Faire l’œuvre d’un évangéliste (Jim Savastio)
C’est le désir de tout berger sincère d’entendre un jour de la bouche du souverain berger : « C’est bien, bon et fidèle serviteur. »
Un serviteur fidèle est celui qui fait la volonté de son Maître. Ainsi, chaque pasteur doit constamment sonder les Écritures afin de trouver la volonté de Dieu pour son ministère. Chaque pasteur doit aussi chercher à tout prix à accomplir la volonté de Dieu en se laissant entièrement diriger par le Saint-Esprit.
Dans les dernières années, l’importance d’exposer et d’appliquer fidèlement les Écritures a été soulignée par de nombreux pasteurs. Par conséquent, une multitude de livres ont été écrits sur les thèmes de la prédication et du leadership pour les bergers qui, selon la Parole, devront rendre des comptes à Dieu. Parmi les commandements donnés aux pasteurs, celui de 2 Timothée 4.5, où Paul presse les bergers à « accomplir leur ministère », capte à nouveau l’attention des pasteurs d’aujourd’hui. Ils s’aperçoivent que pour accomplir leur ministère, ils doivent aussi « faire l’œuvre d’un évangéliste ». Quelle est donc cette œuvre et comment doit-elle se manifester dans la vie du pasteur qui cherche à être fidèle à son appel ?
Pour être en mesure de répondre à ces questions, nous devons considérer deux éléments.
Nous devons d’abord nous attarder à la signification du terme « évangéliste », puis nous verrons comment ce terme s’applique au ministère pastoral.
1. La signification du terme « évangéliste »
Le terme « évangéliste » paraît seulement trois fois dans le Nouveau Testament. Il est premièrement utilisé dans Éphésiens 4.11 pour décrire les dons que Christ a donnés pour la prospérité et la croissance de son Église (aux côtés des apôtres, des prophètes, des pasteurs et docteurs). Nous voyons aussi le terme dans Actes 21.8 pour décrire Philippe, qui était un des sept diacres nommés dans Actes 6. Dans ce passage, l’auteur écrit tout simplement que Paul et ses compagnons sont entrés dans la maison de Philippe « l’évangéliste ».
Le troisième et dernier usage du terme « évangéliste » se trouve dans le passage auquel nous nous intéressons, c’est-à-dire 2 Timothée 4.5. Dans ce texte, et tout au long des épîtres qui lui sont reliées (1 Timothée et Tite), le ministère pastoral est un thème prépondérant. Les passages encouragent les pasteurs à fonder leur ministère sur la Parole et la doctrine, à s’adonner à la prière, à établir la vie d’Église, à prendre soin du troupeau qui leur a été confié en plus de s’assurer de prêcher par l’exemple. C’est dans ce contexte que les mots « faire l’œuvre d’un évangéliste » sont utilisés par Paul. Dans la langue originale (grec), le terme « évangéliste » dérive de l’expression « bonne nouvelle ». C’est donc un mot qui a été translitéré, plutôt que traduit. Le terme pourrait être traduit par « porteur de bonnes nouvelles ». Faisons donc l’œuvre d’un porteur de bonnes nouvelles !
Pasteur et évangéliste
À quoi pensons-nous, alors, lorsque nous réfléchissons à la différence entre un pasteur et un évangéliste ? Un évangéliste est généralement considéré comme celui qui travaille à amener les inconvertis à choisir Christ en leur présentant l’Évangile. D’un autre côté, le pasteur cherche à faire grandir les convertis dans les voies de Jésus en leur prêchant toute la Parole de Dieu. L’évangéliste travaille donc de concert avec le pasteur. Cela nous amène à interpréter l’œuvre de l’évangéliste et l’œuvre du pasteur comme un seul et unique rôle qui implique d’être à la fois pêcheur d’hommes et berger d’un troupeau.
