Je doute de ma conversion (Pascal Denault)
Une difficulté que l’on rencontre assez souvent chez les croyants qui ont grandi dans une famille chrétienne est le complexe de la conversion. Ce complexe est exacerbé lorsqu’ils entendent le récit d’une conversion dramatique alors qu’ils ne peuvent pas affirmer eux-mêmes à quel moment ils sont devenus chrétiens. Ces croyants se demandent s’ils ont véritablement été convertis ou s’ils croient simplement parce qu’on leur a enseigné la foi depuis leur enfance. Comme ils ne peuvent déterminer une période de leur vie où ils sont clairement passés des ténèbres à la lumière, ils doutent qu’ils soient vraiment dans la lumière et ne savent pas comment s’en assurer. Certains autres ont vécu une expérience de conversion, mais doutent de son authenticité. Ils se rappellent la parabole du semeur où Jésus déclare :
Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie ; mais il n’a pas de racines en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute (Mt 13.20,21).
Ils sont terrorisés à l’idée que ces versets décriraient leur propre état spirituel. Cette autre parole de Jésus les convainc qu’ils ne pourront jamais avoir l’assurance de leur salut : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur ! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux » (Mt 7.21). J’aimerais rappeler quelques vérités à ces personnes.
Premièrement, n’associez pas votre foi à une expérience de conversion.
Les expériences que nous vivons peuvent être bénéfiques pour notre foi, mais elles ne sont pas la norme de la foi. La norme de la foi, c’est l’Écriture sainte. Ce n’est donc pas l’intensité d’une conversion qui détermine son authenticité, mais la Bible. Seule la Bible peut nous indiquer si nous sommes un vrai ou un faux croyant et révéler la nature de notre foi.
Deuxièmement, l’expérience de l’un ne doit pas devenir la norme de l’autre.
La conversion de Paul, aussi glorieuse fût-elle, n’a pas été établie comme étant la norme en matière de conversion. L’Écriture nous présente aussi la conversion de Timothée qui a été silencieuse et remontait jusqu’à l’éducation reçue dans son enfance (2 Ti 3.15).
Troisièmement, ce qui compte ce n’est pas la conversion, mais ce qui s’ensuit.
Je ne dois pas me tourner vers le passé pour savoir si je suis devenu chrétien, mais plutôt considérer le présent pour m’assurer que je suis chrétien aujourd’hui. La seule façon de savoir si je suis né n’est pas de me rappeler ma naissance, mais de constater que je suis bel et bien vivant. Il est possible que j’ignore le jour et même l’année où je fus régénéré ; il est possible d’avoir faussement professé la foi dans le passé, mais ce que je dois chercher ce sont les fruits de la régénération dans ma vie aujourd’hui et le fruit principal est une foi continuelle envers le Fils de Dieu. L’Épître aux Hébreux nous rappelle que la foi actuelle est la meilleure preuve de notre conversion :
« Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement » (Hé 3.14).
L’assurance en question est en fait la confiance envers Christ. Ce qui démontre que nous sommes, en cours de route, devenus participants de Christ, c’est la foi que nous continuons d’exercer envers lui.
Il en va de même de la repentance. Plusieurs s’inquiètent en se demandant : « Étais-je suffisamment sincère lorsque je me suis repenti ? Ai-je réellement haï mon péché lorsque je l’ai confessé à Dieu ? » Cependant, la repentance n’est pas une simple affaire ponctuelle, mais une réalité continuelle dans la vie du chrétien. Voici ce que déclare, à propos de la repentance, la première des 95 thèses de Martin Luther contre la vente des indulgences :
« En disant : Faites pénitence, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût une pénitence. »
Ne vous demandez pas si votre conversion était sincère, demandez-vous si aujourd’hui vous confessez sincèrement votre péché et si vous croyez uniquement en Jésus pour en être sauvés.
Quatrièmement, veillez à ne pas développer la foi dans la foi en vous reposant sur l’assurance que vous croyez en Jésus plutôt qu’en vous reposant sur Jésus même.
Avoir la foi dans la foi, c’est un peu comme l’oeil qui essaie de se voir lui-même pour s’assurer qu’il existe. Nos yeux n’ont pas besoin de se voir eux-mêmes pour être tranquilles, ils n’ont qu’à se porter sur ce qui est visible. De même, nous ne devons pas croire en notre foi pour avoir l’assurance, mais croire en celui qui est l’objet de notre foi : Christ. Ce qui compte avant tout, ce n’est pas de croire à notre propre pardon, mais de croire au Christ qui nous pardonne : de là découlera l’assurance de notre pardon.
Cet article est tiré du livre Le côté obscur de la vie chrétienne par Pascal Denault