Il ne suffit pas que le chrétien entende parler de son devoir ; il lui faut l’apprendre (Thomas Watson)

Comme la consommation et la préparation du repas sont deux actions différentes, apprendre n’est pas la même chose qu’entendre dire. L’apôtre Paul était un homme d’action. Les chrétiens en général entendent beaucoup de choses mais il est à craindre qu’ils apprennent très peu.

Dans la parabole du semeur, Jésus présente quatre sortes de terrains, mais un seul constitue une bonne terre. Il y a beaucoup d’auditeurs mais peu d’élèves, de gens qui apprennent. Deux attitudes en particulier nous empêchent d’apprendre.

Un manque d’égard pour ce qu’on entend

Christ est la perle de grand prix, mais si nous ne lui accordons que peu de prix, nous n’en apprendrons jamais la valeur ou le bienfait. L’Évangile est un mystère unique : « La bonne nouvelle de la grâce de Dieu » (Actes 20:24). Il est : « L’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Corinthiens 4:4).

Comme en un miroir, la gloire de Dieu resplendit dans l’Évangile. Mais celui qui a appris à mépriser ce mystère n’est pas prédisposé à lui obéir. S’il regarde les choses du ciel comme des denrées communes et donne plus d’importance à la poursuite d’un métier ou à quelque ambition politique, il marche sur la voie spacieuse qui mène à la perdition. Il y a peu de chance qu’il apprenne les choses qui lui procureraient la paix. Qui apprendra ce qu’il pense à peine digne de son attention ? 

L’oubli de ce qu’on entend

Si l’élève lit ses leçons mais les oublie tout aussi rapidement, il n’apprend jamais quoi que ce soit (Jacques 1:25). Aristote parle de la mémoire comme du scribe de l’âme, en raison de la faculté de rétention qu’elle possède, et Bernard de Clairvaux l’appelle l’estomac de l’âme, à cause de sa capacité à transformer la nourriture céleste en force et en fermeté pour le caractère spirituel.

La mémoire de l’homme emmagasine quantité d’informations qui s’avèrent finalement vaines. On dit par exemple que l’empereur Cyrus se rappelait les noms de tous les soldats de son immense armée. Quant à nous, nous nous souvenons des blessures que les autres nous infligent, ce qui équivaut à remplir une armoire de boue.

« Pourtant, disait Jérôme, comme nous sommes prompts à oublier les grandes vérités de Dieu ! » Nous avons tendance à oublier trois choses : nos fautes, nos amis et notre instruction.

Ne soyons pas des tamis

De nombreux chrétiens ressemblent à un tamis. Placez cet instrument dans la rivière et le voilà plein d’eau. Retirez-le, il n’a rien retenu ! Aussi, ces gens se souviennent de quelque chose au moment où ils sont assis à écouter le message mais, tel le tamis qui se vide une fois hors de l’eau, ils oublient tout dès qu’ils sortent de l’église !

Pour vous, dit Christ, écoutez bien ceci (Luc 9:44)

Le texte original dit : « Mettez bien ceci dans vos oreilles », comme un homme enfermerait ses biens dans un coffre pour éviter qu’on les lui dérobe. 

Que la Parole de Christ pénètre bien en vous et ne reste pas seulement à la surface, comme la rosée demeure sur la feuille et ne tarde pas à s’évaporer. Qu’elle ressemble plutôt à la pluie qui détrempe la terre jusqu’à la racine de l’arbre et permet ainsi à celui-ci de porter du fruit. Combien de fois Satan, cet oiseau maléfique, s’empare-t-il de la semence qui est répandue !

Sondez-vous avec tout le sérieux possible. Certains d’entre vous ont entendu beaucoup. Vous avez peut-être vécu quarante, cinquante ou même soixante années sous le son de la trompette de l’Évangile. Qu’avez-vous appris ? Vous avez entendu des milliers de sermons peut-être, mais en avez-vous appris un seul ? Sondez votre conscience.

Vous avez beaucoup entendu dire contre le péché.

Êtes-vous un auditeur oublieux seulement, ou bien plutôt un élève studieux ? 

