Les enjeux sont élevés
La sagesse ne vient pas automatiquement avec les années. On trouve des vieillards insensés un peu partout. Comme le déclare Élihu dans le livre de Job : « Dans l’homme, c’est l’Esprit, le souffle du Tout-Puissant qui donne la capacité de comprendre. Ce n’est pas le grand nombre d’années qui procure la sagesse, ce n’est pas la vieillesse qui permet de discerner ce qui est juste » (Job 32 : 8-9). Il est vrai que pour de nombreux chrétiens d’un certain âge, les cheveux gris vont de pair avec une réflexion fine. Mais pour d’autres, beaucoup d’autres, le grand nombre d’années ne renforce que davantage leur obstination, leur irritabilité et leur manière insouciante de penser et d’agir. Avec l’âge, on gagne forcément en expérience de vie, mais sans stratégie à long terme en matière de réceptivité et d’intentionnalité, les nombreuses expériences vécues génèrent plus de confusion que de clarté.
Pour les chrétiens en particulier, l’enjeu est plus élevé quand il s’agit de développer une sainte curiosité et l’état d’esprit de quelqu’un de déterminé à apprendre jusqu’à la fin de sa vie. L’enseignement et l’apprentissage sont au cœur de notre foi.
Être un « disciple » veut littéralement dire être un « apprenti ». Notre Maître est le parfait enseignant, et la tâche centrale de ses « sous-bergers » dans l’Église locale est l’enseignement (Matthieu 28 : 20 ; 1 Timothée 3 : 2 ; 5 : 17 ; Tite 1 : 9 ; Hébreux 13 : 7). Dieu a conçu l’Église comme une communauté de gens prêts à apprendre toute leur vie sous la direction terrestre de responsables qui ont un cœur d’enseignant.
La foi chrétienne n’est pas un cursus d’étude achevé à notre entrée dans la vie d’adulte. Nous ne devrions pas partir du principe que nous devons d’abord apprendre pour ensuite passer le reste de notre vie à puiser dans cette réserve de connaissances. Au contraire, une bonne santé continue dans la vie du chrétien est intimement liée à un apprentissage permanent.
Apprendre jusqu’au retour de Jésus – et au-delà
Beaucoup d’entre nous ont pu un jour se sentir réconfortés en lisant Philippiens 1 : 6 : « Celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu’à son terme… » Mais la phrase ne s’arrête pas là. Oui, il nous promet de terminer l’œuvre qu’il a commencée en nous, mais suit une révélation sur le temps de Dieu qui donne à réfléchir : «… au jour de Jésus-Christ ». Notre cycle d’instruction ne se termine ni aujourd’hui ni demain.
Nous avons devant nous une vie entière d’apprentissage, dans l’attente du retour de Jésus ! Et même au ciel, et plus tard dans la nouvelle création, nous ne devons pas nous attendre à avoir fini d’apprendre. En notre Bienaimé, nous avons droit à une telle abondance de bénédictions que Dieu nous montrera « dans les temps à venir l’infinie richesse de sa grâce par la bonté qu’il a manifestée envers nous en Jésus-Christ » (Éphésiens 2 : 7). Nous ne les recevons pas toutes en même temps, mais nous aurons pour toujours de nouvelles grâces à recevoir, de nouvelles révélations à découvrir, de nouvelles choses à apprendre au sujet de notre Seigneur. Cette promesse de progression ne concerne pas seulement notre vie terrestre, mais toute l’éternité.
Centré sur la Parole
Ainsi, nous sommes des apprentis perpétuels. Et cela soulève deux questions importantes dans ce court chapitre : quoi et comment ? Tout d’abord, dans quel cadre s’inscrit cet apprentissage sans fin ? Y a-t-il un programme particulier, une priorité ou des principes d’organisation à suivre à mesure que nous apprenons et grandissons ? Et puis, comment sommes-nous censés mettre en pratique un tel apprentissage sur toute une vie ? Gardez la Parole comme point de mire Il existe effectivement quelque chose que nous découvrons en entrant dans la vie chrétienne, et que nous continuons à explorer et approfondir tout au long de notre vie : c’est la « Parole » ou le « message » concernant Jésus, la Parole incarnée de Dieu. Pour le formuler en termes plus simples, le point central de notre parcours d’apprentissage est la personne de Jésus-Christ et son œuvre. Toutes choses sont en lui, par lui et pour lui (Colossiens 1 : 16-17).
Quand nous disons « apprentissage », nous ne parlons pas d’intégrer de simples faits, des informations ou des connaissances intellectuelles. Il y a cela, bien sûr, mais aussi tellement plus. Nous n’apprenons pas que des faits : nous découvrons un visage. Nous n’apprenons pas que des principes : nous rencontrons une personne. Nous sommes des apprenants à vie, à travers notre relation à Jésus, tandis que nous entendons sa voix par sa Parole, qu’il nous écoute par la prière et que nous vivons la communion fraternelle par son corps. Tout cela par la puissance de son Saint-Esprit.
Nous apprenons tout au long de notre vie en relation avec Jésus, en écoutant sa voix dans sa parole, en étant à son écoute dans la prière et en partageant la communauté avec son corps, le tout par la puissance de son Esprit.
L’une des meilleures manières d’en savoir plus sur lui, c’est d’en apprendre plus sur son œuvre en notre faveur. Nous sommes non seulement « enracinés et fondés » dans l’amour que Christ nous a manifesté à la croix, mais nous persévérons « pour être capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ, et de connaître cet amour qui surpasse toute connaissance, afin que [nous soyons] remplis de toute la plénitude de Dieu » (Éphésiens 3 : 17-19).
