Job et la providence divine (John Piper)
L’une des finalités principales
En attendant le dernier jour, l’une des finalités principales du monde naturel est de confronter l’homme déchu (c’est-à-dire chacun d’entre nous) à un grand nombre de mystères gouvernés par Dieu afin que sa bouche se taise et cesse finalement de blâmer Dieu.
C’est ce que disent les chapitres 38 à 41 du livre de Job, où Dieu s’adresse enfin à celui qui cherche à le prendre en tort (Job 40.8). Que fait donc Dieu pour répondre aux accusations de Job et faire suite aux échecs d’Éliphaz, Bildad et Tsophar à lui fournir des réponses vraies ? Dieu plonge Job dans les mystères du monde naturel :
Où étais-tu quand je fondais la terre ? (Job 38.4.)
Qui a fermé la mer avec des portes ? (Job 38.8.)
Depuis que tu existes, as-tu commandé au matin ? As-tu montré sa place à l’aurore ? (Job 38.17.)
Où est le chemin qui conduit au séjour de la lumière ? Et les ténèbres, où ont-elles leur demeure ? (Job 38.19.)
Es-tu parvenu jusqu’aux amas de neige ? (Job 38.22.)
Détaches-tu les cordages de l’Orion ? (Job 38.31.)
Lances-tu les éclairs ? Partent-ils ? Te disent-ils : Nous voici ? (Job 38.35.)
Apaises-tu la faim des lionceaux ? (Job 38.39, BDS.)
Qui a rompu les liens qui retenaient l’âne sauvage ? (Job 39.5, BDS.)
Serait-ce toi qui donnes la puissance au cheval ? Ou est-ce toi qui pares son cou d’une crinière ? (Job 39.19, BDS.)
Serait-ce grâce à ton intelligence que l’épervier prend son essor ? (Job 38.26, BDS.)
L’ignorance de Job
Peu importe que l’on se concentre sur la terre, sur la mer, sur l’aurore, sur la neige, sur les constellations, sur la proie des lions, sur la naissance des boucs, sur la liberté de l’âne sauvage, sur l’insubordination du bœuf, sur la stupidité de l’autruche, sur la majesté du cheval de bataille ou encore sur le vol du faucon et de l’aigle, le résultat final reste le même : Job est ignorant et impuissant. Il n’a créé aucune de toutes ces choses. Il ignore d’où elles viennent. Il ne voit pas ce qu’elles font. Il méconnaît leur fonctionnement. Il ne sait pas comment les contrôler.
Aussi bien d’en haut que d’en bas, Job est cerné par des mystères de toutes parts. Il en va de même pour nous. La science n’y aura rien changé. Ses avancées au cours des deux derniers siècles sont comme des seaux d’eau de mer remplis à partir de l’océan de la sagesse de Dieu et que nous jetons ensuite dans un trou creusé sur la plage pendant que la marée monte – elles n’impressionnent guère Dieu. Nous devrions être plus conscients de notre ignorance, moins fascinés par la science et plus prompts à nous ébahir des innombrables merveilles et mystères que Dieu gouverne.
Job est mal placé pour juger des compétences de Dieu
L’objectif de Dieu en posant toutes ces questions à Job n’était pas de le punir ou de le rejeter loin de lui. Il s’agissait de le mettre devant son ignorance par rapport à ce qui se passe dans le monde. Et voilà ce que Job a fini par répondre à Dieu :
Je suis trop peu de chose, que te répliquerais-je ?
Je mets donc la main sur la bouche.
J’ai parlé une fois, je ne répondrai plus.
Et j’ai même insisté une deuxième fois, je n’ajouterai rien (Job 40.4,5, BDS).
Job a compris le message de Dieu pour lui : Job, il existe dans le monde des dizaines de millions de choses sur lesquelles tu ne sais rien, mais que moi je connais parfaitement. Tu es une créature finie et pécheresse, sans sagesse pour diriger ce monde et profondément ignorant de ses mécanismes. Et encore, ce n’est qu’un euphémisme. Il est donc présomptueux de ta part de croire que tu peux me prodiguer des conseils sur la façon de diriger ce monde avec plus de justice. Tu peux à peine imaginer tout ce dont il faut décider et tenir compte pour régner sur le monde avec sagesse, justice et miséricorde, pour ma gloire et pour la joie de mon peuple !
Les derniers mots de Job
Les derniers mots de Job reconnaissent l’absoluité de la providence intentionnelle, sage et universelle de Dieu :
Je sais que tu peux tout, et que rien ne peut faire obstacle à tes projets. […] Aussi je me condamne, je regrette mon attitude en m’humiliant sur la poussière et sur la cendre (Job 42.2,6, BDS).
C’est une réponse appropriée pour quiconque parmi nous a déjà placé Dieu sur le banc des accusés et l’a condamné à tort. Mais l’abaissement de Job n’a pas abouti à une vie de misère. Dans le Nouveau Testament, Jacques tire pour nous une leçon de la miséricorde de Dieu et de la joie finale de Job :
Voici, nous disons bienheureux [joyeux] ceux qui ont souffert patiemment. Vous avez entendu parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda, car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion (Ja 5.11).
Plein de miséricorde et de compassion
Dieu a été « plein de miséricorde et de compassion » dans tous ses plans pour son serviteur Job. Ce dernier finit par le voir et découvre la « béatitude » que Dieu réserve au bout du compte à son peuple. Il y a une certaine ironie dans la façon dont Dieu amène Job à cet éveil final. Dans les chapitres 38 à 40 du livre, Dieu évoque le monde de la nature, celui-là même qui a détruit la famille et la santé de Job. Le vent a causé la mort de ses enfants (Job 1.19) et des « ulcères malins » ont failli le rendre fou (Job 2.7).
C’est pourtant ce même monde que Dieu utilise pour réduire au silence la bouche accusatrice de Job et ouvrir ses yeux aux innombrables merveilles qu’il gouverne – des merveilles qui ont conduit Job à la repentance (Job 42.6) et à la béatitude (Job 42.10 ; Ja 5.11). La providence de Dieu sur la nature devrait susciter la même réaction chez nous.
Cet article est tiré du livre : « La providence de Dieu » de John Piper