2. L’application du rôle d’évangéliste chez le pasteur
De quelle manière un pasteur peut-il revêtir le rôle d’évangéliste au travers de son ministère pastoral, considérant qu’il sera éventuellement redevable devant Dieu ? Paul semble avoir en tête une vision du ministère pastoral qui dépasse les tâches régulières du pasteur. C’est le devoir du croyant de prendre soin de toutes les âmes, de vivre de manière à être une lumière au sein de sa communauté et d’utiliser chaque occasion pour communiquer l’Évangile (pourquoi un pécheur a-t-il besoin d’être sauvé, quelle est la solution pourvue par Dieu pour sauver les pécheurs et comment ce salut forme-t-il la base de la Bonne Nouvelle). Le pasteur, prêchant l’exemple, est donc aussi appelé à faire ce que chaque croyant est appelé à faire.
Cependant, c’est encore plus que cela.
Prêcher l’Évangile et se concentrer sur l’œuvre rédemptrice de Christ
Dans le contexte de 2 Timothée, Paul décrit aussi la difficulté à laquelle Timothée et les autres pasteurs devront faire face lorsqu’ils prêcheront fidèlement les doctrines et les applications bibliques. Paul les avertit que certaines personnes dans l’Église se tourneront vers de faux enseignants. Timothée est toutefois exhorté à faire exactement ce que les gens ont commencé à détester : prêcher fidèlement la vérité et la doctrine de Dieu, puis éviter de diluer les implications de cette vérité. C’est dans ce contexte que Paul écrit :
« Mais toi, sois sobre en toutes choses, supporte les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère » (2 Timothée 4.5)
Nous ne pouvons et nous ne devons en aucun cas comprendre ces mots hors de leur contexte. Le contexte de ce passage concerne le travail pastoral. Un travail qui consiste à aider ceux qui sont en train de dévier de la bonne voie. Un travail qui vise à aider ceux qui luttent avec la vérité et qui sont tentés de s’éloigner. Paul encourage les pasteurs à prêcher l’Évangile et à se concentrer sur l’œuvre rédemptrice de Christ.
Ne permettez pas à l’homme de périr sous l’ombre de votre chaire parce que vous avez assumé qu’ils allaient bien spirituellement en vous fiant uniquement à leur confession de foi, à leur baptême et à leur statut de membre de l’Église locale.
Sonder la conscience des membres
Faites ce qu’un évangéliste fait. Sondez la conscience des membres de votre troupeau à travers la loi de Dieu. Montrez-leur la gravité de leurs péchés. Insistez sur les réalités de l’éternité et guidez-les vers Jésus, en qui ils peuvent trouver leur espérance et leur justice. Charles Spurgeon croyait que même s’il était allé à l’église des centaines de fois alors qu’il était enfant, il n’avait jamais entendu explicitement parler de la manière dont un pécheur était sauvé. Il serait désastreux d’entendre un tel témoignage de la part d’un non-croyant qui écoute régulièrement nos prédications à l’église.
Présenter la vérité du salut
Il y a cependant encore plus à faire. En tant que « porteur de bonnes nouvelles », le pasteur doit présenter régulièrement la vérité du salut tant aux saints qu’aux pécheurs. Il y aura des non-croyants sous votre garde. Ne permettez aucune confusion quant au moyen de satisfaire la justice de Dieu. Il peut même y avoir des responsables dans votre Église qui n’ont pas passé par la conversion. Travaillez à leur salut. Vous devrez aussi rappeler à des croyants que leur espoir est en Christ et non en eux-mêmes. Être fidèle à votre appel dérangera inévitablement les consciences des gens sous votre garde puisque vous mettrez en lumière leurs péchés et leurs échecs.
De quoi la brebis exposée à un ministère qui promeut l’exposition des péchés et la sainteté a-t-elle besoin ? Elle a besoin d’avoir l’assurance que l’œuvre de Christ pourvoit à l’expiation de ses péchés et lui donne la liberté.
La manière dont un pasteur choisit d’exercer son ministère en lien avec ses dons et sa conscience peut faire l’objet de nombreuses discussions entre les hommes de Dieu qui sont dans le ministère pastoral. Combien de temps un pasteur devrait-il prendre pour distribuer des tracts, faire du porte-à-porte, prêcher dans les rues, participer à certaines manifestations, etc. ? Bien que nous puissions débattre de ces questions, nous pouvons avoir la certitude qu’un pasteur qui veut accomplir son ministère doit aimer et connaître la Bonne Nouvelle. Il doit aussi la présenter avec clarté, amour, joie et espoir.