Plusieurs versets au milieu du chapitre 4 de 2 Corinthiens sont consacrés à l’une des puissantes convictions qui ont permis à Paul de demeurer fidèle : il connaissait l’utilité de la souffrance. Il était semblable à un vase d’argile brutalement malmené qui n’a jamais gagné de concours de popularité.
Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus ; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous, et la vie agit en vous (2 Co 4.8-12).
Quatre contrastes apparaissent dans les versets 8 et 9. Ils parlent tous de la détermination de Paul à persévérer. « Pressés […], mais non réduits à l’extrémité. » « Dans la détresse, mais non dans le désespoir. » « Persécutés, mais non abandonnés. » Et « abattus, mais non perdus. » Les versets 10 à 12 exposent un cinquième contraste : la mort et la vie. En tout cela, Paul dit aux Corinthiens : le fruit de ma souffrance vous est profitable.
Les avantages de la souffrance
Au chapitre 12, Paul explique en détail les avantages de sa souffrance. Il mentionne d’abord l’inestimable privilège qu’il a eu d’être emporté au ciel : « si ce fut dans son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait » (2 Co 12.3). Autrement dit, cette expérience avait été si réelle et si saisissante qu’il ne sût pas s’il avait été littéralement transporté au ciel, ou s’il s’agissait d’une vision.
Quoi qu’il en soit, ce fut une expérience absolument unique. D’ailleurs, Paul n’en dit que très peu de choses ; il ne donne aucune description de ce qu’il a vu au ciel. Il dit plutôt ceci : « Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir » (v. 7). Il mentionne deux fois (au début et à la fin de la phrase) que cela avait pour but de le garder humble.
Une écharde dans la chair
Il utilise pour « écharde » un mot qui signifie quelque chose de plus gros qu’une éclisse de bois. C’est le mot qu’on utiliserait pour un pieu ou un piquet de tente. Ce n’est pas une épine provenant d’un rosier, mais plutôt une sorte de pointe de bois enfoncée dans sa chair. C’est une blessure douloureuse.
Bien sûr, ce n’était pas littéralement un pieu de bois qui le transperçait. Il s’agit d’une métaphore qui fait référence à un problème persistant et très douloureux. Ce n’est pas un simple irritant, mais plutôt quelque chose qui évoque un coup de poignard porté à son âme, où la pointe du couteau serait restée au creux de la lacération. Il en parle comme d’un messager de Satan, ce qui laisse croire qu’il s’agirait d’une personne et non d’un handicap ou d’une maladie.
Peu importe de qui il s’agit, cet être a été un instrument de Satan pour tourmenter Paul. Il pourrait s’agir du faux docteur proéminent qui a dirigé l’attaque contre le caractère de Paul et contre sa réputation à Corinthe. Paul a prié par trois fois le Seigneur de le libérer de cette source d’affliction, mais le Seigneur ne l’a pas fait, parce que cette souffrance gardait le grand apôtre dans l’humilité.
L’humilité à travers la souffrance
À vrai dire, l’une des raisons pour lesquelles le ministère s’accompagne inévitablement de problèmes est que c’est là l’une des principales manières par lesquelles le Seigneur aide ses ouvriers à rester humbles.
Dieu a dit à Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (v. 9). Notre infirmité nous garde dans la dépendance envers la grâce de Dieu, et nos faiblesses mettent en évidence la grâce de Dieu. Jésus a déclaré dans Jean 15.5 : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. »
Quelle fut la réaction de Paul quand il a appris que l’écharde ne lui serait pas enlevée ? Il a déclaré :
« Je me glorifierai donc bien plus volontiers de mes faiblesses, afin que la puissance de Christ repose sur moi. C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ ; car, quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12.9,10).
Nous sommes en présence d’un groupe de faux docteurs dirigés par un chef possédé du démon, qui font tout pour détruire l’Église que Paul a fondée et qu’il aime profondément. Les gens de cette Église sont ses propres enfants spirituels, dont il se soucie profondément et pour qui il éprouve la plus vive affection. Si le péché s’infiltre parmi eux, cela le fait souffrir. S’il y a du trouble dans l’Église, il fait tout ce qu’il peut pour aider. Il demande au Seigneur de le libérer de cette épreuve démoniaque qui lui cause un chagrin constant, et le Seigneur lui dit : Non. Tu dois demeurer humble, et tu dois apprendre que ta force se trouve dans ta faiblesse.
Dieu accomplit son oeuvre au milieu de la souffrance
Tout cet épisode du chapitre 12 clarifie la remarque de Paul dans 2 Corinthiens 4.10, où il se dépeint comme « portant toujours avec [lui] dans [son] corps la mort de Jésus ». Toute la douleur, la souffrance et même la mort qui l’ont assailli provenaient du violent mépris de ses adversaires envers Christ. C’est Christ qu’ils voulaient faire souffrir. Comme il n’était pas là, ils ont déversé leur brutalité sur celui qui le représentait.
Bien qu’ils aient eu l’intention de faire du mal, Dieu a transformé ce mal en bien. Il accomplissait ses desseins bienveillants à travers la souffrance de Paul : « afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps » (v. 10). Paul réitère ce point dans le verset suivant (4.11) : « Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. » Il le répète au verset 12 : « Ainsi la mort agit en nous, et la vie agit en vous. » En d’autres termes, voici comment tout cela fonctionne : je risque ma vie pour Christ. Je subis la persécution. Je suis torturé. Je suis harcelé, ce qui me rend faible. Et de ma faiblesse jaillit la force spirituelle qui vous donne la vie.
L’importance d’accepter la souffrance
Voilà pourquoi les ouvriers doivent accepter la souffrance. Ceux qui n’acceptent pas leur souffrance sont plus à risque d’abandonner le ministère, de tomber gravement avant d’avoir atteint le but, ou même d’abandonner carrément la foi.
Christ, bien sûr, a été traqué par ses ennemis jusqu’à la mort. Paul a suivi ses traces, par obéissance envers son Seigneur. Or, pendant tout ce temps, dans la faiblesse de Paul, Dieu travaillait avec puissance. Le talent, l’intelligence et les habiletés de l’apôtre Paul ne sauraient expliquer l’impact incommensurable de l’œuvre qui a marqué sa vie. Selon sa propre confession, il n’était rien, une personne insignifiante. Le monde entier le méprisait. Il était faible, souffrant, haï par ses adversaires, et abandonné par à peu près tous ses amis. Pourtant, Dieu a utilisé ces faiblesses mêmes pour démontrer la puissance et la perfection de la grâce divine.
Cet article est tiré du livre : Fidèle à son appel de John MacArthur
