« Je n’aurai pas ce dont j’ai besoin » Ce que le vol dit de Dieu et de nous (Dieudonné Tamfu)
Avez-vous déjà lu un message sur les réseaux sociaux et découvert plus tard qu’il avait été utilisé par quelqu’un d’autre sans permission ni crédit ? Ou pire, avez-vous déjà écouté une prédication et découvert plus tard qu’elle avait été volée en ligne ? Hélas, cela m’est arrivé plusieurs fois. Comment peut-on recommander des idées tout en les volant ? Comment peut-on plagier afin de promouvoir la droiture ?
Malheureusement, même les chrétiens confessants volent et trouvent des moyens de justifier le vol, surtout sous ses formes les moins évidentes.
Enfreindre le huitième commandement
La question 142 et sa réponse dans le Catéchisme de Westminster illustre bien les nombreuses et subtiles façons dont nous enfreignons le huitième commandement aujourd’hui :
Q. Quels sont les péchés interdits par le huitième commandement ?
A. Les péchés interdits dans le huitième commandement, outre la négligence des devoirs requis, sont le vol, le vol à main armée et le recel de tout ce qui est volé ; le commerce frauduleux, les faux poids et mesures, la suppression des points de repère, l’injustice et l’infidélité dans les contrats entre hommes ou dans les affaires de confiance ; l’oppression, l’extorsion, l’usure, la corruption, les procès vexatoires, les enclosures et les dépeuplements injustes ; l’accaparement des marchandises pour en augmenter le prix ; les occupations illégales, et toutes les autres manières injustes ou pécheresses de prendre ou de retenir à notre prochain ce qui lui appartient, ou de nous enrichir nous-mêmes ; la convoitise ; le fait d’apprécier et de porter un intérêt démesuré aux biens de ce monde ; les soins et les études malveillants et distrayants consacrés à leur obtention, à leur conservation et à leur utilisation ; envier la prospérité d’autrui, ainsi que l’oisiveté, la prodigalité, le gaspillage dans les jeux, et tous les autres moyens par lesquels nous portons indûment préjudice à nos biens extérieurs, et nous privons nous-mêmes de l’usage et du confort de ce que Dieu nous a donnés.
« Tu ne commettras pas de vol », le huitième commandement adressé au peuple de la première alliance de Dieu, vaut pour le peuple de la nouvelle alliance de Dieu, en un sens, encore plus sérieusement que pour celui de la première alliance. Dieu exècre et interdit le pillage parmi son peuple de l’alliance à toutes les époques. Bien que les gens puissent parfois justifier le vol par des circonstances atténuantes (Proverbes 6.30 ; 30.9), le vol est toujours condamné dans l’Écriture.
Tu ne commettras pas de vol. (Exode 20.15 ; Lévitique 19.11 ; Deutéronome 5.19).
Que celui qui volait cesse de voler. (Éphésiens 4.28)
L’apôtre Paul a averti l’Église que si les voleurs ne se repentent pas, Dieu les privera du plaisir de voler en leur refusant le royaume pour toujours (1 Corinthiens 6.9-10). Les voleurs seront bientôt confrontés à une destruction éternelle imminente, à moins qu’ils ne se repentent.
Le vol nous prive d’une joie réelle et éternelle (Jérémie 2.26). Même si l’Écriture interdit le vol, tout cœur amoureux du monde y sera quand même enclin. Les pécheurs aiment le fruit défendu. La femme représentant la folie dit à juste titre à ceux qu’elle séduit : « L’eau volée est douce et le pain mangé en cachette est agréable. » (Proverbes 9.17) Dans ce contexte, l’eau fait probablement référence à l’intimité sexuelle (Proverbes 5.15). Toucher la femme adultère et contempler la star porno peut sembler plus doux que de célébrer l’intimité sexuelle dans son juste contexte, mais l’Écriture révèle que l’eau douce est mortelle. « Le pain du mensonge est doux à l’homme, mais plus tard sa bouche est comme remplie de gravier » (Proverbes 20.17).
Pourquoi Dieu se soucie du vol
Nous devons poser la question suivante : pourquoi le vol nous tue-t-il et nous condamne-t-il ?
Le vol est contraire au caractère de Dieu, dont nous portons l’image. Notre Dieu est infiniment riche, et pas parce qu’il a volé un autre pour s’enrichir. « Voici, c’est à l’Éternel, ton Dieu, qu’appartiennent le ciel et les cieux des cieux, la terre et tout ce qu’elle contient » (Deutéronome 10.14). Les cieux des cieux lui appartiennent parce qu’il les a créés.
Les porteurs de l’image de Dieu doivent travailler dur, faire un travail honnête, et ensuite refléter davantage leur Créateur en étant généreux avec ce qu’ils gagnent. Dieu crée, possède et partage. Il se soucie du vol parce qu’il se soucie de sa gloire. Lorsque la paresse et l’égoïsme nous poussent à voler, nous perdons l’occasion de partager le caractère juste de Dieu et de le refléter dans le monde.
Paul dit : « Que le voleur ne vole plus, mais qu’il travaille plutôt, en faisant de ses propres mains un travail honnête, afin d’avoir quelque chose à partager avec quiconque est dans le besoin » (Éphésiens 4.28). Le travail peut tuer le pillage. Le travail acharné peut tuer le piratage de ce qui appartient aux autres. Un travail dur et honnête empêche le gain malhonnête. Nous tuons la tentation de voler le conjoint d’un autre en faisant le dur travail de maintenir la romance dans nos mariages (ou, pour les célibataires, en faisant le dur et gratifiant travail de maintenir la pureté pour la gloire de Dieu). Nous vainquons le plagiat en « coupant la main » qui veut copier et coller, en faisant le dur travail de la réflexion et de l’articulation soigneuses, tout en donnant le crédit où il est dû. Nous combattons la malhonnêteté par un effort fidèle, en méditant sur les œuvres merveilleuses de Dieu.
