Dieu est-il présent ou absent en enfer ?
Les étudiants sérieux de la Bible posent des questions sobres sur des textes difficiles. C’est ce que j’aime dans ce podcast et chez nos auditeurs. C’est ici que l’on pose et répond aux questions sobres sur des textes difficiles.
À savoir, Dieu est-il présent ou absent dans son jugement éternel ? Le chapitre 1.9 de 2 Thessaloniciens semble dire qu’il est absent. Un auditeur nommé David nous écrit :
Pasteur John, merci de bien vouloir répondre à ma question. C’est une question sérieuse. À savoir, la présence de Dieu est-elle en enfer ? 2 Thessaloniciens 1.9 semble dire que non. Est-ce exact ?
Et Josiah nous écrit ceci :
Pasteur John, bonjour. J’ai lu que l’enfer inclut la présence de Dieu, selon Apocalypse 14.10. Ou est-ce loin de la présence de Dieu, comme le dit 2 Thessaloniciens 1.9 ? Pouvez-vous m’aider à comprendre lequel des deux est correct ?
Chaque fois qu’on me pose une question sur l’enfer, je ressens toujours le besoin de respirer profondément, pour ainsi dire, de prendre du recul et de m’assurer que nous ne traitons pas cette réalité de manière désinvolte, facile, superficielle et cavalière. Aussi, permettez-moi de dire quelques choses en guise de préface afin que nous puissions ressentir le poids approprié de la question.
Penser trop peu à l’enfer
Il est possible, je pense, de penser à l’enfer à la fois trop et trop peu. Penser trop peu à l’enfer signifierait que le sujet vous vient rarement à l’esprit et qu’il a donc peu d’effet sur votre vie. Mais l’enseignement de la Bible sur l’enfer ne sert pas seulement à satisfaire une curiosité aléatoire et occasionnelle. Il est destiné à nous faire réfléchir, à nous empêcher de penser que le fait de se méfier de Dieu et de lui désobéir n’a que peu d’importance.
La connaissance de l’enfer a pour but de nous aider à ressentir l’outrage moral qui consiste à préférer la création de Dieu à Dieu, ce qui est, je pense, l’essence du péché. L’enseignement biblique sur l’enfer est un reflet de la valeur infinie de Dieu et du scandale que représente le fait de le mépriser.
La raison pour laquelle l’enfer est éternel n’est pas parce que le péché qui nous y envoie était éternel, mais parce que l’offense contre un Dieu infiniment digne est une offense infinie. Ainsi, lorsque nous pensons trop peu à l’enfer, nous ne tremblons probablement pas devant la majesté et la justice de Dieu comme nous le devrions. L’enfer a une façon de rendre la vie plus sérieuse, et penser trop peu à l’enfer aura probablement pour résultat une vie morale et émotionnelle qui n’est pas en phase avec la grandeur, et la beauté, et la valeur, et la justice, et la sagesse, et la grâce de Dieu.
Trop penser à l’enfer
Mais il est également possible de trop penser à l’enfer, je pense. L’enfer est vraiment une réalité horrible. Considérez les descriptions qui en sont faites dans la bouche de Jésus : Un « feu qui ne s’éteint pas » (Marc 9.43), « c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Matthieu 24.51), « là où le ver ne meurt pas » (Marc 9.48), un lieu de « ténèbres extérieures » (Matthieu 25.30), un lieu de « souffrances cruelles » (Luc 16.24), un lieu de « châtiment éternel » (Matthieu 25.46).
Ou comme Paul l’appelle dans 2 Thessaloniciens 1.9, un lieu de « ruine éternelle », avec « irritation et colère » (Romains 2.8). Ou comme Jean le décrit dans Apocalypse 14.11, « La fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles, et ils n’ont de repos ni jour ni nuit. »
Ces descriptions sont terribles au-delà des mots. Mais certaines personnes tentent d’atténuer l’horreur en disant : « Eh bien, des mots comme feu et ténèbres sont des symboles. » Et je tiens à dire que le problème avec cela est que, si ce sont des symboles, ils sont des symboles de quelque chose, et cette chose n’est pas moindre. Je veux dire que les symboles sont un effort pour mettre en mots l’indicible. C’est à cela que servent les symboles. Appeler quelque chose un symbole du feu signifie que c’est pire, pas meilleur. Les réalités correspondent aux symboles.
