La bonne priorité – Actes 15.36 (John MacArthur)

Quelques jours s’écoulèrent, après lesquels Paul dit à Barnabas: Retournons visiter les frères dans toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont. (Actes 15.36)

Bien que Paul soit le plus grand évangéliste humain que la Terre ait porté, il ne correspond en rien au stéréotype du xxe siècle, selon lequel l’évangéliste est perçu comme une personne qui annonce l’Évangile de ville en ville et qui confie à d’autres le soin de paître ses enfants spirituels.

Au contraire, Paul a tout de l’évangéliste des temps bibliques, car il comprend non seulement la responsabilité qu’il a de proclamer l’Évangile du salut, mais également celle qui lui incombe d’établir des Églises et de conduire les nouveaux convertis à la maturité spirituelle. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’apôtre prévoie faire un deuxième voyage missionnaire dont le parcours sera identique au premier, puisque son objectif est de voir les frères dans toutes les villes où [Barnabas et lui ont] annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont. Certes, Paul comprend parfaitement que la priorité dans l’évangélisation, c’est la formation de disciples, à savoir enseigner aux croyants à observer tout ce que Christ a prescrit (Mt 28.19,20).

L’amour de Paul pour ses enfants

Qu’est-ce qui peut bien pousser Paul, hormis son désir de voir mûrir la foi des croyants, à vouloir rendre à nouveau visite à ceux qui se sont convertis lors de son premier voyage missionnaire ? C’est tout d’abord l’amour qu’il porte à ses enfants spirituels, comme il le révèle dans sa lettre aux Philippiens : « Car Dieu m’est témoin que je vous chéris tous avec la tendresse de Jésus-Christ » (Ph 1.8) et aux Thessaloniciens : « Pour nous, frères, après avoir été quelque temps séparés de vous, de corps mais non de cœur, nous avons eu d’autant plus ardemment le vif désir de vous voir » (1 Th 2.17).

À notre époque, cette importante composante de l’évangélisation brille souvent par son absence, car nous négligeons trop souvent de témoigner suffisamment d’amour à ceux qui ont été conduits à Christ. Résultat : l’évangéliste n’endosse aucune responsabilité les concernant. Paul, par contre, déborde d’amour pour ses enfants spirituels, tel qu’en témoigne sa lettre aux Corinthiens : « Car, même si vous aviez dix mille maîtres en Christ, vous n’auriez cependant pas plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’Évangile » (1 Co 4.15). Bref, Paul se considère comme un père aimant, responsable donc du bien-être spirituel de ses enfants.

Amener les croyants à la maturité

Une seconde raison qui le pousse à vouloir les revoir est son engagement envers la plus efficace de toutes les stratégies d’évangélisation : amener les croyants de l’enfance spirituelle à l’état d’homme fait, capables d’engendrer à leur tour en Christ. Voyons dans l’engagement de Paul à faire croître spirituellement les croyants le reflet de celui de notre Seigneur, qui a consacré la majeure partie de son temps à une poignée d’hommes (douze). Ainsi, Paul est tout à fait conscient d’avoir été donné à l’Église en tant qu’apôtre :

pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ (Ép 4.12,13).

Paul explicite sa philosophie de ministère aux Colossiens : « C’est lui que nous annonçons, exhortant tout homme, et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ » (Col 1.28). De toute évidence, cet évangéliste ne donne aucunement dans « l’instantané ». Au contraire, voici ce qu’il dit de son ministère à Éphèse : « durant trois années, je n’ai cessé nuit et jour d’exhorter avec larmes chacun de vous » (Ac 20.31).

Conclusion

L’œuvre de l’assemblée locale qui aura reçu un bon enseignement, et qui aura atteint la maturité et la force spirituelles, sera beaucoup plus efficace que toute croisade évangélique de masse.


Cet article est tiré du livre : Actes, 13-28 – John MacArthur de John MacArthur