Cultiver des habitudes qui favorisent une vie de piété (Benjamin Mast)
Nous sommes sauvés par grâce. Nous ne pouvons pas nous sauver en adoptant un bon comportement. Pourtant, Dieu nous appelle à vivre une vie sainte pour notre bien. En le suivant, notre caractère et notre foi se développent, ce qui nous sera d’un grand secours dans nos vieux jours. Nous formons des habitudes concernant des choses qui sont bonnes ou non pour nous, mais dans les deux cas, ces modèles de comportement répétés deviennent profondément ancrés en nous. L’auteur N. T. Wright mène cette réflexion dans son livre sur le caractère et la vertu du chrétien :
La vertu… est ce qui arrive lorsque quelqu’un a fait un millier de petits choix, lui demandant des efforts et de la concentration, pour faire quelque chose de bon et de juste, mais qui ne lui viendrait pas « naturellement »… Et puis, à la mille et unième fois, quand cela est vraiment important, il se rend compte qu’il a pris la bonne décision « automatiquement », comme on dit. Cette fois-là, on dirait vraiment que tout s’est passé sans effort, mais en y réfléchissant, on voit bien que cela ne s’est pas produit « juste comme ça ». La vertu, c’est se qui se produit quand les choix sages et courageux deviennent notre « seconde nature » 12.
Quels aspects de votre marche avec Dieu voudriez-vous vivre comme une « seconde nature » ? Quels souvenirs ou quelles actions aimeriez-vous transformer en réflexes pour augmenter les possibilités que vous continuiez à les faire, même si vous souffrez de troubles cognitifs ? Les personnes atteintes d’Alzheimer vivent par habitude, tous les jours, tout comme ceux qui ne souffrent pas de cette maladie. On a d’ailleurs des preuves que certains troubles de comportement constatés en cas de démence sont liés à des traits de caractère et de personnalité qui existaient déjà13. Les familles disent souvent que les troubles de comportement qu’ils voient chez leur proche qui souffre de démence sont des manifestations intensifiées du caractère de la personne avant sa démence. De la même façon, les difficultés relationnelles dans la démence sont parfois une intensification ou une continuation de conflits relationnels préexistants.
En choisissant comment nous voulons vivre aujourd’hui, nous décidons comment nous voulons vivre dans le futur. Nous sommes formés par les choses que nous faisons. Qui voulez-vous être ? Avec qui voulez-vous partager vos années à venir ? Comment aimeriez vous faire la paix avec les autres ? Comment aurez-vous la pensée de Christ, avec la Parole ancrée profondément en vous, pour qu’elle soit constamment sur vos lèvres ? Avez-vous l’habitude de prier et de lire la Bible tous les jours ? En développant cette vie de piété, ces habitudes deviennent une partie de qui nous sommes et elles sont gravées dans nos esprits et nos systèmes de mémoire procédurale. Tout cela résistera mieux aux effets de la maladie d’Alzheimer.
En intégrant ces disciplines spirituelles à votre marche quotidienne, vous constaterez combien vous grandirez dans votre connaissance de Dieu et votre compréhension de sa Parole. Lorsque vous vous rappellerez sa bonté, ce ne sera pas seulement bénéfique pour vous, mais aussi pour tous ceux à qui vous partagerez vos souvenirs.
Ce sont de bonnes habitudes à avoir, que vous développiez ou non la maladie d’Alzheimer. Si un jour vous souffrez de cette maladie, ces choses demeureront en vous, et vos bien-aimés pourront aussi vous les rappeler quand vous les oublierez.
Lisez les résolutions prises par le pasteur John Piper lorsqu’il a pris le temps de réfléchir à ce que peut être le vieillissement avec Dieu, à la lumière des paroles du Psaume 71(14). Si vous vivez avec la possibilité d’être un jour atteint d’Alzheimer, ces résolutions valent la peine que vous les considériez et les méditiez. Comment pouvez-vous les intégrer de manière créative et systématique dans votre vie quotidienne pour qu’elles vous viennent naturellement à l’esprit lorsque votre mémoire commencera à défaillir ?
- Je me souviendrai avec émerveillement et reconnaissance des centaines de fois où je me suis appuyé sur Dieu dès ma jeunesse. « Car tu es mon espérance, Seigneur Éternel ! En toi je me confie dès ma jeunesse. Dès le ventre de ma mère je m’appuie sur toi ; c’est toi qui m’as fait sortir du sein maternel ; tu es sans cesse l’objet de mes louanges » (v. 5,6). « Ô Dieu ! Tu m’as instruit dès ma jeunesse, et jusqu’à présent j’annonce tes merveilles » (v. 17).
