La Bible et la science (Richard Gaffin)
La position qui remet en question le fait qu’Adam soit le premier être humain dont tous les autres descendent est elle-même discutable dans sa façon d’aborder les Écritures. C’est le cas à au moins deux égards, tous deux ayant des répercussions négatives sur la clarté des Écritures.
Les découvertes scientifiques
Tout d’abord, la priorité est accordée aux découvertes scientifiques, dans le sens où l’on considère qu’elles imposent le rejet et, par conséquent, la réinterprétation de ce qui était considéré jusqu’alors comme un enseignement biblique sûr et fondamental.
À ce propos, ne nous imaginons pas être ici confrontés à un nouveau « cas Galilée », comme on a pu l’entendre dire, une situation dans laquelle les chrétiens doivent rectifier leur façon de penser et accepter les conclusions de la science. De toute évidence, ce qui est remis en cause ici n’est pas une facette de notre compréhension du fonctionnement physique de notre être, de notre environnement, et de l’univers tout entier – compréhension qui peut toujours être révisée et qui change souvent. Il s’agit plutôt des éléments éternels et immuables essentiels à la définition de qui nous sommes en tant qu’êtres humains : ce que signifie être créé à l’image de Dieu et le genre de relation avec lui que cela implique.
Une révélation divine dans la Bible
Assurément, la révélation du salut divin, qui culmine en Christ et a été mise par écrit pour nous de manière suffisante et faisant office d’autorité, ne peut être comprise seule, sans la révélation que Dieu donne de lui-même dans la nature. La création, ce « beau livre » (Confessio Belgica, article 2), et les Écritures sont toutes deux nécessaires pour connaître Dieu et vivre en sa présence, de même que pour connaître les autres et vivre avec eux.
La priorité des Écritures
Toutefois, la relation réciproque qui lie ces deux « livres » et leur étude est asymétrique. Ce n’est pas la nature, mais l’Écriture, qui a toujours la priorité, dans le sens où, dans ses pages, Dieu se révèle « plus manifestement et évidemment » (comme le dit là aussi la Confessio Belgica), en particulier sur les sujets posant les fondements de notre identité en tant qu’être humain et de notre relation avec lui.
Pour reprendre l’illustration de Calvin, l’Écriture fournit les « lunettes » qui permettent aux êtres humains de lire correctement l’ensemble de la réalité créée, y compris eux-mêmes en qualité de porteurs de l’image de Dieu, d’autorévélation de Dieu (Institution de la religion chrétienne, 1.6.1 ; 1.14.1).
En règle générale, par conséquent, les sciences qui étudient la révélation générale doivent toujours s’en remettre à la révélation spéciale écrite. Et quand l’Écriture parle de manière irréfutable sur un sujet, si la science parvient à des conclusions contraires, aussi certaines qu’elles semblent être, elle devrait être prête à les remettre en question. La position qui soutient que nous ne pouvons plus affirmer que l’Écriture enseigne que tous les êtres humains descendent d’Adam a, de fait, inversé cette règle. On fait plier l’Écriture devant la science.
Cet article est tiré du livre : Sans Adam, pas d’Évangile de Richard B. Gaffin Jr