Croire avec le cœur (Paul Washer)
Dans Romains 10.9,10, l’apôtre Paul dit que vous êtes sauvés si vous croyez « dans votre cœur » et « du cœur ». Si notre salut dépend d’une telle foi, alors notre considération et notre interprétation correcte de ces deux phrases sont de la plus haute importance. Avant d’entamer toute discussion au sujet de la foi, nous ferions bien de nous rappeler que les démons aussi croient et tremblent, sans toutefois obtenir le salut. Lorsque Jésus a commencé à prêcher en Galilée, les démons possédant un homme dans la synagogue se sont écriés : « Je sais qui tu es : le Saint de Dieu » (Mc 1.24b). Le démoniaque gadarénien s’est exprimé de manière encore plus détaillée lorsqu’il a confessé que Jésus était le « Fils du Dieu Très-Haut » (Mc 5.7). L’Écriture suggère donc que Satan et les démons ont une connaissance approfondie de la personne et de l’œuvre de Jésus-Christ et les acceptent comme des réalités absolues. Ils savent qu’il est le Fils de Dieu, qu’il est mort au Calvaire pour les péchés de son peuple et qu’il est ressuscité le troisième jour. Cependant, leur connaissance et leur reconnaissance des réalités de Christ ne conduisent pas à leur salut. Ils ne sont pas sauvés par ce qu’ils savent être vrai, mais plutôt condamnés par cela. Cette même maladie se retrouve chez les humains.
Toute évaluation honnête de l’évangélisme contemporain reconnaîtra qu’il y a beaucoup de gens dans les rues et sur les bancs d’église « qui ont reçu en partage une foi du même prix » (2 Pi 1.1) que les démons. Autrement dit, il y a des gens qui connaissent assez la personne et l’œuvre de Christ pour être capables de formuler une sorte de confession, si cela leur est utile. Cependant, il y a peu de preuves d’une réalité permanente de l’œuvre salvatrice de Christ dans leur vie. Leur espoir de salut éternel est fondé sur une décision prise il y a longtemps – et qu’ils croyaient sincère – d’« accepter Christ » au moyen d’une simple prière. Des prédicateurs de l’Évangile qui auraient dû être mieux informés ont confirmé leur espoir. Comme les démons, ils sont perdus, mais contrairement aux démons, ils ne le savent pas.
Maintenant que nous avons présenté les dangers d’une foi sans implication du cœur, nous sommes prêts à examiner une véritable foi provenant de celui-ci – celle d’un croyant qui, non seulement reconnaît ce qui est vrai à propos de la personne et de l’œuvre de Christ, mais qui s’appuie aussi sur ces réalités et en est transformé. Dans les Écritures, le cœur désigne le centre même, ou l’essence, d’une personne. C’est le siège de l’intelligence, de la volonté et des émotions. Dans un sens, on peut dire que le cœur est le centre de contrôle de tout ce que nous sommes. Ce qui s’y passe affecte tout le reste de notre existence. Il est donc absurde de penser qu’une personne puisse croire quelque chose « dans » ou « avec » son cœur sans que cela ait également un effet considérable, voire radical, sur la totalité de sa personne.
Croire dans notre cœur que Dieu a ressuscité Jésus des morts, c’est croire au plus profond de notre être que tout ce que Jésus a dit à propos de lui-même est vrai. Cela peut ne pas sembler trop drastique jusqu’à ce que nous prenions en considération certaines choses qu’il a réellement dites :
• Il est le Dieu éternel et le Créateur de l’univers.
• Il est la vie et la lumière de tous les hommes.
• Il est l’unique Sauveur de l’humanité.
• Il est le Souverain absolu de l’univers.
• Il déterminera la destinée éternelle de tous les hommes.
• Il a plus de valeur que toute la richesse du monde.
• La promotion de sa volonté et de son dessein est l’objectif de l’univers et de la vie de chaque individu.
• Il doit être aimé plus que toute autre personne et toute autre chose.
• Il doit être suivi et obéi à chaque instant, quel que soit le prix à payer.
• Il jugera le service de son peuple envers lui et le récompensera en conséquence.
Ces affirmations radicales de Christ n’admettent pas une réponse nonchalante, et nous ne pouvons pas y croire et en faire le centre de notre intellect, de notre volonté et de nos émotions sans ressentir un effet radical, voire dévastateur, dans notre vie. Il est impossible pour une créature rationnelle d’embrasser ces vérités sans être sensiblement changée par celles-ci. La nature même de ces affirmations exige un changement cataclysmique du caractère de la personne et de la direction de sa vie.
Par conséquent, la véritable foi salvatrice n’est pas une confiance passive ou partielle en Christ, mais une confiance active et croissante. Par l’œuvre de sanctification continue, elle finit par englober la totalité de la vie du croyant. La preuve de la foi salvatrice, ce n’est pas que nous avons simplement un jour « accepté Christ » par une prière que nous avons répétée machinalement ; elle réside plutôt dans le fait que, dès le moment où nous avons cru à l’Évangile, les affirmations de Christ à propos de lui-même et ses exigences envers nous sont devenues une réalité sans cesse en expansion dans notre vie.
Cet article est tiré du livre : « L’appel de l’Évangile et la conversion authentique » de Paul Washer