- Je me réfugierai en Dieu plutôt que d’être confondu par mes épreuves. « Éternel ! Je cherche en toi mon refuge : que jamais je ne sois confondu ! » (v. 1.)
- Je parlerai de plus en plus à Dieu (et non de moins en moins) de sa grandeur, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de place dans mes paroles pour les plaintes. « Tu es sans cesse l’objet de mes louanges » (v. 6). « Et moi, j’espérerai toujours, je te louerai de plus en plus » (v. 14).
- Je m’obstinerai à espérer et à ne pas céder au désespoir, même en maison de retraite, et même si je suis le seul de mes amis encore en vie. « Et moi, j’espérerai toujours, je te louerai de plus en plus » (v. 14).
- Je trouverai des personnes à qui parler des merveilleux actes de salut de Dieu, sans jamais arriver au bout de ceux-ci, car ils sont innombrables. « Ma bouche publiera ta justice, ton salut, chaque jour, car j’ignore quelles en sont les bornes » (v. 15). « Ne m’abandonne pas, ô, Dieu ! Même dans la blanche vieillesse, afin que j’annonce ta force à la génération présente, ta puissance à la génération future ! » (v. 18.)
- Je me souviendrai qu’il y a tant de choses à propos de Dieu qui dépassent mon imagination et qu’un jour, je les connaîtrai. « Ta justice, ô Dieu ! atteint jusqu’au ciel » (v. 19).
- Je considérerai ma souffrance et mes peines comme un don de Dieu et un chemin vers la gloire. « Tu nous as fait éprouver bien des détresses et des malheurs ; Mais tu nous redonneras la vie, tu nous feras remonter des abîmes de la terre » (v. 20).
- Je ne ressemblerai pas aux stéréotypes des personnes âgées, et je jouerai, chanterai et crierai de joie (que cela me donne un air distingué ou pas). « Et je te louerai au son du luth, je chanterai ta fidélité, mon Dieu, je te célébrerai avec la harpe, Saint d’Israël ! En te célébrant, j’aurai la joie sur les lèvres, la joie dans mon âme que tu as délivrée » (v. 22,23).
Réfléchissez, en prière, à la manière dont vous pouvez rédiger votre propre manuel de soins, dans lequel vous présentez ce qui est important et comment vous souhaitez pouvoir vivre. Demandez à Dieu de vous diriger dans ce projet. Que ce plan soit sacrificiel faisant passer les autres avant vous. Vous ne voulez pas élaborer un plan qui soit impossible à suivre pour ceux qui pourraient avoir à prendre soin de vous. Parlez-en à ces personnes, priez à ce sujet et planifiez ces choses ensemble. Puis mettez ce plan en action.
La personne que nous serons demain est forgée par ce que nous faisons aujourd’hui. Ce que nous accomplissons peut non seulement avoir une incidence sur notre risque de développer une démence, mais aussi influencer qui nous serons, en matière de caractère et d’habitudes. Nous ne pouvons pas tellement contrôler l’apparition de la démence dans nos vies, mais nous pouvons avoir un impact sur le niveau de risque que nous encourons. Planifier le futur comprend aussi ce que nous voulons faire et qui nous voulons devenir.
Nous devons réfléchir à la manière dont notre caractère et notre foi se développent, pour qu’au jour de l’épreuve, nous soyons solidement enracinés en Christ et entourés de son Saint-Esprit.
Cet article est tiré du livre : Le deuxième oubli de Benjamin Mast
12. N. T. Wright, After You Believe: Why Christian Character Matters [Après la profession de foi : Pourquoi le caractère chrétien est important], trad. libre, San Francisco, HarperOne, 2012, p. 20-21.
13. N. Archer, R. G. Brown, S. J. Reeves, H. Boothby, H. Nicholas, C. Foy, et al., « Premorbid Personality and Behavioral and Psychological Symptoms in Probable Alzheimer Disease » [Personalité prémorbide et symptômes comportementaux et psychologiques dans une maladie d’Alzheimer probable], American Journal of Geriatric Psychiatry 15, 2007, p. 202-213.
14. Voir Donald S. Whitney, Spiritual Disciplines for the Christian Life [Disciplines spirituelles pour la vie chrétienne], Colorado Springs, NavPress, 1997. Ce livre propose une approche utile pour les disciplines spirituelles.