Et la « psychologie chrétienne » ? (John MacArthur)

La « psychologie chrétienne », comme on l’appelle aujourd’hui, est un oxymore. Le mot « psychologie » employé dans cette expression ne désigne plus l’étude de l’âme, mais un cocktail de diverses thérapies et théories fondamentalement humanistes. Il est impossible de réussir à concilier la vérité chrétienne avec les présupposés et l’essentiel de la doctrine de la psychologie1. De plus, en imprégnant de psychologie l’enseignement de l’Église, on a brouillé la frontière entre la modification de comportements et la sanctification.

Seule la sanctification spirituelle conduit à la plénitude. Allons-nous bêtement nous détourner du merveilleux conseiller, de la source d’eau vive, au profit de la sagesse sensuelle de cette terre et de l’eau stagnante du behaviorisme ?

Notre Seigneur Jésus a réagi à la perfection et avec sainteté face à chaque tentation, épreuve ou traumatisme de la vie – et jamais aucun être humain n’en subira d’aussi graves. Par conséquent, c’est en imitant Christ que nous obtiendrons la pleine victoire sur tous les problèmes de la vie. Aucun « médecin de l’âme » ne peut amener une personne à une maturité spirituelle supérieure à la sienne. La qualification suprême pour toute cure d’âme consiste donc à ressembler à Christ.

La cure d’âme par les choses profondes de la Parole

Le véritable conseiller chrétien doit faire la cure d’âme dans le domaine des choses profondes de la Parole et de l’Esprit. Pas en s’amusant à modifier superficiellement des comportements. Pourquoi les chrétiens choisiraient-ils une modification de comportement alors qu’ils ont tous les outils pour une transformation spirituelle ? C’est un peu comme si un chirurgien délaissait son scalpel et faisait des ravages en se servant d’un couteau à beurre. Le conseiller le plus compétent est celui qui applique les ressources spirituelles divines à la sanctification. Il le fait fidèlement, avec la plus grande attention et dans la prière. Il est en train de façonner l’autre à l’image de Jésus-Christ.

La vie de l’Église n’a peut-être jamais été aussi sérieusement menacée que par cette ruée vers les doctrines de la psychologie séculière. Cette accumulation d’idées tout humaines provient de Satan. Il les a placées dans l’Église comme si elles étaient de puissantes vérités de Dieu qui changent les vies. La plupart des psychologues incarnent le néognosticisme : ils prétendent connaître les secrets qui résoudront les problèmes fondamentaux des gens. De nombreux psychologues appellent leurs techniques « conseil chrétien ». En réalité, la plupart font simplement référence à la théorie profane et l’appliquent aux problèmes spirituels en y accolant des références bibliques2.

Hélas, cette pensée influence la plupart des théories de la relation d’aide en cours dans le monde évangélique d’aujourd’hui. Elle pousse malheureusement des pasteurs, des biblistes, des enseignants de la Bible et des chrétiens bienveillants qui utilisent la Parole de Dieu à se sentir incompétents pour conseiller les gens.

Cette opinion se retrouve souvent au cœur de l’enseignement de certains manuels parmi les plus lus sur la relation d’aide chrétienne. Un best-seller affirme que les conseillers chrétiens qui croient que la Bible suffit pour nous guider dans ce domaine sont souvent coupables d’une « absence de réflexion et d’une compréhension simpliste de la vie et de ses problèmes3 ». Ceux qui tentent de limiter leurs conseils aux questions traitées par la Bible sont alors méprisés. Ils sont considérés comme des conseillers naïfs, superficiels et totalement insatisfaisants.

La lecture et la prière, souvent négligées

Les ouvrages de psychologie chrétienne dénigrent souvent la lecture de la Bible et la prière. Ils les considèrent comme des réponses toutes faites ou des solutions incomplètes pour une personne qui souffre de dépression ou d’angoisse. Traditionnellement, les conseillers chrétiens recommandent aux gens la Bible, le Saint-Esprit, le Christ, la prière et la grâce. Mais désormais, selon la psychologie chrétienne, aucune de ces solutions ne soigne vraiment les malheurs des gens.

En fait, beaucoup voudraient nous faire croire que la psychologie laïque aide mieux qu’un conseiller muni de ses seules armes spirituelles : L’Église « promeut des adaptations superficielles tandis que les psychothérapeutes, avec ou sans fondements bibliques, […] font un meilleur travail que l’Église pour restaurer les personnes en difficulté et les aider à retrouver un meilleur fonctionnement4 ». Plus loin, ce même auteur ajoute :

Les gens du monde semblent mieux affronter en toute honnêteté la complexité inquiétante de la vie tandis que les chrétiens récitent des clichés qui ne prennent pas en compte les véritables questions relatives au cœur. Par conséquent, les non-croyants aident souvent mieux que les chrétiens les personnes qui souffrent de problèmes émotionnels5

1. Bobgan, PsychoHeresy, op. cit., p. 5-6.
2. Voir les commentaires d’un psychologue cités dans Bobgan, PsychoHeresy, op. cit. : « Il n’existe pas actuellement de psychologie chrétienne acceptable qui diffère nettement de la psychologie non chrétienne. Il est difficile de supposer que notre manière d’exercer soit foncièrement différente de celle de nos collègues non chrétiens » (p. 5-6, trad. libre).
3. Larry Crabb, Understanding People [Se comprendre et comprendre les autres], trad. libre, Grand Rapids, Zondervan, 1987, p. 54-58.
4. Ibid., trad. libre, p. 129.
5. Ibid., trad. libre, p. 211.


Cet article est tiré du livre : Introduction au counseling biblique de John MacArthur.