Le cœur d’un apprentissage constant qui soit réellement chrétien ne consiste pas à simplement creuser en profondeur dans le réservoir apparemment inépuisable d’informations disponibles sur le monde, le genre humain et son histoire. Il s’agit plutôt de se plonger dans le flot infini de l’amour de Jésus, et de tout évaluer à l’étalon de ses incommensurables largeur, longueur, profondeur et hauteur. Le cœur d’une vie d’apprentissage c’est de connaître Dieu lui-même par Jésus, et de trouver notre plaisir en lui, au travers de la bonne nouvelle de l’Évangile et des paroles de l’Écriture : entendre, lire, étudier, méditer et mémoriser la Bible.
5 principes pour apprendre toute sa vie
Le quoi est donc « la Parole » incarnée, parlée et écrite. Cette Parole est au centre et impacte tous nos apprentissages.
Qu’en est-il du comment ? Pour simplifier, la liste des pratiques particulières à mettre en œuvre pour être des apprentis à vie est aussi longue que toute votre imagination. Voici cinq suggestions très générales pour vous aider à mettre en place des habitudes d’apprentissage pour la vie.
1. Variez vos sources d’apprentissage
Apprenez de vos conversations personnelles, lisez des livres, prenez des cours, regardez des vidéos et écoutez des enregistrements audio (souvent méconnus). Diversifiez vos sources d’enseignement.
- Les livres ont l’avantage d’être accessibles en tout temps et en tout lieu. Vous pouvez les lire à votre rythme, où et quand vous voulez, et les relire si besoin est.
- Les cours vous donnent la possibilité d’apprendre avec d’autres. Vous profitez de leurs questions et vous êtes obligés de vous concentrer sur certains sujets, dans un horaire délimité, pendant une certaine période.
- Les vidéos d’enseignement permettent une grande flexibilité puisque vous pouvez les visionner quand vous le souhaitez. Souvent, elles vous font profiter aussi de supports intéressants (diagrammes, tableaux, langage gestuel, expressions de visage du présentateur, …).
- Écouter des enregistrements audio permet de faire plusieurs choses en même temps (conduite, sport, ménage…). Notre imagination est stimulée différemment que lorsque nous regardons une vidéo puisque nous devons imaginer l’enseignant et son environnement.
2. Trouvez des moments favorables et rachetez le temps.
Si vous travaillez à temps plein et que vous avez de jeunes enfants à la maison, il est souvent compliqué de dégager du temps pour faire un travail écrit, s’engager dans un cours du soir hebdomadaire, ou même de suivre un cours en ligne. Mais ce que vous pouvez faire cependant, c’est de vous aménager, ici et là, de petits moments d’apprentissage.
Peut-être cinq ou dix minutes de lecture au moment du coucher, ou quelques minutes de plus à méditer la Parole le matin. Vous pouvez écouter un court podcast en vous brossant les dents, dans la voiture ou en faisant les courses1 . Vous pourriez aussi vous fixer comme objectif de lire un ou deux articles en ligne sur de bons sites tels que TGC Évangile21.
3. Soyez vigilant pendant vos temps d’oisiveté
Il y a un temps pour mettre son cerveau au repos… un temps pour regarder du sport, pour la télé, la musique pop, les films. Mais celui qui est déterminé à apprendre toute sa vie s’assurera que tous ses temps libres ne sont pas vampirisés par des loisirs abêtissants. On peut assister à des matchs ou regarder la télévision pour la gloire de Dieu dans l’intention d’apprendre. Les journaux télévisés, les reportages historiques, les bons documentaires peuvent représenter quelques pistes intéressantes.
L’apprentissage tout au long de la vie signifie développer, avec le temps, une résistance à la paresse chronique dans tous ces moments où nous n’avons pas envie de faire quoi que ce soit. Au contraire, nous apprenons à transformer certains de ces moments (voire la plupart d’entre eux) en opportunité de croissance. Ça peut paraître peu de choses sur le moment, mais être d’un gain considérable à long terme.
4. Adaptez-vous aux nouveaux médias
Une grande bibliothèque personnelle remplie de livres aux pages usées et crayonnées était auparavant la marque de l’apprenant de toute une vie. Puis, se sont ajoutés aux étagères de livres des piles de journaux, des coupures de magazine, des caisses de cassettes audio, et plus tard, des CD. Aujourd’hui, on peut transporter une bibliothèque tout entière dans une tablette ou un ordinateur portable, et les MP3 auparavant stockés sur des disques durs sont maintenant disponibles en ligne grâce à un wifi quasi omniprésent.
Les podcasts sont devenus des canaux incontournables pour tous les grands curieux, et demain, nous verrons de nouvelles technologies encore plus performantes. De plus en plus de vidéos et de cours en ligne sont disponibles gratuitement. Et puis il y a les réseaux sociaux. Les personnes que vous suivez – enseignants, artistes, athlètes, amis – et ce que vous diffusez sur ces réseaux en disent long sur votre désir de simplement tuer le temps ou sur celui d’être en apprentissage permanent.
5. Adoptez une identité d’apprenant
Enfin, étant donné l’importance de l’enseignement régulier et de l’apprentissage incessant pour une vie chrétienne saine, commencez à vous considérer comme un apprenant. Luttez contre cette pensée qui limite l’apprentissage aux bancs de l’école, essentiel pendant l’enfance et l’adolescence, mais inutile à l’âge adulte. Résistez à l’envie de dilapider tout votre temps libre en divertissements inutiles. Acceptez votre finitude et la glorieuse infinité de Dieu, et préparez-vous à apprendre en permanence, avec joie, et non comme un fardeau à porter. Acceptez cette réalité : en tant que créatures, nous ne serons jamais « arrivés », pas même dans la nouvelle création.
Soyez déterminé à apprendre toute votre vie !
Cet article est adapté du livre : « La grâce au quotidien » de David Mathis