Notre problème relève de notre adoration
Le vol est un problème théologique et doxologique. Notre compréhension et notre admiration de Dieu (ou leur absence) déterminent notre disposition dans la vie. La révérence de Dieu fait la guerre au vol, et le vol révèle nos objets de révérence. Notre mode de vie ne peut être dissocié de notre vision de Dieu.
Nous pouvons savoir que Dieu est le Seigneur de tous et qu’il voit tout, mais lorsque nous volons, nous n’agissons pas comme tel. Aucun d’entre nous ne possède vraiment quoi que ce soit ; les croyants comme les non-croyants ne sont que de simples intendants des biens de Dieu. Une révérence convenable envers Dieu nous empêche de détourner ce qui lui appartient, que ce soit à nous ou à d’autres. Voler un intendant, c’est faire du tort à son Maître.
Le secret présumé du vol méprise l’œil omniscient de Dieu. Aucun péché secret ne lui est caché. Nous pouvons voler furtivement, mais nous n’échappons pas à sa vue (Psaume 90.8). La théologie est destinée à accroître nos connaissances et à changer nos vies. Si nous sommes à l’aise avec le téléchargement illégal de biens ou de services en ligne, en tant que connaisseurs de Dieu, alors la vérité dans notre tête n’est pas encore parvenue jusqu’à notre cœur pour produire la disposition qui déteste le vol et qui valorise Dieu et les autres.
Notre problème relève de notre amour
Quel est le fruit que la connaissance de Dieu est censée produire ? L’amour. Le vol à l’étalage est un problème qui relève de l’amour. Tous les commandements de Dieu, y compris « Tu ne commettras pas de vol », se résument à cette parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Romains 13.8-9) Voler, c’est haïr. Piller, c’est détester, car l’amour ne pille pas.
L’amour est patient, il ne pille pas. L’amour est bon ; il ne fait pas de mal pour obtenir. L’amour n’est pas envieux ; il jouit de la protection du bien du prochain. L’amour ne se vante pas, il ne s’enorgueillit pas de posséder. L’amour n’est pas arrogant, il ne pense pas mériter ce qui appartient aux autres. L’amour est la fin du pillage. L’amour ne vole pas son prochain, ainsi l’amour chrétien est l’accomplissement du huitième commandement (Romains 13.10).
Notre problème relève de notre confiance
Le vol révèle un manque d’amour pour Dieu et pour le prochain, et il révèle également un manque de confiance en Dieu, « qui donne à tous simplement et sans faire de reproche » (Jacques 1.5). Le vol est un mépris flagrant de la générosité de Dieu et de celle des autres. Le vol suppose que Dieu n’est pas un pourvoyeur ; il se débrouille tout seul par manque de confiance dans son pouvoir souverain et sa sollicitude paternelle.
Le vol est encore pire pour nous qu’il ne l’était pour Israël. La croix crie d’une voix si forte et si claire que Dieu est un Dieu généreux. En Christ, Dieu nous a bénis par des bénédictions spirituelles incalculables dans les cieux (Éphésiens 1.3), il nous a promis que nous serons les héritiers du monde (Romains 4.13), et il a scellé ces promesses en tuant son Fils à notre place (2 Corinthiens 1.20 ; Romains 8.32). S’il nous a ainsi bénis et promis de telles richesses indicibles, comment ne pas lui faire confiance pour subvenir à nos besoins quotidiens, temporels, éphémères ?
La confiance dans la générosité de Dieu devrait chasser de notre esprit l’idée de voler. Tuez le vol à genoux, en demandant, en cherchant, en frappant, avec l’assurance que Dieu pourvoira à vos besoins comme il l’entend (Matthieu 7.7-11 ; Philippiens 4.19). Dieu a si richement pourvu pour nous dans la croix de Christ. Il ne vous refusera aucun bien nécessaire si vos projets sont exempts de pillage (Psaume 84.12).
Glorifiez le Dieu généreux
« Tu ne commettras pas de vol » veut dire « Tu imiteras Dieu ». Dieu est généreux. Dieu est un travailleur assidu. Dieu est amour. Satan est le premier voleur, qui a tenté de dérober le trône de Dieu. Le serpent est devenu le maître de ce monde en volant le peuple de Dieu et en l’amenant dans le royaume des ténèbres. Parce que Dieu a maintenant dépouillé le voleur de son pouvoir et nous a délivrés en Christ, nous ne devons pas marcher sur les traces du serpent. Nous devons plutôt imiter celui qui a créé toutes choses avec amour pour notre plaisir et pour sa gloire, et qui promet de partager le monde et son trône avec nous lorsque nous régnerons avec Christ pour toujours.
Alors, que le voleur ne vole plus. Que le plagiaire ne plagie plus. Que le pirate ne pirate plus. Que celui qui télécharge illégalement ne télécharge plus illégalement. Que l’adultère ne vole plus l’épouse d’un autre. Que l’accro à la pornographie ne jouisse plus du corps qu’il n’a pas travaillé à aimer dans le mariage. Travaillez dur, aimez tout, faites entièrement confiance, obéissez de tout cœur et reflétez purement, bien que faiblement, le Dieu généreux que vous révérez.
Cet article est une traduction de l’article anglais « ‘I Won’t Have What I Need’ » du ministère Desiring God par Timothée Davi.