Il est toutefois possible de trop réfléchir à cette réalité. Je ne pense pas que l’esprit et le cœur humains soient équipés dans ce monde déchu pour réfléchir pendant de longues périodes à la réalité de l’enfer. Dieu a un esprit et un cœur qui peuvent garder cette réalité en point de mire et en proportion des autres réalités, de sorte qu’elle n’a aucun effet néfaste sur lui. Je ne pense pas que nos esprits et nos cœurs, de ce côté de l’éternité, puissent méditer correctement sur de telles horreurs pendant très longtemps. Nous avons besoin d’aperçus – oui, nous en avons besoin. Nous avons besoin de rappels, oui, mais nous n’avons pas besoin d’une conscience continuelle de souffrances trop grandes que pour être endurées.
Dieu est-il présent ou absent ?
Or, David et Josiah, dans leurs questions, ont tous deux posé, plus ou moins, la question de la présence de Dieu en enfer. Et ils se réfèrent à deux textes très pertinents. Apocalypse 14.10, qui donne l’impression que l’Agneau de Dieu peut être présent en enfer, dit que tout qui adore la bête « sera tourmenté dans le feu et le soufre, devant les saints anges et devant l’Agneau. » Et l’autre texte est 2 Thessaloniciens 1.9 : « Ils auront pour peine une ruine éternelle, loin de la présence du Seigneur et de la gloire de sa force. »
Donc, tout d’abord, un mot sur Apocalypse 14.10. Lorsqu’il est question des tourments de l’enfer en présence de l’Agneau, l’expression « devant » signifie « à la vue de », et non « dans le même espace que ». Le mot grec utilisé littéralement est bien « devant » l’Agneau ; ils seront tourmentés « devant l’Agneau ». Le même mot est utilisé dans Apocalypse 3.2 comme ceci : « Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. » C’est exactement la même construction : « devant mon Dieu », « en présence de mon Dieu ». Il peut les voir. C’est devant lui dans ce sens.
Ainsi, lorsque nous disons que quelque chose se produit « devant Dieu » ou « en présence de l’Agneau », nous ne voulons pas nécessairement dire que Dieu ou l’Agneau se trouve dans le même espace que ce qu’ils voient. Ainsi, je pense qu’Apocalypse 14.10 ne dit pas que Dieu ou Jésus ou l’Agneau a une sorte de résidence permanente en enfer. Mais ils peuvent voir l’enfer et le voient.
Or, lorsque 2 Thessaloniciens 1.9 dit que les punitions de l’enfer seront « loin de la présence du Seigneur », le mot pour présence ici est face, « loin de la face du Seigneur ». En d’autres termes, l’enfer est l’accomplissement de la menace d’Ézéchiel 7.22, par exemple, où Dieu dit : « Je détournerai d’eux ma face. » C’est l’exact opposé de la bénédiction dans Nombres 6.24-26 :
Que l’Éternel te bénisse et te garde ! Que l’Éternel fasse briller son visage sur toi et t’accorde sa grâce ! Que l’Éternel se tourne vers toi et te donne la paix !
C’est exactement le contraire de ce qui se passe en enfer. Cela ne se produit pas en enfer. Le regard bienveillant de Dieu ne brille pas sur eux. Et il y a en enfer un froncement de sourcils éternel de justice désapprobatrice.
Un jugement juste pour toujours
Que dire, alors, de la question de savoir si la présence de Dieu est en enfer ? Je suppose que vous pourriez dire qu’il y a deux sens dans lesquels Dieu est « présent ». Premièrement, il maintient tout par la parole de sa puissance par Jésus (Hébreux 1.3). Ainsi, l’enfer n’aurait aucune existence si Dieu ne le maintenait pas en existence. Et deuxièmement, l’enfer est décrit comme une punition et un jugement – pas seulement comme une conséquence, mais comme une punition. Et donc, ceux qui sont en enfer seront conscients de la juste désapprobation de Dieu. Sa désapprobation, son jugement, son châtiment – cela sera présent à leur esprit pour toujours.
Mais aucune de ces deux façons de penser à la présence de Dieu ne suggère sa présence personnelle. Nous pouvons donc dire que Dieu n’est pas présent dans ce sens : sa beauté ne sera pas vue ou connue. Sa communion ne sera pas appréciée. Son soulagement et sa miséricorde ne seront pas expérimentés. S’il y a un sens dans lequel la présence de Dieu est ressentie comme une force qui soutient, ce sera la présence de son jugement et de sa colère justes.
L’enfer est une réalité à éviter à tout prix. Et Jésus Christ, le Fils de Dieu, a lui-même supporté le plus grand coût en devenant une malédiction pour nous sur la croix (Galates 3.13) – pour tous ceux qui veulent croire (Jean 3.16). Jésus est devenu l’enfer que nous méritions, et j’exhorte tout le monde au son de ma voix à s’envoler vers Jésus, votre seul espoir d’échapper à ces tourments.
Cet article est une traduction de l’article anglais «Is God Present or Absent in Hell?» du ministère Desiring God par Timothée Davi.