à fait légitime de considérer que le mot hébreu pour « jour » indique une « période de temps ». Ils avancent entre autres le fait que le septième jour ne finit jamais (Ge 2.2). D’autres croient que la structure de Genèse 1 n’est pas chronologique, mais littéraire en raison d’une corrélation poétique entre les jours un et quatre, deux et cinq, trois et six. Ils maintiennent ainsi que le livre ne propose pas une structure temporelle géologique. 

D’autres encore croient qu’on ne doit pas forcer le texte de Genèse à enseigner une quelconque connaissance scientifique. Déjà en 1880, le botaniste de Harvard Asa Gray déclarait qu’entretenir un conflit entre l’évolution et la Genèse revenait à se baser sur des « suppositions étrangères au sujet et sur des constructions langagières forcées ». Les deux domaines, la science et l’enseignement mosaïque, étaient d’« ordre différent ». 

La Genèse enseigne clairement que Dieu a tout créé dans l’univers

Ce que la Genèse enseigne clairement, c’est que Dieu a tout créé dans l’univers. Que ce soit sur une certaine période de temps ou d’un seul coup, il est le Créateur dont la parole suffit à tout créer. Il est aussi clair que les êtres humains ont été créés d’une manière unique pour un dessein unique. Adam est considéré comme le représentant de l’alliance qui lie la famille humaine tout au long de la Bible. Remettre en question l’historicité du premier homme revient entre autres à remettre en question l’analogie établie dans la Bible entre Adam et le Christ. 

La théorie de l’évolution contredit‑elle ces enseignements ? Ce n’est qu’en tant que macro‑théorie qu’elle renvoie tout à un mécanisme qui fonctionne par lui‑même. En tant que micro‑explication, il n’y a rien qui en soi est contraire à la Bible. Dieu a peut‑être utilisé une semblable démarche pour créer. En plus, les théories elles‑mêmes soulèvent de grandes questions. La plupart des scientifiques rejettent aujourd’hui l’idée d’un processus lent se déroulant sur des milliers d’années et croient que les changements biologiques se produisent souvent de manière soudaine.

Laisser la Bible parler en ses propres termes

Le mieux est de laisser la Bible parler en ses propres termes et de ne pas en faire sortir de quelconques théories scientifiques. Il vaut mieux aussi laisser la science faire son travail tout en rappelant de temps à autre aux scientifiques qu’ils ne peuvent prétendre à la neutralité. Certaines questions légitimes émanant des différentes découvertes vont demeurer, mais de nouveaux horizons s’ouvrent grâce à la science, qui nous aide à comprendre le monde de Dieu. Nous ne verrons jamais l’image complète, mais nous pouvons accepter les ambiguïtés si nous nous accrochons à l’enseignement biblique. 

Or, la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. Pour l’avoir possédée, les anciens ont obtenu un témoignage favorable. C’est par la foi que nous reconnaissons que l’univers a été formé par la parole de Dieu, en sorte que ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles (Hé 11.1‑3).


Cet article est tiré du livre : Le cœur a ses raisons de William Edgar