Devrions-nous élever nos mains pendant la louange ? (Pasteur John Piper vous répond)

 

Devrions-nous élever nos mains pendant la louange ou les garder dans nos poches ?

C’est la question d’un auditeur du nom de Geoff :

« Pasteur John, quand vous chantez dans votre église locale, élevez-vous les mains ? Est-ce quelque chose que nous devrions faire en chantant à l’église le dimanche ?

Quand je lis des versets comme 1 Chroniques 16.23-31 et Psaume 95.1-2, je me demande pourquoi tout le monde n’élève pas les mains quand nous chantons ensemble en tant qu’église. Si seulement 5% de l’assemblée de mon église locale élève les mains pendant la musique, mais que tous chantent fort avec un bruit joyeux, alors est-ce quelque chose que nous devrions enseigner afin d’encourager l’élévation de saintes mains ? Ou devrais-je être reconnaissant qu’on chante tous ? En tant que leader de louange dans mon église locale, je veux être «maximaliste» dans ma pensée et toujours trouver des moyens d’encourager moi-même et notre congrégation à être pleinement dévoués et pleinement joyeux en Jésus alors que nous chantons des chansons qui sont imprégnées de riches paroles de l’Évangile. »

Dégoûté de prendre plaisir en Dieu de cette façon

Je me souviens d’un culte dans une chapelle à la fin des années 70, lorsque j’étais professeur à l’université, où j’étais assis à côté d’un collègue de la faculté qui, dans une prière, a simplement posé ses mains sur ses genoux, les paumes ouvertes. Je me souviens du dégoût que j’avais ressenti en le voyant faire ça.

Je ne me souviens plus de ce qui se passait dans mon âme à l’époque, mais ce que je ressens maintenant n’est que honte et remords face à une attitude aussi arrogante et pleine de jugements.

Puis, environ cinq ans plus tard, j’avais encouragé Bethléhem – j’étais passé de la faculté au pastorat, et j’en étais à environ deux ans dans mon pastorat – à commencer une ou deux fois par an une réunion de prière pendant toute la nuit pour rechercher Dieu avec ardeur ensemble, et ce afin qu’il maximise ses bienfaits dans la vie de notre Église.

Il était environ 2 heures du matin, et nous étions encore une vingtaine ou une trentaine à prier dans une pièce appelée « salle du coin du feu », qui n’existe plus, car elle a été démolie dans l’un des projets de construction. Mais je me souviens que Bruce Leafblad, qui était à l’époque le leader de la louange, nous guidait dans des chansons simples des années 1980 comme « Hallelujah, Hallelujah ». Des choses simples comme ça.

Nous chantions l’une de ces chansons, et soudain je me suis retrouvé les mains en l’air, et c’était comme si je me regardais de l’extérieur plutôt que comme si je le faisais. Je n’avais jamais, en 36 ans de ma vie, levé les mains en chantant jusque-là.

Jusqu’à ce jour, je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé, si ce n’est que cet événement a porté ses fruits dans ce que j’ai ressenti et ressens aujourd’hui comme une libération d’un esclavage très substantiel.

Une louange forcée

Depuis cet événement, mon approche par rapport au fait de lever les mains dans le culte a simplement été d’essayer de créer une atmosphère dans laquelle les gens se sentent libres d’élever les mains ou non de tout leur cœur.

La raison pour laquelle je dis « ou non », c’est parce que les manifestations forcées ou contraintes de louange du cœur sont contradictoires. Soit elle vient du cœur et a de la valeur en tant qu’expression du cœur, soit elle est une performance et n’a aucune valeur d’adoration du tout.

Je ne dirais jamais, en tant que leader de louange, « Allez, les gens, élevez vos mains. On vient de chanter une chanson qui disait : «Nos mains sont levées.» » Je ne réprimanderais pas du tout les gens comme ça. Cela crée une crise incroyablement hypocrite chez eux parce qu’ils vont faire ce que vous dites même s’ils n’en ont pas envie. Et cela ruinera la louange authentique.

Des mains saintes

En fonction du type de culte, des personnes présentes et de la nature de la musique, je suppose qu’au fil du temps, à Bethléhem, dix à trente pour cent des gens élèvent les mains pour louer.

Nous n’avons jamais cherché à développer une atmosphère dans laquelle on s’attendrait à ce que vous le fassiez si vous êtes spirituel. Cependant, Psaume 63.5 dit : « Je te bénirai donc toute ma vie. J’élèverai mes mains en ton nom. » Et Psaume 141.2 dit : « Considère ma prière comme de l’encens placé devant toi, et mes mains tendues vers toi comme l’offrande du soir. » Et Paul dit en 1 Timothée 2.8 : « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains saintes, sans colère ni mauvaises pensées. »

Maintenant, je doute que Paul ait voulu dire, dans 1 Timothée 2.8, qu’il est contraire à la volonté de Dieu que les hommes prient sans lever leurs mains. Ce que je pense plutôt qu’il veut dire, c’est que c’est contraire à la volonté de Dieu qu’ils prient sans « mains saintes » quand ils lèvent leurs mains. En d’autres termes, je ne pense pas que, à chaque fois qu’un homme prie, ses mains doivent être élevées, mais que si ses mains sont tendues vers le haut, dans sa prière, elles doivent être de saintes mains.

Connaissez votre « public »

Permettez-moi de parler de la place de la culture dans cette discussion pour après finir par un dernier mot.

Un jour, je parlais à un responsable d’église en dehors des États-Unis qui a essayé de m’expliquer que le fait d’élever les mains dans le culte dans sa ville était un signe de mauvaise théologie. La pratique était associée à certaines églises qui enseignaient de mauvaises choses. Il pensait que ce serait un compromis dans les églises fidèles si les gens élevaient la main. Ils risqueraient de faire un clin d’œil aux faux enseignements en permettant cette pratique.

C’est le genre de chose à laquelle il faut vraiment être sensible quand on est un étranger et qu’on se retrouve dans une situation culturelle dont on ne sait rien.

Cependant, je lui ai suggéré qu’il y a probablement une meilleure façon de nous distinguer des faux enseignements que de laisser les faux enseignants s’approprier une belle pratique biblique, alors que l’église véritable s’en passe. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

Expressions naturelles

Je finirai peut-être par dire un mot à ceux qui trouvent que le fait d’élever les mains dans le culte est artificiel plutôt que réel pour eux. Convenons tous que, que nous soyons très formels ou plus charismatiques, nous sommes tous aussi vulnérables à l’hypocrisie, à l’artificialité et au jugement facile.

Les hymnes peuvent être chantés avec autant d’inauthenticité que les chants de louange modernes. L’orgue peut être joué avec autant d’hypocrisie que la guitare. Les mains peuvent être maintenues dans les poches pour des motifs tout aussi défectueux que les motifs qui les poussent à les élever.

En tant que quelqu’un qui élève ses mains, je dirais simplement à ceux qui ne le font pas que, pour moi, c’est à la fois une expression naturelle de l’admiration intérieure que j’ai pour Dieu, et un amplificateur de l’exultation intérieure qui s’exprime par le corps.

J’espère que ceux qui n’expérimentent pas la même chose au travers de cette pratique auront leurs propres expériences d’admiration libérée, d’exultation intérieure et d’intensification. Je crois que c’est possible, et je supposerai que c’est le cas lorsque j’adorerai avec vous, si vous faites partie de ceux qui n’élèvent pas leurs mains.


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts