Écoutons attentivement (David Powlison)
Paul a écrit que « le solide fondement posé par Dieu subsiste, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent » (2 Ti 2.19a).
Cette Parole excellente ne changera jamais. Le Seigneur nous connaît. Voilà la réalité la plus importante à notre sujet. Nous lui appartenons. Cette vérité influence profondément notre manière de traverser les épreuves difficiles.
En guise d’introduction, le cantique Quel solide fondement ! nous exhorte à fonder notre vie sur ce principe.
Quel solide fondement le Seigneur a posé
Pour la foi de ses saints, dans sa Parole parfaite !
Que peut-il ajouter qu’il n’a pas déjà dit
À toi qui, en Jésus, ton refuge as trouvé ?
3 observations concernant l’affirmation et la question rhétorique de la première strophe
1- Que peut-il ajouter ?
Considérons d’abord cette question : « Que peut-il ajouter qu’il n’a pas déjà dit ? »
J’ose m’aventurer sur un terrain glissant. Je ne sais pas de quelle manière vous lisez la Bible, mais je sais que plusieurs personnes déplorent que Dieu n’ait pas donné plus de détails sur certains sujets. Comment Satan est-il devenu méchant ? Pourquoi le livre des Chroniques ajoute-t-il des zéros aux nombres inscrits dans les livres de Samuel et des Rois ? Comment se fait-il que Jonas ne soit pas mort d’asphyxie ? Qui a écrit l’Épître aux Hébreux ? Sans parler des problèmes épineux qui divisent et troublent l’Église.
Si seulement le Seigneur avait glissé un verset clé qui nous permette d’établir la chronologie des événements jusqu’au retour de Christ… Un verset qui répondrait aux questions sur la signification et l’application du baptême et de la sainte cène. Un verset qui décrirait la structure et le gouvernement de l’Église et qui enseignerait en même temps le type de musique à jouer lors de l’adoration. Un verset qui expliquerait la compatibilité entre la souveraineté de Dieu et la responsabilité humaine. Un verset qui nous ferait comprendre la manière dont le Saint-Esprit entend ou n’entend pas démontrer sa puissance.
Si seulement nous avions un seul verset de plus sur les dix points de discorde les plus délicats… Imaginons les précieuses informations que nous aurions pu obtenir sur les sujets difficiles avec un seul paragraphe ou un seul chapitre additionnel ! Quoi qu’il en soit, personne ne sait pourquoi le Dieu souverain a choisi d’agir ainsi.
La Parole de Dieu répond à toutes les questions existentielles importantes
La vraie question est de savoir ce que nous cherchons dans nos lectures et notre écoute. Que peut-il ajouter qu’il n’a pas déjà dit sur les questions essentielles, les questions de vie ou de mort ? À qui confions-nous notre vie ? Que va-t-il nous arriver ? Avons-nous été trahis par une personne en qui nous avions confiance ? Sommes-nous atteints d’un cancer agressif et incurable ou d’une maladie dégénérative ? Ou que faire de ce péché persistant ? Les Écritures traitent de ces sujets. La Parole de Dieu répond à toutes les questions existentielles importantes : le sens ou le désespoir de la mort, le but ou la futilité de la vie, le bien ou le mal, l’amour ou la haine, la confiance ou la crainte, la vérité ou le mensonge. La compassion peut-elle affranchir du dédale du péché ? La justice peut-elle détacher les liens de l’oppression ? Qu’en est-il du caractère de Dieu ? de la dynamique du cœur humain ? du sens de la souffrance ? Qu’est-ce que le Seigneur peut ajouter qu’il n’a pas déjà dit ? Écoutons attentivement… Il a déjà tout dit.
2- Ses saints
Considérons ensuite le nom employé dans la première strophe pour nous décrire. Nous sommes les « saints » du Seigneur. Par ce seul mot, Dieu déclare : « Vous êtes à moi. Vous m’appartenez. » Il connaît les siens. Dans l’usage populaire, le sens du mot « saint » a été altéré pour décrire des exploits spirituels d’individus extraordinaires. Toutefois, dans la Bible, livre où Dieu définit la sainteté, le terme s’applique à des individus ordinaires qui appartiennent à un Sauveur et Seigneur extraordinaire.
Notre Rédempteur accomplit tous les exploits
Dans le meilleur des cas – mais notre nature pécheresse prend souvent le dessus ou nous trébuchons en chemin –, « nous avons fait ce que nous devions faire » (Lu 17.10). Dieu nous appelle « saints » pour indiquer à qui nous appartenons, et non pour encenser l’individu qui accomplit plus que son devoir. Ce nom n’évoque pas un insigne honorifique, mais constitue plutôt notre formulaire d’engagement et notre numéro de matricule. Une fois que Dieu a inscrit son nom sur nous, le caractère qualitatif de la souffrance change. La douleur, les séparations et la faiblesse ne représentent plus la fin du monde et la fin de nos espoirs. Puisque Dieu nous appelle ses « élus […] saints et bien-aimés » (Col 3.12), nous habiterons dans sa maison pour toujours. Cette vérité libératrice nous incite à consacrer toute notre énergie à ressembler de plus en plus à notre Père et à aider de mieux en mieux notre prochain. Notre espérance deviendra une réalité qui surpassera nos rêves les plus fous.
