Dans quelle mesure devrions-nous utiliser le vocabulaire « de la relation amoureuse » dans les chants de louange ? (John Piper)

On parle des paroles de chants de louange sur le podcast. Vous, les auditeurs, nous envoyez toujours des questions à propos de paroles de chants. C’est peut-être le genre d’épisodes le plus polarisant que nous fassions. Je suis sûr que la plupart d’entre vous se souviennent de notre épisode sur la chanson contemporaine « Ce Nom si merveilleux ». Ou sur les paroles de la chanson d’adoration « Amour extravagant ». Eh bien, aujourd’hui, un auditeur nommé Robert écrit pour poser une question plus générale.

« Bonjour, Pasteur John ! J’ai remarqué dans ma propre église une montée du vocabulaire “de la relation amoureuse” dans nos chants de louange contemporains. Les Écritures montrent que le mariage et, d’une certaine manière, la sexualité reflètent quelque chose de la relation de Christ avec son peuple. Devrions-nous comprendre cela dans un sens purement collectif, ou est-il bon pour des individus de chanter des mots comme “J’ai senti ton toucher” ou “Jésus est amoureux de mon âme” ? Quelle est la place du langage intime et personnel, du vocabulaire “de la relation amoureuse” dans le culte de l’assemblée ? Et dans quelle mesure est-ce dû aux interprétations allégoriques du Cantique des Cantiques ? »

Paître le troupeau par la chanson 

Quel besoin énorme il y a là pour des directeurs de louange qui prient, qui sont sages, matures, expérimentés, saturés par la Bible et théologiquement profonds. Savoir jouer d’une guitare ou d’un piano et jouer une mélodie ne suffit pas pour que quelqu’un puisse remplir un des rôles pastoraux les plus importants dans l’église. Je pense qu’après le pasteur qui prêche régulièrement, celui qui conçoit et dirige le culte et la louange est la personne la plus influente spirituellement et théologiquement dans l’église, pour le meilleur et pour le pire.

Je commence en mettant l’accent sur ce point – cet appel à la prière, à la sagesse, à la maturité, à une profonde saturation biblique et au discernement dans ce rôle – parce que, comme pour les plus belles et précieuses choses, la solution aux choses inadaptées, inappropriées, stupides, sans goût dans tout culte ne se résume pas à un mode d’emploi, mais à la maturité, à la sagesse, aux dons de pouvoir discerner les justes proportions et équilibres ainsi que la beauté et les effets appropriés.

Alors, quand Robert demande : « Quelle est la place du langage intime et personnel, du vocabulaire “de la relation amoureuse” dans le culte de l’assemblée ? », ma réponse est que chaque directeur de louange doit discerner si la formulation d’un chant et son contexte dans le culte fournira le cadre mental et émotionnel pour expérimenter le vocabulaire “de la relation amoureuse” de façon pure et sainte et en proportion appropriée avec les autres émotions également.

Vous pouvez voir ici l’énorme besoin de sagesse. Ce n’est pas simple. Plus l’image de Christ et du peuple de Christ devient sexuelle et individuelle, plus elle sera problématique pour le culte de l’assemblée. D’abord, c’est un défi de transposer l’érotisme en affections spirituelles. C’est possible, mais il est peu probable que ce soit le cas pour la plupart des personnes ordinaires qui assistent au culte. Deuxièmement, parce que Jésus-Christ est un homme, mâle, nous ne pouvons pas nous attendre à ce que les hommes et les femmes de la congrégation se rapportent de la même manière à un Christ mâle individualisé qui leur parle avec un vocabulaire qui porte des accents érotiques.

Mais je ne veux pas donner l’impression que nous devrions laisser le plus petit dénominateur commun de sensibilité spirituelle dans la congrégation et d’intimité personnelle de communion avec Jésus dicter les limites de nos expressions bibliques d’affection pour Dieu. Encore une fois, l’appel à la sagesse, à la profondeur spirituelle et au discernement du directeur de louange est si crucial.

À la fois Lion et agneau

Et voici ce sur quoi je pense que l’accent devrait être mis pour aider à résoudre ce genre de problèmes : les qualités excellentes de Christ sont-elles vues et savourées par les gens semaine après semaine dans le culte d’une manière qui protège chacune d’entre elles de la démesure en la maintenant en relation avec sa contrepartie ? Je sais que ça a l’air compliqué. Ce n’est pas le cas. Voilà ce que je veux dire.

  • Nous devons chanter l’excellence de sa gloire, mais mêlée à son humilité.
  • Nous devons chanter sa transcendance et la mêler à sa condescendance.
  • Nous l’admirons pour sa justice sans compromis, mais encore plus parce qu’il est empreint de miséricorde.
  • Nous l’admirons pour sa majesté, mais encore plus parce que c’est une majesté dans la douceur – à la fois lion et agneau.
  • Nous l’admirons pour son égalité avec Dieu, mais encore plus parce qu’il est l’égal de Dieu tout en révérant Dieu.
  • Nous l’admirons parce qu’il est digne de tout bien, mais encore plus parce qu’il a été patient à souffrir tout mal.
  • Nous chantons son nom à cause de son règne souverain sur le monde, mais encore plus à cause de son règne revêtu d’un esprit d’obéissance et de soumission.
  • Nous aimons la façon dont il a déconcerté les orgueilleux pharisiens et les scribes avec sa sagesse, et nous l’aimons encore plus parce qu’il pouvait être si simple que les enfants voulaient venir près de lui et passer du temps avec lui.
  • Nous l’admirons parce qu’il pouvait calmer la tempête d’un seul mot, et pourtant il a refusé d’utiliser son pouvoir pour descendre de la croix.

Plus que de la simple musique

Alors quand Robert demande : « Est-il bon pour des individus de chanter des mots comme “J’ai senti ton toucher” ? », ma réponse est oui, à condition que tout le monde sache que lorsque vous sentez son toucher, vous pourriez être électrocuté. Cette prise de conscience pourrait empêcher l’imagerie du toucher de Christ de dériver vers le sentimentalisme ou l’érotisme.

Tout dépend de ce que les paroles d’une chanson signifient dans notre expérience personnelle particulière. Pour moi, quand je pense à être touché par Dieu, je pense à 1 Samuel 10.26, j’y ai vraiment pensé alors que je me suis penché sur ce problème.

« Saül aussi alla chez lui à Guibea, accompagné des hommes de valeur dont Dieu avait touché le cœur. »

C’est le genre de toucher que je veux. C’est une connotation très différente de celle de la première nuit de lune de miel.

Mon appel aux pasteurs est qu’ils choisissent avec grand soin qui concevra et dirigera cette partie très importante du culte : des personnes qui prient, qui sont sages, matures, expérimentées, saturées de la Bible et théologiquement profondes. Et s’il n’y a pas une personne comme ça, alors pasteur, gardez la direction dans vos propres mains jusqu’à ce que vous érigiez un tel leader. En attendant, apprenez à votre peuple qui est Christ et ce qu’est l’adoration.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts