Dix-septième siècle : La réforme de l’Église en Angleterre
La Réforme est arrivée en Angleterre pendant le règne d’Henri VIII (qui a duré de 1509 à 1547), mais elle s’y est affermie pendant celui de sa fille Élisabeth Ire (de 1558 à 1603). Cette dernière a effectivement fait passer son pays de manière définitive dans le camp protestant. Toutefois, il est très tôt devenu évident qu’elle voulait une Église « dont la théologie était calviniste ; le mode de gouvernance, érastien ; la liturgie, essentiellement médiévale », pour emprunter les mots de Robert Walton. Ceux qui voulaient aller plus loin dans la réforme de l’Église nationale étaient tournés en ridicule et qualifiés de « puritains ».
Nombreux étaient ceux qui s’étaient exilés à Genève ou aux Pays-Bas pendant le règne de Marie Ire (de 1553 à 1558), considérant les églises de ces destinations comme des exemples pour l’Angleterre. La via media (« entre-deux », littéralement « chemin du milieu ») d’Élisabeth ne correspondait nullement à leur conception d’une Église réformée.
Au départ, les puritains ont surtout cherché à réformer la liturgie. Ils s’opposaient aux cérémonies telles que le signe de croix lors du baptême ou l’agenouillement lors du repas du Seigneur. Plus tard, alors que les évêques d’Élisabeth leur mettaient des bâtons dans les roues, les puritains se sont mis à prôner une forme de gouvernement ecclésiastique presbytérien. D’autres, plus radicaux, préconisaient plutôt le système congrégationaliste. D’autres encore, ayant peu d’espoir de réformer l’Église d’Angleterre de l’intérieur, choisissaient de s’en séparer.
Malgré le fait que leurs opinions divergeaient quant à la gouvernance de l’Église, les puritains – dont les célèbres William Perkins, Matthew Henry, John Owen, Thomas Goodwin, John Bunyan, John Flavel et Thomas Watson – tombaient d’accord sur l’importance de prêcher fidèlement l’Évangile, d’enseigner la saine doctrine ; de favoriser une conversion authentique, une foi personnelle et une sainteté pratique ; ainsi que d’appliquer la Parole de Dieu dans tous les aspects de la vie en tant qu’individu, famille et nation. En résumé, le puritanisme était une sorte de calvinisme vigoureux sur le plan doctrinal, chaleureux et contagieux sur le plan expérientiel, dynamique quoique tendre sur le plan de l’évangélisation, théocentrique et révérencieux sur le plan ecclésiastique, et il se voulait scriptural et équilibré sur le plan politique.
Lorsque Jacques VI d’Écosse, qui était aussi Jacques Ier d’Angleterre, est monté sur le trône d’Angleterre après la mort d’Élisabeth en 1603, les puritains se sont remis à espérer l’établissement d’une Église nationale réformée. Toutefois, le roi a rejeté le presbytérianisme de son enfance en faveur du régime épiscopal, dans le but d’affermir son autorité. Ainsi s’est envolé l’espoir des puritains. Toutefois, Jacques VI a sanctionné une nouvelle traduction des Écritures, produite en 1611 : la version du roi Jacques (King James version).
Dans l’ensemble, les puritains et leurs adversaires s’entendaient sur le plan de la sotériologie, étant presque tous calvinistes. Toutefois, dans les années 1620, Charles Ier a accédé au pouvoir et commencé à nommer des arminiens à des postes élevés au sein de l’Église d’Angleterre.
Les théologiens puritains ne ménageaient pas leurs critiques à l’égard de l’arminianisme. Cependant, l’archevêque William Laud, préféré par Charles Ier, cherchait à promouvoir cette doctrine ainsi qu’à mettre en avant les aspects cérémoniels du culte public qui répugnaient tant les puritains. Des mesures draconiennes ont été adoptées afin que tous se conforment au Livre de prières publiques, mais aussi pour punir les dissidents ou les réduire au silence. Lorsqu’il a tenté d’imposer la liturgie d’Angleterre à l’Église d’Écosse, Charles ier a fini par aliéner les presbytériens écossais. Ces derniers se sont unis aux puritains anglais dans leur détermination à résister à cette tyrannie. Il en a résulté une guerre civile en Angleterre et en Écosse, où s’opposaient les forces royalistes et l’armée du Parlement, commandée par Oliver Cromwell, souvent salué comme le plus grand Anglais de son siècle. En 1649, Charles ier a perdu son trône et la vie. Pendant un temps, les puritains semblaient avoir triomphé. Le point culminant de leur mouvement a été l’Assemblée de Westminster, qui s’est réunie de 1643 à 1652.
Cependant, avant 1662, le vent avait tourné et la monarchie avait été restaurée. Sous Charles II, de nouvelles mesures ont été appliquées pour imposer la conformité et écraser la dissidence. Deux mille pasteurs puritains ont perdu le droit de prêcher dans l’Église d’Angleterre. Ils ont été traqués et réprimés par les autorités, puis emprisonnés comme des criminels. Pendant des décennies, en Écosse, la royauté a lutté contre les presbytériens qui s’étaient engagés à maintenir la foi, le culte et l’ordre réformés de leur Église nationale, et ce jusqu’à la mort.
Bien que le puritanisme anglais ait disparu à la fin du xviie siècle, il a eu un profond impact sur les covenantaires écossais, la deuxième Réforme hollandaise, le puritanisme de la Nouvelle-Angleterre et le piétisme allemand. Cet héritage s’est transmis jusqu’à nous grâce à la remarquable résurgence de la littérature puritaine des cinquante dernières années. On compte environ huit cents volumes réimprimés.
Cet article est tiré du livre : ABC de l’histoire de l’Église de Sinclair Ferguson, Joel Beeke, et Michael Haykin