Pour celui qui ne fait pas partie de ses saints, les frustrations et les déceptions d’hier, d’aujourd’hui et de demain laissent présager la fin des aspirations, des buts et des trésors les plus précieux. Tout ce qui a été important à ses yeux disparaîtra avec lui (Pr 10.28). Ses craintes deviennent réalité, et pas seulement à cause d’un vague jugement à venir. Ce n’est que la logique évidente de la mort. Cependant, en recevant la vie et l’amour de Jésus-Christ, les souffrances et les privations deviennent le contexte même au sein duquel la véritable espérance s’éveille et s’affermit. Dieu nous donne un héritage impérissable. Nos espoirs deviennent réalité. C’est tout simplement la logique évidente du fait que Jésus est vivant. La foi chrétienne n’est pas un saut dans le noir. C’est plutôt l’incrédule qui s’élance dans le noir ; il joue sa vie sur le fait que Jésus n’est pas réellement vivant. Le chrétien, quant à lui, marche sur un sentier où l’éclat de la lumière resplendissante va croissant jusqu’au milieu du jour (Pr 4.18).
3- Un refuge
Enfin, cette strophe révèle une autre vérité importante à notre sujet. Nous avons trouvé refuge dans le Seigneur ; nous sommes des « réfugiés ». Nous avons fui pour sauver notre vie et avons trouvé secours et protection en Jésus.
En septembre 2005, des centaines de milliers de personnes vivant en Louisiane, au Mississippi et en Alabama ont été déplacées à la suite du passage de l’ouragan Katrina. Plusieurs ont fui les mains vides ; ils ont tout perdu. Ils étaient vulnérables. Ils avaient besoin de nourriture, de logement, de soins médicaux, de vêtements, d’argent, de protection policière, d’un nouveau départ. Or, un fonctionnaire a causé tout un tumulte en appelant les évacués des « réfugiés ». On a jugé que le terme était humiliant, car il évoquait les conditions dégradantes des camps de réfugiés où vivent ceux qui ont fui les génocides en Bosnie ou au Soudan.
Jésus : notre seul véritable refuge
Nous, au contraire, nous sommes des réfugiés heureux. Si ce terme a une connotation honteuse pour certains, il devient une confirmation de gloire et d’espérance pour ceux qui sont en Jésus-Christ. Nous sommes des réfugiés, des migrants, des sans-abri, des déplacés, de pauvres voyageurs, des étrangers perdus en quête de notre véritable patrie. La Bible renverse un grand nombre des liens typiques populaires dans la société. Les termes qui évoquent l’impuissance et la honte – comme « esclave », « pauvre », « crucifié », « faible » ou « réfugié » – deviennent des symboles de joie. Ceux qui fuient un désastre n’ont plus d’abri sûr ; ils sont vulnérables et dépendent complètement de la générosité publique. Or, nous avons trouvé en Jésus tout ce dont nous avions besoin, et même au-delà de ce que nous espérions. Il est le seul véritable refuge.
Quel est le contraire d’être réfugié ? On entend partout ce message : crois en toi. Fais preuve d’assurance, d’autonomie et d’affirmation de soi. Sois indépendant. Affirme-toi. Tu as le droit de revendiquer tes opinions et de dire ce que tu penses et ce que tu ressens. Tu es libre de faire et d’être ce que tu veux. C’est le rêve propagé par la culture, mais c’est également une illusion. Il reprend point par point la description de ce que le livre des Proverbes appelle un « insensé ». Et vivre en insensé est catastrophique.
Toutefois, le demandeur d’asile, lui, vit réellement. En général, la vie d’un réfugié ou d’un migrant est désagréable. Le fait de se confier en l’Éternel de tout son cœur (Pr 3.5) semble-t-il plus agréable ? Le sentiment de dépendance apporte-t-il la sécurité, la quiétude, la protection et le réconfort ? Parfois. Le Psaume 131 décrit un enfant qui se repose en sécurité dans les bras de sa mère. Or, même la paix évoquée dans ce psaume n’est venue qu’après une lutte intérieure intense. Dans la plupart des Psaumes, la foi suppose que l’on place sa confiance en une autre personne dans des situations risquées et dangereuses.
Nous sommes en sécurité avec notre Père
Avoir besoin d’aide est troublant. On ne se sent pas forcément à l’aise et heureux de dépendre d’un autre, même si l’issue mène à la sérénité et au bonheur. Nous devons nous décharger de tous nos soucis sur Dieu, qui prend soin de nous, car nous sommes faibles en nous-mêmes (1 Pi 5.7). Nos soucis nous dépassent. Nous subissons de la pression, nous sommes vulnérables et nous le savons bien. Nous portons des fardeaux insupportables dont nous ne pouvons être soulagés. La vie est difficile. Nous nous sentons écrasés, accablés, menacés par tant de préoccupations. Nous venons comme des réfugiés avec nos soucis, sans nous vanter d’aucune prouesse, et notre Père s’occupe de nous. Il est puissant et bon. Nous voici enfin en sécurité ! Nous nous reposons paisiblement en lui.
Cet article est tiré du livre : La grâce de Dieu dans la souffrance de David Powlison