Combien d’exhortations avez-vous entendues contre la convoitise ? Ce mal sert de racine à l’orgueil, à l’idolâtrie et à la trahison. C’est ce qu’on pourrait appeler un « péché composé », un mal complexe, dans lequel s’enchevêtrent une multitude d’autres péchés. En fait, vous pouvez difficilement rencontrer un seul péché dont la convoitise ne soit pas un ingrédient principal. Pourtant, tel une sangsue, votre cœur continue à crier : « Donne, donne ! »

Combien de paroles avez-vous entendues à l’encontre de la colère enragée ? Cette sorte de frénésie est une ivresse sèche qui se tapit au fond de la poitrine de l’insensé. Pourtant, à la moindre occasion, votre esprit ne s’enflamme-t-il pas encore de ce feu mauvais ?

Combien avez-vous entendu contre le fait de jurer ? Christ donne l’ordre formel :

Je vous dis de ne jurer aucunement (Matthieu 5:34)

Parmi tous les autres péchés, on peut appeler celui-ci l’œuvre stérile des ténèbres.

Le plaisir et le profit, ces couleurs criardes avec lesquelles Satan barbouille le péché, ne l’adoucissent ni ne l’enrichissent. Une interdiction particulière frappe les jurons et les serments illégitimes. Alors que l’homme pécheur décoche ses jurons comme des flèches destinées à percer la gloire de Dieu, celui-ci lui renvoie une pleine « batterie » de malédictions.

Allez-vous manier votre langue comme une raquette pour relancer vos jurons telles des balles de tennis ? Comme les Philistins se jouaient de Samson, vous amuserez-vous de vos jurons, qui finalement vous enseveliront sous les ruines de votre vie ?

Hélas ! Combien de gens apprennent ce qu’est la nature du péché sans pour cela jamais apprendre à l’abandonner ! Celui qui joue avec le péché sait-il de quelle sorte de vipère il s’agit ?

Vous avez aussi beaucoup entendu sur Christ.

Avez-vous appris Christ ? Comme le dit Jérôme, les Juifs portaient Christ dans leur Bible mais non dans leur cœur.

Leur voix est allée par toute la terre (Romains 10:18)

Les prophètes et les apôtres ressemblent à des trompettes dont le son s’est répandu dans le monde entier. Pourtant, multitudes de ceux qui ont entendu leur son n’ont pas appris Christ ; « tous n’ont pas obéi » (v.16).

On peut savoir beaucoup au sujet de Christ, sans jamais avoir appris Christ. Les démons eux-mêmes le connaissaient. On peut prêcher Christ, sans jamais l’avoir appris, à la manière de Judas et des faux apôtres.

On peut professer Christ, sans jamais l’avoir appris. Beaucoup de ceux qui l’ont professé dans le monde le rencontreront un jour comme un ennemi (Matthieu 7 : 22,23).

Qu’est-ce donc qu’apprendre Christ ?

1. C’est lui ressembler, porter les divines caractéristiques de sa sainteté gravées sur notre cœur :

Nous tous qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur (2 Corinthiens 3:18)

Une métamorphose intervient. Le pécheur qui voit l’image de Christ se refléter dans le miroir de l’Évangile se transforme lui-même en cette image. Aucun homme n’a jamais regardé Christ avec des yeux spirituels sans s’en trouver lui-même entièrement changé.

Le vrai croyant est un panorama divin, où toutes les merveilles rares et précieuses de Christ se reflètent et s’exhalent avec force. Cet homme possède le même esprit, le même jugement et la même volonté que Jésus-Christ.

2. C’est croire en lui. « Mon Seigneur et mon Dieu », s’exclama Thomas (Jean 20:28). Il nous faut dépasser le stade de croire Dieu pour croire en lui. C’est alors qu’intervient une application réelle de Christ à nous-mêmes et, en quelque sorte, le recouvrement de notre âme par le remède divin de son sang.

Vous avez entendu beaucoup sur Jésus mais vous n’arrivez cependant pas à vous humilier en une totale dépendance pour dire : « Mon Jésus ! » Ne vous offensez pas de mes propos, mais le diable lui-même peut réciter sa profession de foi tout aussi bien que vous.

3. C’est aimer Dieu. Lorsque nous nous engageons dans les attitudes qui s’accordent avec la Bible, notre vie se met à briller tel un diamant. Elle projette ses mille feux dans l’Église de Dieu et court en quelque sorte en parallèle à celle de Christ. Elle est la transcription de l’original. Ainsi donc, Paul ne se contentait pas d’être un auditeur oublieux mais il était devenu un élève studieux pour avancer dans la vie de la grâce divine.


Cet article est tiré du livre : Le contentement est un don de Dieu de Thomas Watson